Sports

L’arbitre, ce souffre-douleur à la couenne dure

le vendredi 10 novembre 2017
Modifié à 8 h 59 min le 10 novembre 2017
Par Joëlle Bergeron

joelle_bergeron@gravitemedia.com

«Une chance que t’es pas majeur, sinon tu veux pas savoir ce que je te ferais.» Cette phrase violente, ce n’est pas un petit bum qui l’a dite à Anthony Néron, 17 ans, mais un entraîneur de hockey mineur qui n’avait pas aimé sa façon d’arbitrer. Le jeune Candiacois raconte cette anecdote dans le documentaire Arbitres du journaliste Mathias Brunet qui aborde le métier le plus ingrat du monde du sport, celui d’arbitre. Outre le témoignage d’Anthony Néron, on y entend également ceux de Stéphane Auger et Ron Fournier, deux anciens arbitres de la Ligue nationale de hockey (LNH). Les animateurs Jean-Charles Lajoie et Mario Langlois donnent aussi leur opinion. Pour ce film d’un peu plus d’une heure, le jeune homme de Candiac qui a maintenant 18 ans a été suivi par l’équipe de tournage durant toute une saison de hockey mineur. À l’époque, il avait deux saisons d’expérience derrière le sifflet. «Ce que je raconte par rapport à l’entraîneur qui m’a menacé à la fin d’une partie, c’est pas mal l’affaire la plus extrême qui me soit arrivée, raconte M. Néron au Journal. Mais quand je discute avec les autres arbitres, ce n’est malheureusement pas un cas isolé.» Une passion Malgré les remontrances que reçoit Anthony Néron de la part des joueurs, entraîneurs et parents durant les matchs, l’ancien gardien de but du Collège Charles-Lemoyne aime arbitrer et souhaite le faire au plus haut niveau possible. «Quand j’ai réalisé que je ne me rendrais pas dans la Ligue nationale comme joueur, j’ai décidé d’essayer l’arbitrage et je suis tombé en amour avec ça», indique celui qui a accroché ses jambières il y a trois ans.
«Comme ancien joueur, je connaissais les règlements, mais arbitrer, c’est pas mal plus complexe qu’on pense. Il n’y a pas un match ou je ne m’obstine pas pour faire valoir mon point.» -Anthony Néron, arbitre
L’étudiant du cégep Édouard-Montpetit en gestion commerce dit aimer l’adrénaline ressentie avant chaque partie. «Oui, il y a de la pression, mais c’est un peu toi le maître du jeu, explique-t-il. Tu as la destinée du match entre tes mains.» Celui qui officie désormais dans les ligues élites et maisons du Haut-Saint-Laurent indique porter son gilet rayé entre 20 et 30 parties par mois. Se forger une carapace L’arbitre doit faire abstraction des cris provenant des estrades, indique M. Néron. En ce qui concerne les insultes provenant des joueurs ou des entraîneurs, le Candiacois est d’avis qu’il faut vivre avec et s’en distancier. «Si tu te laisses atteindre par ça, tu n’es pas fait pour être arbitre, dit-il. Il faut garder son sang-froid et rester calme, sinon ça fait monter la tension de tout le monde.» Par rapport à la tolérance zéro suggérée par Ron Fournier à l’endroit des arbitres, Anthony Néron pense que «crier après l’arbitre, ça fait partie du sport». Il croit cependant qu’il y a une ligne à ne pas franchir et que certaines paroles demeurent condamnables. «Oui, on fait des erreurs et on doit vivre avec nos mauvaises décisions qui ont des impacts sur le match, mais un moment donné, il faut se rappeler que ça reste un jeu», conclut le jeune homme avec philosophie. [caption id="attachment_34983" align="alignnone" width="521"] Stéphane Auger, ex-arbitre de la LNH et désormais conseiller spécial à Hockey Québec, donne des trucs à Anthony Néron après un match.[/caption]