Opinion

Le prix de la dignité

le dimanche 26 décembre 2021
Modifié à 0 h 00 min le 26 décembre 2021
Par Hélène Gingras

hgingras@gravitemedia.com

(Photo : Gracieuseté)

La dignité humaine a-t-elle un prix?

Mon père a eu un malaise cette semaine. Qui a forcé son hospitalisation pendant environ 24 heures à l’Hôpital Anna-Laberge à Châteauguay.

#!@%$&* de COVID, je n’ai jamais pu me rendre à son chevet à l’urgence. Seule ma pauvre mère octogénaire pouvait rester près de lui. À son âge à elle aussi, c’est bien assez pour la mettre à terre. Pour qu’elle ait besoin de jours pour s’en remettre.

Le seul endroit où j’ai admise a été la zone centrale. La fameuse aile de centre commercial vitrée, comme je l’ai toujours appelée. Je ne me résignais pas à rebrousser chemin, désireuse de soutenir ma mère quoi qu’à distance.

Par un heureux hasard - c’est bien ici le seul endroit où je pourrai glisser le mot heureux -, j’ai croisé ma mère au bout de plusieurs minutes d’attente. Alors qu’elle passait dans le corridor après être allée manger une bouchée. J’ai pu prendre des nouvelles de mon père et d’elle-même avant de repartir.

Ce n’est qu’en soirée que mon père a finalement pu voir un médecin. Et que ma mère m’a rappelée pour que j’aille la chercher. Mon père, lui, est demeuré sous observation à l’urgence. Le médecin prévoyait le retourner à la maison en transport adapté le lendemain si tout allait bien. Le hic, c’est que mon père n’avait plus ses vêtements. Comme ils étaient sales, ma mère les avait rapportés. 

Soucieuse de son confort, mais surtout de sa dignité, j’ai fait un nouvel aller-retour à l’hôpital tard en soirée pour aller lui porter des vêtements propres et son manteau d’hiver en prévision de sa sortie.

«Viellir dans la dignité, est-ce donc un luxe réservé à l’élite?» 

-Monique Corriveau

En raison de la #!@%$&* de COVID, j’ai dû remettre le sac à un membre du personnel pour qu’il lui apporte. J’ai attendu de pied ferme sa confirmation avant de repartir.

«Votre père dort», m’a-t-il dit à son retour, me rassurant.

J’allais mieux dormir de savoir qu’on allait pouvoir habiller mon père au petit matin avant de lui signer son congé.

Quelle naïveté de ma part!

Mon père est bien revenu à la maison en transport adapté comme prévu, mais enveloppé dans une couverture et une jaquette d’hôpital. #!@%$&* Je vous l’écris ici; je ne décolère pas. Je ne peux pas croire qu’il ait été traité ainsi malgré nos attentions.