Opinion

Lettre ouverte : Mourir dans la dignité, mais pas pour tous

le mercredi 08 mai 2019
Modifié à 10 h 59 min le 08 mai 2019
Par Hélène Gingras

helene_gingras@gravitemedia.com

À Danielle McCann, ministre de la Santé et des Services sociaux C’est à titre de citoyennes inquiètes et empathiques que mes collègues et moi nous nous adressons à vous aujourd’hui. Chaque humain a droit de vivre sa vie dans la dignité, mais qu’en est-il de la mort? Maintenant légale, l’aide médicale à mourir a pu soulager les souffrances de plusieurs. Cependant, les restrictions sont encore trop nombreuses, ce qui occasionne des actes désespérés des demandeurs qui, rappelons-le, sont souvent vulnérables et épuisés. Il est inacceptable, à nos yeux, de constater que certains se battent devant les tribunaux pour simplement avoir droit de mourir de façon digne et selon leurs valeurs. Ainsi, le fait d’exiger d’être apte à consentir au même moment que l’imminence du décès empêche nombre de demandeurs d’avoir accès au privilège de recevoir l’aide médicale à mourir. D’ailleurs, le Rapport sur la Commission des soins de fin de vie mentionnait qu’entre juin 2017 et mars 2018, 13% des 1225 demandes d’aide médicale à mourir n’ont pu être approuvées, car les demandeurs ne répondaient pas ou plus aux critères exigés par la loi. En effet, le fait d’avoir une maladie dégénérative occasionnant un déclin marqué et irréversible, mais avec un décès non prévisible, amène également un refus d’administration, malgré le consentement éclairé du demandeur. Malgré une mort non imminente, ces gens souffrent pendant des mois, voire même des années, avec aucune chance d’amélioration de leur qualité de vie selon leur appréciation personnelle. Lors de la publication du Rapport sur la commission des soins de fin de vie, vous sembliez ouverte à un élargissement des critères d’admissibilité à l’aide médicale à mourir. Nous vous demandons de traiter cette modification de loi de façon prioritaire. La santé préventive et curative sont souvent mises de l’avant, mais qu’en est-il des soins de confort et de fin de vie? Il serait temps d’en faire un enjeu de société, car tout le monde sera confronté à la mort d’un proche et, inévitablement, à sa propre mort. Il est à noter que la Suisse a légalisé le suicide assisté depuis plusieurs décennies. Certaines personnes se voyant refuser l’aide médicale à mourir ici font un voyage onéreux pour aller s’éteindre sur un autre continent, loin des siens. Pourquoi ne voudrions-nous pas que ces gens décèdent dans leur milieu de vie, sereins, auprès de leur famille et proches? N’est-ce pas ce que nous désirons tous? La dignité et la capacité d’autodétermination des Québécois devraient être une priorité dans tous les domaines, incluant la mort. Nous sommes tous égaux face à la mort, aussi bien faire en sorte que tous la vive dignement.              Karolane Carrière (Saint-Constant)                                  Dany Gauthier Gisèle Gaelle Pygnol Étudiantes en Techniques de travail social au Cégep du Vieux-Montréal