Opinion

Lettre ouverte : Des retrouvailles comme un bonheur triste

le mercredi 20 mars 2019
Modifié à 11 h 39 min le 20 mars 2019
Trois amies d’enfance se sont retrouvées à l’âge de 90 ans. L’une d’elles rapporte ce moment. À lire aussi : Des sœurs de cœur se retrouvent après 73 ans Le 26 février, grâce à notre chère Suzanne, responsable des loisirs et  avec la collaboration de la résidence La belle époque de La Prairie, Françoise Mondion et moi avons pu nous rendre à Longueuil pour retrouver notre amie d’enfance Pauline, religieuse à la Maison de la communauté des Saints noms de Jésus et de Marie. Cette journée claire et ensoleillée s’annonçait bien, car quel grand bonheur que la perspective de ces retrouvailles! Nous allions rencontrer Pauline, notre amie de jeunesse, la troisième personne de notre trio d’antan! C’était un moment de joie tout à fait inespéré après que tant d’années se soient écoulées depuis notre séparation à la fin du secondaire. Pour ma part, 73 ans s’étaient écoulés depuis notre dernière rencontre. Mais pour Françoise, ce délai était beaucoup plus court, car elles s’étaient vues à quelques reprises pendant environ dix ans, alors qu’elles habitaient toutes deux Sainte Martine, où Pauline était enseignante au couvent et Françoise, résidente de cette petite ville. Nous savions pourtant par Suzanne que notre amie Pauline, maintenant âgée de 91 ans, ex-économe de la communauté, était devenue fragile et qu’elle ne pouvait plus suivre une conversation normale. Mais il est vrai que l’amitié nous fait repeindre la réalité aux couleurs de l’espérance aussi, Françoise et moi conservions en dépit de tout, l’indéfectible espoir que malgré son état, dans un moment d‘éveil de la mémoire, elle pourrait au moins nous reconnaître. Mais quelle tristesse! Notre chère Pauline, est maintenant dans son monde irréel, prononçant des mots sans suite, quelle articule selon son humeur du moment. Mais comment en si peu de temps, aurions-nous pu réussir à la rejoindre dans son être profond afin de renouer les fils de l’amitié qui nous réunissaient autrefois? Une telle attente était illusoire. Et il nous fallut réaliser qu’on ne peut retisser les fils d’une amitié déjà rompus depuis longtemps sans que la réalité ne reprenne ses droits et que nous réalisions que la communication avec notre chère Pauline était irrémédiablement impossible. Aussi, nous, Françoise et moi, nous étions tristes de cette réalité, mais quand même heureuses, car nous avons pu lui parler, lui prendre la main, emporter en mémoire son regard, son sourire, et donner ainsi une fin heureuse à une expérience d’amitié débutée il y a si longtemps. Cependant, nous étions en même temps comblées d’avoir pu retrouver notre amie et nous en remercions de tout cœur Suzanne Dumouchel, la résidence La belle époque et les religieuses de la Maison des Saints noms de Jésus et Marie qui nous ont si bien accueillies. Et, même si la réalité a été difficile à accepter, cette image de notre amitié de jeunesse s’étant quelque peu dissipée, il nous reste à la voir à travers le mirage du souvenir. Margot Cambron Phaneuf Résidence La belle époque La Prairie