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Martin Russell, un entraîneur plus «sensible»

le mardi 12 janvier 2016
Modifié à 0 h 00 min le 12 janvier 2016
Par Joëlle Bergeron

joelle_bergeron@gravitemedia.com

Lorsqu’il est passé d’une équipe de hockey masculine à féminine, l’entraîneur Martin Russell ne cache pas avoir eu quelques appréhensions sur le calibre et la motivation des joueuses. Or, après un an et demi à la barre des Lynx du collège Édouard-Montpetit, le Sainte-Catherinois dit avoir été confondu.

«Ce que j’aime, que ce soit gars ou fille, c’est développer un athlète qui aspire à aller plus loin», indique d’emblée le diplômé en enseignement de l’activité physique.

«Sachant que les options sont plus limitées pour les filles qui désirent progresser dans le hockey après le collégial – il y a seulement trois équipes universitaires au Québec –, je me demandais: voudront-elles vraiment travailler et apprendre? La réponse est oui», a-t-il constaté.

Celui qui est passé du midget AAA au hockey collégial féminin de division 1 affirme travailler avec de jeunes femmes passionnées. Malgré le changement de clientèle, il dit ne pas avoir tellement changé son style comme entraîneur.

Toujours aussi rigoureux, M. Russell qui a passé 14 années derrière le banc des Riverains du collège Charles-Lemoyne mentionne cependant faire preuve de plus d’écoute.

D’ici les séries

Pour le dernier droit de la saison, l’entraîneur-chef souhaite que son équipe se classe parmi les quatre premières de la division. Présentement au 5e rang, les Lynx ont huit parties à jouer avant le début des séries.

«Trois de ces matchs sont contre les grosses pointures, mais les cinq autres sont à notre portée», estime M. Russell.

«Notre défi sera de compter plus de buts et d’en accorder moins, poursuit-il. Si on joue comme on en est capable, c’est tout à fait réalisable.»

Développement du hockey féminin

Même si les efforts sont là, Hockey Québec reconnaît que les effectifs féminins de la province stagnent autour de 6500 depuis quelques années.

«Les événements très médiatisés comme les Olympiques créent toujours un élan d’enthousiasme pour le sport, mais durant le reste de l’année, on doit travailler fort pour faire la promotion du hockey chez les filles», indique Éric Hurtubise, coordonnateur en hockey féminin chez Hockey Québec.

Père d’une gardienne de but qui évolue sur le circuit collégial, Martin Russell déplore qu’on ne fasse pas assez la promotion du hockey féminin.

«On veut que les filles jouent au hockey, mais on ne met pas assez d’énergie sur elles. On leur laisse les miettes des gars», reproche l’entraîneur.

M. Hurtubise rétorque qu’il y aussi un travail de sensibilisation à faire auprès des parents, puisque ce sont eux qui inscrivent leurs enfants à des activités lorsqu’ils sont en bas âge.

«Il y a encore une culture qui veut que le hockey soit un sport robuste et intense réservé aux gars, alors que ce n’est pas vrai, dit-il. Il y a de belles opportunités pour les filles, des programmes sport-études en hockey sur glace ainsi que des équipes féminines au cégep et à l’université.»

Un projet pilote de midget AAA féminin est aussi dans les cartons d’Hockey Québec, révèle M. Hurtubise.

L’an passé, l’organisme a mis sur pied la caravane promotionnelle de hockey féminin qui, en compagnie d’Olympiennes telles que Caroline Ouellette et Noémie Marin, a fait trois arrêts dans la province avec des ateliers et conférences s’adressant aux joueuses de novice à midget.