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Le cancer touche la moitié de la population

le mercredi 23 mars 2016
Modifié à 0 h 00 min le 23 mars 2016
Par Joëlle Bergeron

joelle_bergeron@gravitemedia.com

Au Canada, près d’une personne sur deux a des chances d’être atteinte d’un cancer au cours de sa vie, révèle les plus récentes statistiques canadiennes sur le cancer. Des chiffres alarmants qui peuvent changer si chacun prend sa santé en main, indique Richard Béliveau, directeur scientifique de la Chaire en prévention et traitement du cancer.

On pense souvent à tort que ce fléau du XXIe siècle est un mal qui frappe de façon aléatoire, alors qu’une étude publiée en décembre dans la revue Nature conclut que les facteurs liés au mode de vie contribuent dans une proportion de 70 à 90% au risque de développer un cancer, rappelle le chercheur. Le facteur héréditaire est à l’origine de seulement 5% des cancers.

Les maladies cardiovasculaires qui ont longtemps trôné au sommet du palmarès des principales causes de décès ont été devancées par les tumeurs malignes chez les 40 ans et plus. Cette inversion est entre autres due au fait que les interventions chirurgicales et les médicaments pour le cœur sont plus efficaces qu’avant. 

«Le taux de cancer n’a pas vraiment augmenté de façon spectaculaire dans les pays occidentaux, fait savoir M. Béliveau. Il y a certains cancers qui ont augmenté: celui du poumon chez les femmes parce qu’elles ont commencé à fumer dans les années 1960, le cancer de l’œsophage qui est directement associé à l’obésité et les cancers de la peau qui sont liés au fait qu’on prend plus de vacances dans le Sud pour volontairement s’exposer au soleil. Ces trois cancers-là, on connaît les causes. Pour le reste, contrairement à ce que les gens pensent, il n’y a pas eu d’augmentation fulgurante causée par la pollution ou des choses comme ça. Ce sont des légendes urbaines.»

L’alimentation

Le Nord-Américain moyen a un panier d’épicerie composé à 80% de produits industriellement transformés. «L’épidémie d’obésité n’est pas étrangère à ça», estime le chercheur.

Contrairement au tabac, le sucre, le gras et le sel sont des ennemis plus sournois, puisqu’ils se retrouvent dans plusieurs produits considérés comme des choix «santé». En plus de donner bon goût, ces ingrédients agissent aussi souvent comme agents de conservation. Le meilleur moyen de contrôler leur ingestion est de cuisiner soi-même ses collations et repas; une action qui requiert davantage de temps.     

«Avoir un IMC (indice de masse corporelle) entre 21 et 23, ne pas fumer, faire 30 minutes d’exercice par jour et manger beaucoup de végétaux sont des actions simples qui créent un environnement physiologique hostile à la sélection des cellules cancéreuses, indique M. Béliveau. Avec ça, vous réduisez de 90% le diabète de type 2, de 80% les maladies cardiaques, de 75% les cancers et de 70% les AVC. Ça, c’est la réalité des chiffres. La réalité du terrain, c’est qu’il y a encore 20% des gens qui fument et le 2/3 des Canadiens qui sont en surcharge de poids.»

Mieux vaut prévenir que guérir

Le parent pauvre de la lutte au cancer est la prévention, clame le co-auteur du livre Les aliments contre le cancer et Prévenir le cancer.

D’ailleurs, celui-ci assure qu’il n’est jamais trop tard pour commencer à bien s’alimenter et à bouger. Les syndromes précoces tels qu’un taux de cholestérol élevé et un début de diabète peuvent être renversés, démontre la science.

Professeur, conférencier et chroniqueur, Richard Béliveau croit fermement à l’éducation.

«Dans la population, vous en avez un 15% qui fait déjà les choses correctement et un 15% à l’autre bout qui ne se rendra jamais. Entre les deux, il y a un 70% qui n’a juste pas l’information ou le temps d’utiliser l’information pour faire les changements nécessaires. C’est sur eux qu’on peut agir – moi comme chercheur et vous comme journaliste – pour les amener à comprendre l’impact majeur de leur mode de vie sur leur vieillissement et le développement des maladies chroniques», conclut l’expert.