Opinion

Lettre ouverte : Les signes religieux

le mercredi 15 mai 2019
Modifié à 8 h 43 min le 15 mai 2019
J’ai été amené, par profession, à réfléchir sur les signes religieux. Je pourrais en parler longuement. Je serai, ici, aussi bref que possible. Précisons d’abord ce qu’est la laïcité. Ce n’est pas une idéologie. Ce n’est pas un parti politique. Trois dictionnaires consultés la définissent ainsi: est laïc ce qui n’est ni sacré, ni religieux. La laïcité est donc une manière d’être. On est porté à conclure que religieux et laïc sont des contraires. Il y a des contraires qui se rejettent: santé et maladie, lumière et ténèbres. Il y a des contraires qui coexistent: montagnes et plaines, terre et eau. Religieux et laïc appartiennent à ce second genre, tel qu’il existe dans l’être humain. Ne serait-il pas plus juste de parler de différences plutôt que de contraires? Strictement parlant, l’homme philosophique, animal raisonnable, est laïc. L’homme que j’appellerai historique, celui dont nous parle la bible est religieux et laïc. C‘est ce dernier qui est à la fois membre de l’Église et de l’État. Les deux domaines conversent entre eux en permanence et sans frontières. Vu que de sa nature, l’état laïc a comme frontière le religieux, il n’a aucun droit d’ingérence en ce domaine. Il se targue aisément de neutralité religieuse. Lorsqu’il interdit d’autorité les signes religieux, il n’est plus neutre, il est contre. De plus, il est hors compétence. Cette dualité peut être source de conflits. Le port d’un signe religieux dans telle ou telle fonction laïque en est un. Si l’État ne peut intervenir d’autorité dans le domaine religieux, il peut proposer des compromis raisonnables à dessituations concrètes. Ainsi, lier des signes religieux à des fonctions coercitives (juges, policiers, gardiens de prison) risquerait de fausser le sens de ces signes. Le nouveau premier ministre devrait se rappeler avec humilité et bon sens que son autorité se limite à de tels cas, où l’intention première n’est pas de supprimer le signe religieux, mais de le mettre à l’abri d’une fausse interprétation.   Albert Tremblay, frère de l’instruction chrétienne La Prairie