Culture

Malgré sa surdité, Olivier Saadah fait l’éloge de la persévérance

le vendredi 05 avril 2019
Modifié à 7 h 33 min le 05 avril 2019
Par Yanick Michaud

ymichaud@gravitemedia.com

À sa naissance, Olivier Saadah n’a rien de bien différent. Il est un bébé de Sainte-Martine en pleine forme et en santé. À deux ans, un médecin annonce à ses parents qu’il souffre d’une méningite bactérienne. Celle-ci a entraîné la surdité chez cet enfant qui deviendra par le fait même un exemple de persévérance, d’efforts et de volonté. « Je souffrais de cette infection depuis l’âge de neuf mois. Elle a complètement détruit l’une de mes oreilles, les nerfs auditifs. Mais j’ai vécu tout un cheminement. J’ai vu des spécialistes, des orthophonistes, j’ai suivi des cours privés. Puis à l’âge de 12 ans, j’ai réussi à prononcer ma première phrase », dit fièrement celui qui compte maintenant 31 bougies. « C’est certain que je parle avec un certain accent qui s’apparente à celui d’un Gaspésien ou de quelqu’un du Nouveau-Brunswick. Mais ça fait partie de mon charme », raconte celui dont l’humour est une facette importante de la vie.

Un spectacle pour se dépasser

Olivier Saadah est exceptionnel. Il réussit à lire sur les lèvres avant de répondre à son interlocuteur. « Dans les bars, les gens criaient pour que j’entende. Je répondais, ne crie pas, je suis sourd. Mais je sais ce que tu veux me dire », explique Saadah en souriant. Il a eu la piqûre de s’entretenir avec les gens. Il a voulu aller plus loin. « J’ai décidé d’organiser un party en louant l’aréna de Sainte-Martine. Les gens embarquaient, ça vibrait, c’était fantastique. Puis de fil en aiguille, des responsables d’une école de Châteauguay m’ont contacté pour que je donne une conférence spectacle aux jeunes. J’étais nerveux et je ne savais pas quoi dire. Ils voulaient savoir comment je pouvais faire tout ce que je voulais malgré mon handicap. Les jeunes étaient captivés, à l’écoute, intéressés. Les gens m’ont dit que ça leur avait fait du bien. Ils ont ri, ils ont pleuré. J’étais content », dit-il.

Apporter de l’aide

« Mais n’écrivez pas qu’il est parfait », lance en rigolant Jeanne Pitre, la mère d’Olivier, sa complice. « Mes parents m’ont toujours dit, si on veut, on peut. C’est beaucoup grâce à eux », relate celui dont le cercle de spectateurs a ensuite gonflé à vue d’œil. « Les gens voulaient assister au spectacle, alors j’ai décidé de grandir la salle et de le faire grand public. Il y a deux ans, je l’ai présenté une première fois à la salle Albert-Dumouchel. Les gens adorent ça. Ça s’est bien passé, il y a du positif dans les commentaires », plaide le jeune homme qui récidivera le samedi 13 avril. Le spectacle de celui qui a longtemps été surnommé Oli le sourd est un concept plutôt jamais vu. « Les humoristes jouent un personnage. Moi je suis un raconteur qui met de l’humour, qui parle de persévérance et de volonté. Je veux donner un coup de main d’encouragement à ceux qui sont différents et de croire qu’il y a des possibilités pour chaque différence. Je veux montrer que tu peux être différent, mais sans laisser personne indifférent. Ça fait du bien et c’est fait avec humour », conclut le dynamique Martinois. Des billets sont en vente chez Valspec. Par ailleurs, il est possible d’obtenir des billets souper spectacle en collaboration avec le Dez Taverne urbaine. Celle-ci est réservée aux spectateurs lors de cette soirée.