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Profession : célébrante laïque

le jeudi 19 avril 2018
Modifié à 8 h 39 min le 19 avril 2018
Par Joëlle Bergeron

joelle_bergeron@gravitemedia.com

Marie-France Privyk est devenue célébrante laïque spécialisée en funérailles parce qu’elle tenait à ce que les gens qui sont non croyants aient des options lorsqu’ils doivent porter leur proche au dernier repos. «Quand tu viens de perdre quelqu’un, tu vas au salon (funéraire) et tu prends le package qu’ils te donnent, indique la Laprairienne. Tu es dans les émotions et ce n’est pas là que tu vas commencer à te questionner, mais c’est important que les gens sachent qu’ils ont le choix, autant pour la cérémonie que pour la disposition du corps.» Avec un diplôme du Celebrant Foundation and Institute en poche, la fondatrice de l’entreprise Cérémonies Laïcka affirme qu’il est même possible de faire les cérémonies à l’extérieur du salon funéraire. Plus personnalisé Ancienne responsable des ressources humaines au ministère de la Santé, la femme de 59 ans affirme avoir assisté à trop de funérailles «insatisfaisantes» où le célébrant en savait peu sur la personne décédée. De son côté, Mme Privyk dit rencontrer la famille durant près de deux heures. Elle prend ensuite de 10 à 15 heures pour écrire la cérémonie, qu’elle soumet ensuite à ses clients pour approbation. Ces éléments justifient le tarif de 350$ pour une cérémonie d’une trentaine de minutes, selon elle. «Je respecte toutes les philosophies, traditions et croyances spirituelles, laïques, interconfessionnelles, multiculturelles et religieuses», précise aussi la célébrante qui doit respecter le code de déontologie dicté par le Celebrant Foundation and Institute. Apprivoiser la mort Celle qui se dit fascinée par la mort depuis longtemps a commencé par animer des Cafés mortels ou Death cafe; des rencontres informelles où des inconnus discutent de la mort. Après avoir obtenu un diplôme en relations humaines et éducation à la vie familiale à l’Université McGill, Mme Privyk a fait du bénévolat aux soins palliatifs de l’Hôpital général juif à Montréal. «Avec ce diplôme de 2e cycle, j’étais beaucoup dans le théorique. J’apprenais comment démystifier la mort, mais je devais le vivre. Aux palliatifs, j’étais finalement très à l’aise et j’aimais le contact avec les gens», affirme celle qui a le verbe facile.
«Parlez de vos volontés avec vos proches. Mes enfants savent qu’à ma cérémonie, il devra y avoir de la musique Gospel. Je veux que tout le monde chante!» - Marie-France Privyk
Célébrer les rites de passage Les statistiques le prouvent, la religion est en perte de vitesse au Québec. Selon Mme Privyk, même si les gens conservent une forme de spiritualité, ils ne soulignent plus les événements importants qui étaient autrefois célébrés par un service ou rituel religieux. Or, la célébrante est d’avis que les rites de passage sont essentiels, puisqu’ils nous permettent de partager nos moments tournants avec nos proches et de réaliser combien nous sommes soutenus par notre communauté. «Le meilleur exemple est le baptême, indique-t-elle. Ceux qui ne font pas baptiser leur enfant ne font rien pour célébrer cette nouvelle étape. De passer d’adulte à parent, c’est gros! On accueille aussi un nouveau membre dans la communauté et ce n’est pas parce qu’on ne va pas à l’église qu’on ne peut pas le souligner.» Cérémonies pour les animaux Marie-France Privyk offre également ses services pour les animaux de compagnie. Selon la célébrante, ce deuil doit être légitimé, puisque les animaux occupent souvent une grande place dans la vie de leurs maîtres. «Pour certains, cette perte est aussi douloureuse que celle d’un enfant et on doit pouvoir souligner ce départ dignement», affirme-t-elle.