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«Madame Ruban bleu» raconte son parcours d’entrepreneure

le lundi 26 novembre 2018
Modifié à 13 h 28 min le 26 novembre 2018
Par Vicky Girard

vgirard@gravitemedia.com

Caroline Tardif, propriétaire de la fromagerie Ruban bleu à Mercier, a un parcours d’entrepreneure atypique. Elle a acheté son commerce à 24 ans, a bravé de nombreux obstacles et en a fait un succès grâce à sa détermination. «On m’appelle Mme Ruban bleu, tellement moi et mon entreprise sommes difficiles à dissocier parfois», dit l’entrepreneure. Mme Tardif était destinée à évoluer dans le monde des affaires. Son père, sa mère et ses deux sœurs possèdent tous des entreprises. Alors qu’elle avait 8 ans, ses parents lui ont donné 500$ pour qu’elle aille «s’acheter une responsabilité». «Je me suis acheté 60 poules avec un petit livre comptable pour faire de l’argent avec ça», raconte-t-elle. Chaque samedi, elle partait avec sa brouette pour vendre des œufs. À cette passion s’est ajouté une fascination pour le voyage et les relations humaines. La résidente de Mercier dit avoir un «parcours ping pong». Elle a obtenu un Diplôme d’études collégiales (DEC) en gestion d’entreprise au Collège régional Champlain à Saint-Lambert, des baccalauréats en sociologie et en administration, puis elle a fait des études sur les plantes médicinales. Après avoir exploré plusieurs avenues et avoir beaucoup voyagé, Mme Tardif a trouvé sa voie en apprenant que la ferme et fromagerie Ruban bleue, spécialisée dans le fromage de chèvre, était à vendre. «Cette journée-là, j’ai visité le commerce et une semaine plus tard, je faisais une offre d’achat conditionnelle à ce que j’y fasse du bénévolat pendant un an», explique l’entrepreneure. Le processus d’achat n’a pas été facile. Elle n’avait pas accès à la chèvrerie, la partie fermière de la fromagerie. «Je n’apprenais pas assez. Je revenais chez moi en pleurant tous les soirs, mais je continuais à y aller», se souvient-elle. L’entrepreneure confie qu’une voix intérieure lui disait que «Ruban bleu, c’est à moi, il faut continuer». Mésaventures Les quatres premières années après l’acquisition, le 16 décembre 2004, ont été difficiles pour Mme Tardif et son conjoint, qui a embarqué dans cette aventure avec elle. Deux mois après l’achat du commerce, qui était aussi leur maison sur la ferme, un incendie a éclaté. «On ne voulait pas sauver la maison, on voulait sauver les fromages sous les planchers, alors on demandait aux pompiers de ne pas arroser», explique-t-elle.
«Je n’ai pas été courageuse, j’ai été naïve. Je ne connaissais ni les chèvres, ni le fromage. L’orgueil m’a sauvé.» -Caroline Tardif
En 2008, la crise de la listéria a fait baisser de 90% leur chiffre d’affaires, parce que les gens avaient peur. Un grand nombre de chèvres ont avorté, deux boucs se sont avérés être infertiles et un distributeur a fait faillite, quittant avec 20 000$. «Après avoir traversé tout ça, il n’y avait plus rien à notre épreuve», affirme Mme Tardif. En 2009, le Ruban bleu a déménagé de Saint-Isidore à Mercier, puis sa notoriété s’est développée. La ferme compte 75 chèvres et le commerce, qui accueillent des stagiaires de partout à travers le monde, emploient aujourd’hui 18 employés, dont 6 qui y vivent. «Mme Ruban bleu» et son conjoint ont voyagé et suivi des formations pour perfectionner leurs techniques, de la production à la mise en marché, en passant par les ressources humaines, et ce, en préservant leurs valeurs et leur proximité avec leurs employés et la clientèle devenue fidèle. Une nouvelle boutique à Châteauguay a ouvert ses portes boulevard St-Jean-Baptiste, s’ajoutant à celle à Mercier, qui a pignon sur rue sur le Rang St-Charles. «On veut continuer à prendre notre envol», confie l’entrepreneure.