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La maison bleue a une «valeur exceptionnelle»

le jeudi 08 mars 2018
Modifié à 12 h 41 min le 08 mars 2018
Par Hélène Gingras

helene_gingras@gravitemedia.com

La maison d’Hilaire Guérin, appelée aussi la maison bleue ou la maison du barbier, est d’une valeur «exceptionnelle», selon un document de la MRC de Roussillon. La résidence du 5325, boulevard Marie-Victorin, construite en 1750 et modifiée en 1875, est dans une classe à part «quant à la valeur de son âge, à sa valeur historique, sa valeur architecturale et de conservation», affirme la MRC. Cette conclusion est tirée du rapport final Projet d’implication à la protection du patrimoine architectural – Municipalité de Sainte-Catherine réalisé par l’architecte Michel Létourneau en 2014 pour le compte de l’organisme. Le Reflet en a obtenu une copie. Une seule autre maison à Sainte-Catherine, aussi située sur le boulevard Marie-Victorin, a obtenu une cote exceptionnelle. «Ces deux maisons sont aussi les seules maisons de ferme de pionniers qui n’ont pas été déplacées ou démolies lors des expropriations», relate le document. Non à sa démolition Compte-tenu de sa valeur patrimoniale, la Société d’histoire et de patrimoine de Lignery (SHPL) recommande que la Ville mandate un expert pour en effectuer l’inventaire architectural. Ceci permettrait de connaître en détail l’ancienneté du bâtiment et de la structure. De plus, la Ville devrait éviter qu’elle soit démolie, alors qu’un projet immobilier menace sa survie. Le promoteur est cependant disposé à la céder à la Ville si celle-ci la déménage pour en faire un centre d’interprétation. Cette option en est une de dernier recours pour la SHPL. Elle permettrait néanmoins de «la mettre en valeur» et représenterait «un atout pour la valorisation de l’histoire unique de cette ville», croit le président Yves Bellefleur. Plus qu’une maison, un site de mission En plus, le projet immobilier projeté se trouve sur le site de la Mission St-François-Xavier-du-Sault, qui a existé de 1676 à 1690, pour accueillir les Iroquois et les autres autochtones christianisés. La mission occupait un emplacement qui s’étendait de la rivière du Portage jusqu’à la maison d’Hilaire Guérin. «Ce site constitue indéniablement un site à potentiel archéologique même si une partie de la zone a déjà été perturbée, estime M. Bellefleur. Pourtant, il n’y a jamais eu d’étude de potentiel ni de fouilles archéologiques. Kateri Tekakwitha a été inhumée là. Est-ce la seule? Est-ce qu’on y trouverait des palissades ou une structure liée aux maisons longues? Des fondations de maisons de pierre?» Le Projet d’implication à la protection du patrimoine architectural – Municipalité de Sainte-Catherine arrivait aux mêmes conclusions. «Les sites de l’église et l’hôtel de ville actuels représentent des sites archéologiques d’intérêt national, écrivait M. Létourneau. […] Ces sites devraient faire l’objet de fouilles exploratoires et, possiblement mis en valeur.» L’architecte terminait en souhaitant que l’écriture de son document «soit un outil indispensable auprès des fonctionnaires et des élus lors de l’analyse des demandes de permis et de mise en valeur du patrimoine bâti». Questionné à cet effet, le promoteur a nié avoir été mis au courant par la Ville. Il a paru dépité. Autre étude En 2006, une autre étude de la MRC de Roussillon, l’Étude sur l’histoire et le patrimoine, réalisée par l’entreprise Ethoscop, avait aussi recommandé une étude et un inventaire du potentiel archéologique à court terme, puis une surveillance archéologique lors de travaux d’excavation dans des zones de l’occupation historique à moyen terme M. Bellefleur reproche à «la Ville et à son département d’urbanisme d’avoir des devoirs à faire». Il réclame qu’une «démarche professionnelle» soit effectuée. Fiche de la maison Adresse: 5325, boulevard Marie-Victorin à Ville Sainte-Catherine. Style architectural: Comble brisé de type Nouvelle-Angleterre. Particularité: ancienne maison de ferme dont le fruit des murs indique que la maison est fort ancienne. Le toit a été modifié en 1875. Historique du bâtiment: la seule maison épargnée lors de la construction de la Voie maritime. (Source: Fiche du bâtiment réalisée par l’architecte Michel Létourneau en 2013) Appui La SHPL a obtenu l’appui de la Fédération Histoire Québec et de l’Asssociation des amis et propriétaires de maisons anciennes du Québec. Les deux organismes ont fait parvenir une lettre conjointe au Reflet pour réclamer la sauvegarde de la maison bleue et des fouilles pour déterminer le potentiel archéologique de la Mission St-François-Xavier-du-Sault.