Actualités

Des plaintes contre un acheteur de maisons «ca$h»

le mercredi 27 juin 2018
Modifié à 9 h 10 min le 27 juin 2018
Par Michel Thibault

mthibault@gravitemedia.com

Une résidente de Châteauguay dénonce un homme d’affaires et son entreprise qui proposent d’acheter des maisons «cash». Même avec un jugement en sa faveur, la dame n’arrive pas à se faire payer son dû. Elle n’est pas la seule à se plaindre. Françoise* voulait vendre sa maison à Châteauguay rapidement à l’hiver 2016. Elle a accepté une offre d’achat de 240 000 $ de l’entreprise. «J’achète des maisons Ca$h», de Constantine (Chris) Niphakis. M. Niphakis a payé l’hypothèque de 80 000 $ et lui a versé 80 000 $ au moment de la transaction. Il ne lui a jamais payé les 80 000 $ résiduels. Lorsqu’elle l’a contacté à quelques reprises pour lui réclamer son dû, M. Niphakis a déposé une plainte contre elle à la police pour harcèlement criminel, dénonce Françoise. «J’ai été arrêtée. J’ai dû engager un avocat. J’essayais juste d’avoir mon argent. La plainte n’a pas eu de suite», relate-t-elle. Elle a actionné Constantine Niphakis et son entreprise à numéro 9341-7798 Québec inc. La Cour du Québec a condamné la compagnie à acquitter son dû dans un jugement rendu en février 2018. L’entreprise n’a pas produit de défense dans les délais prescrits. Elle a ensuite fait une demande de rétractation de jugement. Que la Cour du Québec a rejetée le 19 avril 2018. Deux mois après sa victoire devant le juge, Françoise n’a toujours rien reçu de M. Niphakis. «J’essaye de faire exécuter le jugement. Il est très difficile à joindre. Il ne retourne pas ses appels. Je vis un cauchemar depuis un an et demi», s’exaspère-t-elle. Elle dit regretter de ne pas avoir fait affaire avec un courtier immobilier. Successions Cinq autres personnes ont affirmé au journal avoir eu des problèmes avec la compagnie «J’achète des maisons Ca$h». Dans deux cas, il s’agissait de succession. Selon nos sources, M. Niphakis se présente comme quelqu’un qui achète des maisons, les rénove et les revend. Il s’entend pour payer une partie du montant convenu au moment de la transaction et le reste un an plus tard, lorsqu’il vend la maison rénovée. Eugène St-Germain a profité de l’offre après avoir hérité d’une maison. «Il sait gagner la confiance du monde. Il n’a pas l’air d’un arnaqueur pour cinq cents. Je trouvais que son offre avait de l’allure», a-t-il fait part au Soleil de Châteauguay. Il a donc vendu sa propriété 175 000 $ en mai 2016. «M. Niphakis a payé 100 000 $ chez le notaire et il avait convenu de payer 75 000 $ dans un an. Au bout de l’année, la maison n’avait jamais été touchée et je n’ai jamais été payé», déplore M. St-Germain. Il poursuit maintenant l’acquéreur. Les membres d’une famille qui préfèrent garder l’anonymat ont aussi eu des démêlés avec M. Niphakis dans une affaire d’héritage comprenant une maison dans le quartier Rosemont à Montréal. «Il fallait faire vite», note l’une des membres. Un de ses frères a contacté la compagnie de M. Niphakis sur son site internet. «Il a dit : je vais vous rencontrer et vous faire une offre écrite sans obligation de votre part», rapporte la femme. Une rencontre a eu lieu. «En dedans de 15-20 minutes, il a fait une offre. On l’a lue et vu que c’était une succession, on voulait la montrer aux autres», explique-t-elle. Après analyse, la famille a refusé la vente parce que, dit notre interlocutrice, M. Niphakis n’offrait aucune garantie de paiement. «Il ne nous a pas montré la preuve qu’il avait l’argent», observe-t-elle. Dans ce cas, c’est M. Niphakis qui actionne la famille. «Il nous poursuit parce qu’on ne veut plus lui vendre la maison», affirme la dame. Gens âgés Un résident de Hawkesbury, en Ontario, a raconté au journal que ses parents âgés voulaient aussi vendre leur maison dans un court laps de temps en 2016. Ils ont fait confiance à M. Niphakis. Ils lui ont accordé un prêt de 170 000 $ sur un prix de vente de 320 000 $. Et ils n’ont pas été payés. «Mes parents ne veulent pas poursuivre. C’est trop de stress pour eux. Ils n’ont pas d’énergie. 170 000 $, c’est beaucoup d’argent, se désole-t-il. Il (Niphakis) s’en prend à des gens dans des situations assez pressées.» Ses parents âgés ont aussi été dépossédés de dizaines de milliers de dollars, affirme un autre homme qui préfère ne pas rendre son nom public. «M. Niphakis a offert à mes parents d’acheter leur maison à Dorval pour un montant de 250 000 $. Ils ont accepté. Il a payé la moitié chez le notaire et il a affirmé qu’ils auraient le reste un an plus tard», relate le fils. Selon lui, un investisseur a été inscrit comme premier propriétaire de la maison et ses parents ont conservé des droits sur la propriété jusqu’à paiement final. Qui n’est jamais venu. La maison n’a pas été rénovée comme promis. «Elle a été laissée à l’abandon et Hydro-Québec n’a pas été payé. Des tuyaux ont brisé et ça n’a pas été réparé. La maison a des moisissures. Elle est une perte totale», dénonce le plaignant. Les 125 000 $ n’ont jamais été versés à ses parents. «Ils se sont fait dire d’appeler un avocat», affirme leur fils. Comme les autres, il se plaint que M. Niphakis est très difficile à joindre. Emprunt pas remboursé De son côté, John Sedemedes affirme avoir prêté de l’argent à M. Niphakis pour lui permettre d’acheter une maison à Montréal, la rénover et la revendre. «Il devait me payer trois mois plus tard. Au bout de dix mois, il n’était pas capable de me payer mon dû», fait-il part. M. Sedemedes indique qu’il a récupéré la maison en payant des hypothèques légales à des créanciers que M. Niphakis n’a pas payé. «Si je ne payais pas, je ne pouvais pas la reprendre et la revendre», a-t-il affirmé. Au final, il n’a pas perdu d’argent dans ce dossier, mais M. Niphakis tarde à lui verser 26 000 $ qu’il lui doit par ailleurs, se désole M. Sedemedes M. Niphakis n’a pas retourné les appels du journal.