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Participation dans une entreprise de prêts aux taux élevés en Ontario : Stéphane Le Bouyonnec se défend

le jeudi 14 juin 2018
Modifié à 10 h 38 min le 14 juin 2018
Par David Penven

dpenven@gravitemedia.com

Le candidat aux élections provinciales dans La Prairie et président de la CAQ, Stéphane Le Bouyonnec, a fait part de sa réaction au  Reflet concernant l’article du Journal de Montréal, publié le 14 juin.   Le quotidien rapportait, la participation de M. Le Bouyonnec dans une entreprise, Finabanx, qui se spécialise dans des prêts privés à 90% d’intérêt et plus et qui opère en Ontario, où ces pratiques sont permises. Ce n’est pas le cas au Québec. Le Journal de Montréal rappelle aussi que la CAQ a voté récemment en faveur de modifications à la Loi sur la protection des consommateurs qui interdit l’imposition de frais par-dessus un taux d’intérêt maximal de 35% par an.
«Pour ne pas nuire à ma campagne et surtout au parti, je vais me départir de mes actions.» - Stéphane Le Bouyonnec
Stéphane Le Bouyonnec reconnaît que le fait d’appuyer les modifications à cette loi tout en étant lié à Finabanx peut sembler «bizarre». Il souligne que les autres provinces du Canada ont fait preuve de réalisme dans le dossier des prêts privés. «Le Conference Board du Canada a rappelé que les banques canadiennes ne prêtent pas suffisamment. Il y a beaucoup de Canadiens qui se voient refuser du crédit. Si ces gens ne sont pas capables d’avoir du crédit momentanément, ils n’ont pas d’autres choix que de se tourner vers le crime organisé», a-t-il déclaré au Reflet. C’est pour cette raison que des provinces, telles que l’Ontario, la Colombie-Britannique, l’Aberta et le Nouveau-Brunswick autorisent ce type de compagnies de prêts privés, indique le président de la CAQ. «Ces entreprises qui proposent ces services doivent obtenir un permis de la province. Leurs dirigeants doivent être validés par la province pour éviter que le crime organisé ne s’infiltre dans ces compagnies», poursuit-il. Stéphane Le Bouyonnec reconnaît que l’article publié ce matin va ternir son image et celle du parti qu’il représente. «L’angle de cet article est dommageable. La politique, c’est une question de perception et il va falloir que je corrige le tir», termine-t-il.   Actionnaire Le résident de Candiac est actionnaire d’une compagnie à numéro qui contrôle Finabanx qui exploite le site iCash. Ce site permet aux Canadiens d’effectuer des prêts avec des coûts d’emprunts dépassant le taux d’intérêt considéré comme de l’usure dans le Code criminel québécois, soit 60%. «En Ontario, iCash exige toujours le même taux d’intérêt de 15$ par tranche de 100$, peu importe le délai de remboursement du prêt. Pour obtenir 500$, par exemple, le client paiera 75$ en intérêts, que ce soit pour un remboursement en une semaine, en un mois ou en deux mois. Calculé sur une base annuelle, le taux d’intérêt annuel varie donc de 90 à 780%, selon le délai que choisit le client pour rembourser son prêt», rapporte le quotidien. Il a affirmé dans ce même article que les prêts de Finabanx visaient avant tout à tester la technologie de sa compagnie sœur, Techbanx, dont il dirige aussi le CA. «Contrôlée par les mêmes actionnaires, l’entreprise a mis au point des algorithmes qui permettent d’étudier très rapidement le dossier d’un emprunteur potentiel», retrouve-t-on dans l’article du Journal de Montréal. Au courant de la journée du 14 juin, M. Le Bouyonnec a indiqué qu'il va quitter le C.A de Techbanx et se départir de ses actions.   Réactions du PLQ et du PQ «C’est une situation renversante et choquante de voir qu’on défend des entreprises de prêts usuraires, alors qu’on devrait protéger les gens en situation de vulnérabilité. On fait par subterfuge des choses qui sont illégales au Québec, mais le sont au Canada», a déclaré le député libéral de La Prairie Richard Merlini. M. Merlini ajoute que même le député caquiste de La Peltrie, Éric Caire, a indiqué que Stéphane Le Bouyonnec a contrevenu aux valeurs du parti en raison de son implication dans Finabanx. «C’est quoi les valeurs de la CAQ? Est-ce que c’est ça de faire mieux? De faire plus d’argent sur le dos des gens démunis? Je ne pense pas que les gens de La Prairie veulent cela bien honnêtement», affirme le député. «Quand M. Le Bouyonnec déclare qu’il vient de réaliser ce matin que son implication [dans la compagnie] n’est plus compatible, c’est dès le départ qu’il aurait dû réaliser ça. Et on le présente comme candidat vedette! Je me questionne!» souligne le député Merlini. La candidate du PQ dans La Prairie, Cathy Lepage, s’interroge aussi sur la façon de faire de Stéphane Le Bouyonnec. «Quand j’ai vu l’article ce matin, j’ai fait le lien avec le vôtre quand M. Le Bouyonnec a annoncé sa candidature. Il avait affirmé qu’il allait défendre et aider les plus démunis. Est-ce la façon de la CAQ d’aider les plus démunis?» se questionne Mme Lepage. «Ça fait longtemps qu’on dit que la CAQ et les libéraux, c’est la même chose. C’est bonnet blanc, blanc bonnet. C’est des dessous cachés qui finissent par ressortir au grand jour», poursuit la candidate. Elle dit ne pas être étonnée de l’attitude de son adversaire caquiste. «Durant les deux ans où il a été député (2012 à 2014) à La Prairie, il n’y a rien de concret qui s’est fait», dit celle qui a communiqué avec Le Reflet pour réagir à la nouvelle.