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Projet de complexe adapté pour traumatisés crâniens: Une mère milite pour sortir son fils du CHSLD

le lundi 26 mars 2018
Modifié à 11 h 05 min le 26 mars 2018
Par Joëlle Bergeron

joelle_bergeron@gravitemedia.com

Sylvie Boyer milite pour un projet de logements adaptés destinés aux victimes de traumatismes crâniens de la Montérégie-Ouest depuis au moins 4 ans. Lorsque celui-ci prendra forme, son fils de 29 ans pourra enfin quitter le CHSLD de Saint-Constant où il réside depuis huit ans pour intégrer un milieu de vie mieux adapté à sa situation. Sylvie Boyer souhaite que cette année électorale rende les politiciens plus réceptifs à son cri du cœur. «Mon fils côtoie des gens en fin de vie, alors que lui est plein de vie. Le CHSLD (Centre hospitalier de soins de longue durée), je sais que ce n’est pas une place pour Benjamin, mais il n’y a pas de ressources appropriées qui peuvent l’accueillir», déplore la mère de quatre enfants, dont deux ayant subi des traumatismes crâniens cérébraux. Fondatrice de l’organisme sans but lucratif Vent d’espoir, la citoyenne de Saint-Rémi affirme que 10 500 heures de bénévolat ont déjà été mises sur le projet de résidence qui accueillerait les traumatisés crâniens cérébraux, mais aussi les gens avec une déficience physique de 18 à 55 ans. Avec ses acolytes de Vent d’espoir, elle a réussi à ouvrir un centre de jour dans un local que l’organisme loue. Celui-ci intégrerait le complexe multifonctionnel, une fois bâti. De nombreux donateurs, tels que la Fondation Martin Matte, lui permettent d’acheter des équipements et d’assurer les coûts d’opération. D’ailleurs, elle s’explique mal que les politiciens n’accordent pas plus d’attention à son projet étant donné que les coûts par personne seraient moins élevés à sa résidence qu'en CHSLD. «J’ai déjà un terrain que la Ville de Saint-Rémi m’offre gratuitement et la construction serait financée par la donateurs, indique-t-elle. Mais ce qu’il nous faut, c’est un financement annuel du ministère de la Santé pour les soins et salaires du personnel. C’est environ 2,3 M$, ce qui reviendrait à 66 000$ par personne, alors qu’il en coûte 105 000$ en CHSLD.» Une meilleure qualité de vie Au complexe, Mme Boyer estime que les résidents seraient en mesure d’obtenir de 25 à 45 heures de soin par semaine versus 3 heures et demie par jour en CHSLD. Ils auraient aussi une douche par jour et pourraient profiter d’ateliers de travail, d’installations sportives, etc. «Ici, je ne me sens pas chez moi, atteste Benjamin Monière à propos du CHSLD. C’est difficile de développer des amitiés parce que tout le monde meurt.» Au moment de l’entrevue, il a d’ailleurs lancé avec humour: «T’es chanceuse, je viens de prendre ma douche. Des fois, je sens moins bon.» Sa mère affirme que son fils a besoin d’être stimulé et d’entrevoir des perspectives d’avenir. Depuis l’ouverture du centre de jour, Benjamin s’y rend deux jours par semaine, en plus de revenir à la maison familiale le week-end. Or, impossible pour sa mère de le garder à temps plein, puisque celui-ci demande trop de soin. «Au début, je l’ai fait et j’étais en train de me brûler, raconte-t-elle. Comme tous les parents d’enfants malades, je dois être là le plus longtemps possible pour l’aider parce que quand je ne serai plus là, qui va le faire?»   Double tragédie En octobre 2000, la fille de Sylvie Boyer, Angélique, âgée de 9 ans, est heurtée par une voiture en descendant de l’autobus scolaire. «Le cervelet a été atteint. Son débit verbal est lent et elle a des pertes d’équilibre. Elle n’a jamais été capable de poursuivre ses études ou d’occuper un emploi à temps plein. Elle demeure chez moi. Je lui ai aménagé mon sous-sol en loft, car elle voulait aller en appartement, mais elle fait souvent des chutes. Elle a besoin de supervision», indique Mme Boyer. Sept ans plus tard, le même drame se reproduit touchant cette fois-ci Benjamin, âgé alors de 18 ans. «C’était en mars. Il revenait d’un défi intercollégial où il représentait l’Institut de technologie agroalimentaire à Saint-Hyacinthe. En descendant de l’autobus, une voiture le frappe. Il a subi de multiples fractures à la tête et au bassin et est demeuré six mois dans le coma. Il est tétraplégique et réside dans un centre d’hébergement et de soins de longue durée», indique la mère, propriétaire d’une ferme laitière à Saint-Rémi. D.P.