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Les femmes sont plus riches qu’avant, mais pas autant que les hommes

le lundi 08 mars 2021
Modifié à 13 h 23 min le 08 mars 2021
Par Hélène Gingras

hgingras@gravitemedia.com

La richesse des femmes s’accroit avec les années, mais elle n’a pas encore atteint la parité avec les hommes. «Au Québec comme ailleurs au Canada, la majorité des femmes font toujours face à des inégalités économiques qui affectent leur autonomie financière. Toutefois, il y a une embellie à l’horizon», soutient Sophie Sylvain, planificatrice financière chez Desjardins Gestion de patrimoine. Citant des données obtenues auprès de la firme spécialisée Investors economics, elle indique que 42% de la richesse au Canada sera contrôlée par des femmes en 2028, soit 3 200 milliards de dollars, comparé à 35% en 2016 ou 1 400 milliards $. Cette progression sera également imputable aux actifs que les femmes recevront en héritage au Canada. Celui-ci est estimé à 900 milliards $ entre 2016 et 2026, a-t-elle ajouté en citant cette fois une étude publique, Women and Wealth. The changing face of wealth in Canada and its implications for financial advisors, effectuée par Investment Planning Counsel en 2017. Elles gagnent moins et accumulent moins L’un des obstacles auquel les femmes doivent composer est le fait que les Canadiennes ont un revenu médian inférieur à celui des hommes, peu importe leur niveau de scolarité et la région dans laquelle elles demeurent, fait valoir Mme Sylvain. Ces écarts de revenu altèrent leur capacité d’épargner et font en sorte que leurs droits de cotisation REER sont moindres que les épargnants de sexe masculin. C’est en partie ce qui explique que le revenu de retraite moyen des femmes est d’environ à 80 % de celui des hommes, dit-elle. Cette tendance se reflète également sur les rentes du Régime de rentes du Québec (RRQ). Comme elles gagnent moins, leurs prestations de rentes sont plus faibles. Ce, d’autant plus que ce sont souvent les mères qui arrêtent de travailler – et donc de cotiser – le temps d’élever leur famille. En 2017, les prestations de la RRQ étaient en moyenne de 6 110 $ pour les femmes de 65 ans et plus, comparativement à 7 573 $ pour les hommes du même âge, soit un écart de plus de 19 %.   Revenu d’emploi médian par niveaux de scolarité des Québécois de 25 à 65 ans travaillant à temps plein toute l’année (recensement 2016) et, à titre indicatif, droits REER correspondants
Scolarité Québécois (Droits REER) Québécoises (Droits REER) Différence de revenu Différence de revenu   (en %)
Primaire-secondaire 41 600 $ (7 488 $) 31 400 $ (5 652$) (10 200 $) (25 %)
Professionnel-collégial 50 500 $ (9 090 $) 38 800 $ (6 984 $) (11 700 $) (23 %)
Baccalauréat 79 500 $ (14 310 $) 58 900 $ (10 602 $) (20 600 $) (26 %)
(Source : Niveau de scolarité et revenu d’emploi, Institut de la statistique du Québec, 2018)
  La gestion du patrimoine au féminin À l’occasion de la Journée internationale des femmes, Sophie Sylvain rappelle le concept des trois P vers l’autonomie financière: la planification budgétaire, la planification de la retraite (connaissances liées aux régimes enregistrés) et la protection du patrimoine (aspects légaux). Elle donne en exemple 11 pratiques gagnantes:
  • S’impliquer dans la gestion budgétaire, personnelle et celle du couple ou de la famille pour partager les responsabilités et se donner des objectifs communs.
  • 31 % des Canadiennes estiment avoir de bonnes connaissances financières; 75 % auraient souhaité s’impliquer plus tôt. Un moyen pour améliorer ces connaissances, c’est se doter d’un plan financier personnalisé conjoint ou individuel.
  • Des études démontrent qu’être accompagnée par une conseillère ou un conseiller financier et se donner un plan révisé annuellement permet d’accroître les actifs accumulés.
  • Utiliser les virements préautorisés pour faciliter l’atteinte des objectifs d’épargne; les virements périodiques (hebdomadaires, aux quinzaines, mensuels) plutôt qu’annuels procurent un rendement généralement supérieur en raison du rendement composé périodiquement plutôt qu’annuellement.
  • Avec l’aide de son conseiller, évaluer les avenues d’optimisation fiscale quant à l’utilisation de ses droits de cotisation REER et de ceux de son conjoint, ses droits de cotisation CELI et des modalités du régime enregistré d’épargne étude (REEE) dans le cas d’enfants mineurs.
  • Si la situation le permet au moment de la prise de la retraite, évaluer la possibilité de reporter le versement de la rente du Régime de rentes du Québec, qui se verra bonifiée au-delà de l’âge de 65 ans.
  • Conjoints de fait ou mariés ? Dans les deux cas, il faut retenir qu’un testament est requis pour protéger le conjoint survivant. En effet, à défaut de testament, selon le Code civil du Québec, le conjoint de fait n'est pas reconnu à titre d'héritier et le conjoint marié est rarement le seul héritier.
  • Vous détenez un compte d’épargne libre d’impôts et votre testament est antérieur à 2009? Y faire ajouter une clause propre au CELI. Ainsi, à votre décès, les sommes pourront être transférées à votre conjoint sans affecter les droits CELI de ce dernier.
  • Dotez-vous d’un mandat de protection (anciennement nommé le mandat en cas d’inaptitude) qui vous permet de désigner la ou les personnes qui prendront les décisions vous concernant si vous devenez inapte. Il vous permet de choisir des proches de confiance pour veiller sur vous et gérer vos biens au cas où vous n’en auriez plus la capacité.
  • Même si vous avez pris soin de nommer un bénéficiaire dans votre fonds de pension ou dans votre testament, sachez qu’une priorité est accordée au conjoint reconnu selon le régime à moins que celui-ci y ait renoncé pour laisser place à vos héritiers.
  • Les deux principales conséquences fiscales d’un décès sont la disposition réputée des biens en immobilisations à leur juste valeur marchande (JVM) et l’inclusion, dans le revenu, des sommes détenues dans le Régime enregistré d’épargne retraite (REER). Quelques solutions sont à envisager, selon la situation. En présence d’un conjoint, il est possible de léguer en tout ou en partie les biens et régimes enregistrés. Cette solution s’appelle communément le « roulement au conjoint » et reporte l’impôt à payer lorsque le conjoint survivant dispose de ces biens, retire des régimes enregistrés ou décède à son tour.