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La zoothérapie brise l’isolement d’aînés

le jeudi 19 décembre 2019
Modifié à 11 h 44 min le 20 juillet 2021
Par Vicky Girard

vgirard@gravitemedia.com

La zoothérapie fait une grande différence dans la vie de résidents qui reçoivent peu ou pas de visites, qui participent moins aux activités ou qui s’ennuient parfois en centre d’hébergement. Au CHSLD La Prairie, des animaux viennent leur tenir compagnie, leur font prendre des marches, les font discuter et brisent leur isolement en les faisant interagir.

Le visage de Cécile Morency s’illumine lorsque le chihuahua Whippet fait son entrée dans sa chambre avec Lauryane Roy, zoothérapeute.

«J’aime beaucoup les animaux. Je le flatte un petit peu, je lui parle un petit peu aussi», dit la résidente.

Dans le cas de cette dernière, qui adore les interactions et les activités au quotidien, il s’agit d’une façon de s’occuper, puisqu’elle est physiquement limitée et qu’il lui arrive de s’ennuyer. Pour un autre résident, qui sort peu de sa chambre, les chiens lui rappellent des souvenirs. Il confie en avoir eu plusieurs dans sa vie avant de vivre dans un centre d’hébergement. Audrey Gélinas, technicienne en loisirs au CHSLD, constate les bienfaits de la zoothérapie.

«Ça aide aussi avec les employés qui donnent les soins, dit-elle. Le chien devient une excuse pour entrer en contact avec le résident pour faire une intervention et favoriser la communication.»

Mme Roy confie pour sa part avoir été touchée par une résidente qui communiquait très peu. Peu à peu, elle s’est confié grâce aux animaux. Depuis, elle participe aux activités et interagit davantage avec le personnel et les résidents du CHSLD.

«Je lui ai raconté que mon chien ne s’entend pas bien avec les autres non plus. Elle s’est identifiée à lui, en quelque sorte», dit-elle.

Lors de la visite du Reflet, cette résidente confectionnait une carte de Noël avec Mme Roy et Whippet afin de rétablir le contact avec son fils, qu’elle ne voit plus. La zoothérapeute laisse également savoir que la «synergie triangulaire», soit la connexion entre elle, le patient et l’animal, est primordiale pour des interventions réussies.

Objectifs

Sur les 124 aînés du CHSLD La Prairie, une dizaine participe à des séances de zoothérapie individuelles avec Whippet, Lucky ou Rusty, les chiens que Mme Roy amène plus fréquemment chaque semaine. Harry, un poney miniature, les visite également à l’occasion. Ce sont des résidents qui en ont besoin, indique Mme Gélinas. Celle-ci les choisit selon des objectifs précis. Elle ajoute que parfois, les séances se font également avec des groupes d’une vingtaine de résidents.

À son avis, la méthode et l’approche de Lauryane Roy est la plus adéquate dans le contexte du centre d’hébergement.

«Anciennement, le zoothérapeute qui venait faisait plus de l’animation en groupe, ce qui était bien aussi, mais les interventions ciblant les résidents font vraiment une plus grande différence», témoigne la technicienne en loisirs.

«Soudainement, ils ont plus d’ouverture envers les autres, ils sont plus joyeux et la communication est plus facile.» -Audrey Gélinas, technicienne en loisirs au CHSLD

Formation

Dans la dernière année, Mme Roy a démarré sa propre entreprise de zoothérapie, Laury & Co, basée à La Prairie. Elle a suivi une formation privée de niveau universitaire d’une durée de 1 250 heures. Les animaux sont eux aussi entraînés pour intervenir. Un éducateur canin est présent à cette fin lors des cours pour devenir zoothérapeute. Ils sont ensuite évalués deux fois par année afin de poursuivre leur carrière.

«Ça prend un chien calme et peu réactif. Il faut être capable de lire les signes de l’animal aussi, c’est très important», précise-t-elle. Les animaux ne peuvent effectuer plus d'environ trois heures d’intervention dans une journée, car «c’est beaucoup d’émotions pour eux», affirme la zoothérapeute.

Elle explique aussi que les animaux peuvent servir à travailler la mémoire, le langage et la mobilité des résidents, notamment en  leur faisant lancer la balle à un chien. La présence de l’animal devient une motivation pour les personnes âgées.

Zoothérapie avec les enfants 

Lauryane Roy visite des centres d’hébergement, mais aussi des élèves. Les séances de zoothérapie y sont différentes. Les animaux peuvent servir à faire des jeux éducatifs et à intervenir concrètement pour des besoins précis. Elle raconte, par exemple, qu’avec un enfant qui refusait de prendre son bain et dont les camarades s’éloignaient, elle a apporté un chien sali de boue. La zoothérapeute et l’enfant ont lavé l’animal ensemble et discuté de la propreté et de l’importance de prendre des bains lors de plusieurs séances.