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Projet expérimental à Saint-Constant pour sauver la rainette

le vendredi 08 juillet 2016
Modifié à 0 h 00 min le 08 juillet 2016
Par Joëlle Bergeron

joelle_bergeron@gravitemedia.com

Plus d’un millier de rainettes faux-grillon de l’Ouest ont été relâchées au cours des derniers jours dans le boisé adjacent au Centre Denis-Lord à Saint-Constant. Il s’agit d’un projet expérimental qui a pour objectif de rétablir l’espèce au Québec.

Mené par le Biodôme, le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs (MFFP) et l’organisme Ciel et Terre à Longueuil, ce projet permettra d’étudier le développement de grenouilles ayant été élevées en captivité.

Grâce à un «philtre d’amour», soit l’injection d’hormones, développé par Vance Trudeau de l’Université d’Ottawa, le Biodôme a réussi à reproduire l’espèce.

«Maintenant qu’on a réussi, la prochaine étape est de tester leur capacité de survie en les réintroduisant dans la nature, explique Lyne Bouthillier, agente de recherche à la direction régionale du MFFP. Il faut les suivre et on va le faire en milieu naturel contrôlé.» Le site de Saint-Constant est tout à propos, puisqu’il est enclavé et isolé.

«Ces étangs ont été aménagés au début des années 2000 pour compenser la destruction de milieux humides lors de la construction du centre d’achats, indique la chargée de projets chez Ciel et Terre, Amélie Trottier-Picard. De 2002 à 2013 inclusivement, on a entendu des chants de rainettes faux-grillon ici, alors on sait que c’est un habitat viable pour elles.»

Suivi

Des rainettes à différents stades d’évolution (têtards, jeunes grenouillettes et adultes) ont été relâchées dans les étangs de Saint-Constant.

L’an prochain, il est possible que des clôtures soient installées dans le but de les circonscrire et de les récupérer. Des adultes ont d’ailleurs été marqués avec des petites taches de peinture sous-cutanée abdominale qui permettront de vérifier si elles ont survécu à l’hiver.

«On pourra voir lesquelles étaient là l’an dernier, lesquelles ont survécu, s'il y a eu de la reproduction, etc.», énumère Mme Trottier-Picard.

Rétablissement

Lyne Bouthillier qui étudie la rainette depuis 25 ans a été aux premières loges du déclin du petit amphibien en Montérégie.

En travaillant sur son rétablissement, elle constate qu’il manque encore beaucoup d’informations scientifiques pour savoir si les projets de conservation sont viables. Malgré la bonne volonté de tout le monde, l’espèce continue de décliner et il est essentiel de trouver des solutions si on ne veut pas la voir s’éteindre complètement, dit-elle.

«La conservation a un coût pour les municipalités; c’est du développement qu’on ne fait pas et des taxes qu’on ne perçoit pas. On en est conscient et on remercie la Ville de Saint-Constant d’avoir accepté de collaborer.»

Comme maire de Saint-Constant, mais aussi comme préfet de la MRC de Roussillon, Jean-Claude Boyer ne cache pas avoir eu quelques inquiétudes vu ce qui se passe à La Praire. Le projet domiciliaire Symbiocité a été freiné par un décret gouvernemental émis par le fédéral pour protéger la rainette.

Après discussions, il est finalement fier de prendre part à ce projet scientifique.

«Obtenir des données prend du temps, mais on espère que les retombées de cette étude seront profitables pour l’avenir et pour la science», conclut Mme Bouthillier.

 

 

L’importance de la biodiversité

Quand on lui demande pourquoi il est important de sauver cette grenouille, le vétérinaire du Biodôme, Jacques Dancosse, répond toujours la même chose.

«La planète est comme un avion et quand tu commences à enlever des boulons à l’avion, tu le fragilises, image-t-il. Si tu enlèves un boulon comme une rainette faux-grillon, il ne se passera peut-être pas grand-chose au début, mais si tu enlèves un autre boulon, puis un autre, puis un autre; tu risques de faire un trou dans l’avion et de le faire planter. C’est la même chose avec la biodiversité.»