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La pandémie est une barrière pour les gens en détresse, soutient un travailleur social

le vendredi 04 février 2022
Modifié à 15 h 31 min le 04 février 2022
Par Vicky Girard

vgirard@gravitemedia.com

Jean-Frédéric Saumur remarque que l’isolement est un facteur d’idées noires pour certains. (Photo gracieuseté)

L’isolement provoqué par les mesures sanitaires liées à la pandémie depuis près de deux ans est devenu un obstacle plus important pour les gens en détresse ou qui ont des idées noires. C’est ce qu’un travailleur social constate, alors que les équipes sur le terrain continuent leurs efforts pour offrir de l’aide rapidement.

À lire aussi: La santé mentale, ce dommage collatéral de la pandémie 

À l’occasion de la 32e Semaine de prévention du suicide qui se déroule du 30 janvier au 5 février, Jean-Frédéric Saumur ne peut chiffrer le nombre d’appels reçus ou affirmer qu’il y a une augmentation notable. Toutefois, l’Association québécoise de prévention du suicide (AQPS) indique que le nombre de suicides au Québec demeure plutôt stable. 

«Dans le réseau, nous avons une sensibilité accrue. Chaque fois que des mesures ou restrictions sont annoncées, nous observons des vagues de besoins, fait néanmoins savoir M. Saumur. Il y a beaucoup d’accumulation qui se fait sentir.»

Ce dernier est travailleur social dans l’équipe de risque pour le programme de santé mentale et dépendances au Centre intégré de santé et de services sociaux de la Montérégie-Ouest (CISSSMO). Son rôle en CLSC est de traiter les demandes de références en un maximum de deux heures, puis de diriger les personnes en crise au bon endroit en 24 à 48 heures. 

Ces références peuvent provenir des hôpitaux, des lignes d’aide, des centres de prévention du suicide et des services de police, dont celui de Châteauguay et du Roussillon, avec qui le CISSSMO travaille sur un projet pilote à cet effet.  
Présentement, le mot d’ordre est la résilience dans le milieu de la santé mentale, affirme M. Saumur. 

«Tout le stress qu’il y avait avant la pandémie, il est encore là. À cela s’ajoutent des demandes de gens qui, par exemple, ont perdu leur emploi à cause de la COVID-19», partage le travailleur social. 

Il note également que prendre soin de sa santé mentale consiste souvent à poser de petits gestes au quotidien. Le sport et la culture en font partie à son avis, «et c’est ce qui est toujours coupé en premier».

«Des couples et des familles se retrouvent ainsi à passer plus de temps ensemble, sans avoir de moyens pour aucun d’évacuer leur anxiété du quotidien que ce soit au cinéma, au restaurant ou au gym», déplore-t-il. 

À l’inverse, il avance que c’est également ardu pour ceux qui se retrouvent seuls, sans contact humain ou de «filet de sécurité autour d’eux».  

«Prendre un pas de recul et en parler à un proche ou à une ressource, ça peut faire la différence lors d’une période ombragée.» 

-Jean-Frédéric Saumur, travailleur social

Solutions adaptées

Selon M. Saumur, il faut développer l’habitude de tendre la main à ceux pour lesquels on s’inquiète de façon directe ou indirecte. 

«Ça arrive qu’au CLSC, on reçoive une demande de quelqu’un indiquant que son voisin ne sort plus comme avant. On va parfois cogner aux portes et on rejoint les gens dans leur milieu», témoigne-t-il. Certains n’osent pas en parler, même à leurs proches, et ce genre d’action peut faire une différence, selon lui. 

Des conseils sont aussi offerts afin de savoir comment agir dans des situations semblables. 

«C’est confidentiel. Alors ce n’est pas de la délation. On aime mieux avoir plus d’appels et vérifier», dit le travailleur social à ceux qui hésitent. 

Contacter les ressources d’aide permet que chaque cas soit traité adéquatement, estime-t-il. 

«Une idée suicidaire, ce n’est pas permanent. C’est souvent lié à un événement ou un déclencheur précis. Il faut trouver la source pour aider la personne à trouver un levier de changement», détaille M. Saumur. 

Ainsi, pour lui, le thème de la semaine – parler du suicide pour sauver des vies – prend tout son sens, puisqu’une personne qui a ces pensées doit être écoutée et ne pas se sentir jugée, fait part le travailleur social. 

«Il faut ensuite l’accompagner pour trouver les bonnes solutions. C’est différent pour chaque personne», ajoute-t-il. 

Ressources rapides
Jean-Frédéric Saumur rappelle que, même s’il y a une liste d’attente pour avoir de l’aide dans plusieurs cas, les demandes en situation de crise sont traitées de façon urgente et immédiate. 
«Il y a toujours des soins. Les portes de l’hôpital sont ouvertes et quand on parle d’un risque pour la vie de quelqu’un, c’est encore pris très au sérieux au sein des équipes de gestion de crises, même s’il y a une pandémie», exprime-t-il. 

Les endroits à contacter:
-La ligne 1 866-appelle, qui redirige l’appel aux centres de crise au besoin; 
-Les centres de crises comme La maison sous les arbres à Châteauguay (450 699-5935), ainsi que Le tournant à Valleyfield (450 371-4090), ouverts 24 heures sur 24, 7 jours sur 7 et offrant de l’hébergement.