Opinion

Les Groupes de médecine familiale du territoire représentent une menace

le mercredi 15 juin 2016
Modifié à 0 h 00 min le 15 juin 2016

D’ici décembre 2017, 12,5 travailleurs sociaux et 11 autres types de professionnels (physiothérapeute, nutritionniste, ergothérapeute, psychologue, etc.) des CLSC du Centre intégré de santé et services sociaux de la Montérégie-Ouest (CISSSMO) seront transférés vers les 16 Groupes de médecine familiale (GMF) du territoire. Selon les projections du Ministère, le CSSS Jardins-Roussillon procédera au transfert de 4,5 travailleuses sociales et quatre autres professionnels à même les trois CLSC qui le composent.

Pour rendre la chose plus concrète, le programme Suivi adulte première ligne, d’où il est prévu ponctionner la première vague de travailleurs sociaux, comprend environ six intervenantes à temps complet réparties dans les trois CLSC. Actuellement, l’attente pour ces services est en moyenne de neuf mois. Qu’arrivera-t-il de ces services si l’on réduit l’équipe de travail à moins de deux intervenantes pour tout le territoire? L’exécutif local de l’APTS est très préoccupé par le transfert du personnel dans les GMF.

Il faut comprendre que les GMF sont des ressources privées gérées par des médecins. Cette approche nous apparaît comme un pas supplémentaire vers la privatisation du réseau de la santé et des services sociaux. Ces cliniques peuvent imposer des frais accessoires aux clients. On peut donc anticiper que les patients qui recevaient des services sans frais dans les CLSC devront désormais sortir leur porte-monnaie.

Qu’adviendra-t-il des CLSC ainsi vidés de leurs travailleurs sociaux, nutritionnistes, psychologues, physiothérapeutes et ergothérapeutes? Nous, de l’APTS, craignons que cette migration forcée de ces précieuses ressources ver les GMF se traduise par un abandon des missions essentielles des CLSC, soit l’intervention curative de première ligne, certes, mais aussi la prévention et la santé publique. Les CLSC offrent aussi des services à domicile, à l’école ou sur le lieu de travail, ce qui n’est pas le cas des GMF.

Les CLSC deviendront vite des coquilles vides s’ils ne reçoivent pas de budget supplémentaire. Le ministre ne s’y prendrait pas autrement pour les étouffer. Encore une fois, on déshabille Pierre pour habiller Paul, au profit des médecins.

Les personnes les plus vulnérables sont encore les grandes perdantes, puisqu’elles devront nécessairement attendre plus longtemps pour recevoir des services. Et que dire des personnes qui n’ont pas de médecin de famille dans ces GMF?

La multiplication des réformes majeures, combinée aux effets des compressions, fragilise l’équilibre précaire de notre système de santé et services sociaux. Le gouvernement n’a reçu aucun mandat pour détourner les ressources du public vers le privé. Voici un énième bouleversement qui accentue le climat d’incertitude déjà présent dans les équipes de travail. Il est temps de mettre résolument le cap sur des services publics accessibles à tous.

Nous avons interpellé sur ce sujet le conseil d’administration du CISSSMO à la séance publique du 4 mai. Malheureusement, M. Masse, président du conseil d’administration, n’a pu expliquer comment, avec des effectifs en moins, les CLSC pourront répondre à leur mission.

Vanessa David,

vice-présidente de l’exécutif local

Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS)