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Prolongement du REM sur la Rive-Sud : «On commence par la fin», estime un expert

le lundi 28 mars 2022
Modifié à 15 h 42 min le 28 mars 2022
Par Michel Hersir

mhersir@gravitemedia.com

Une modélisation du REM de l’Est en 2020, qui proposait également une structure en hauteur. (Photo : Gracieuseté)

Si la région de Longueuil attend depuis longtemps l’arrivée d’un transport structurant sur l’axe du boulevard Taschereau, le choix éventuel d’un prolongement du Réseau express métropolitain (REM), dont le trajet serait en partie dans les airs, fait craindre une cassure dans le paysage. Le Courrier du Sud a abordé ces enjeux avec le professeur de l’Université de Montréal Sylvain Paquette, dont les expertises touchent notamment aux infrastructures de transport et aux paysages urbains.

Proposer une structure en partie aérienne plutôt que d’aborder le projet avec une multiplicité de scénarios à ce stade-ci, c’est prendre le projet par le mauvais bout, estime le professeur.

«Il faut d’abord et avant tout qu’il y ait un diagnostic partagé par l’ensemble des parties prenantes, indique-t-il. On a des besoins en transport collectif, en densification, en développement urbain. Ça ne veut pas dire qu’on va atteindre un consensus, mais à tout le moins, on a besoin d’un minimum de reconnaissance mutuelle.»

Selon lui, l’analyse des besoins spécifiques à l’axe Taschereau doit d’abord être démontrée.

«Il faut considérer la solution, pas uniquement pour elle-même, mais selon la vision de l’aménagement du territoire.»

-Sylvain Paquette, professeur en aménagement

Le professeur souligne d’ailleurs que dans le schéma d’aménagement et développement de l’agglomération de Longueuil, il y a une volonté à moyen et long terme de créer un axe multifonctionnel, d’amener de la densification avec des bureaux et des espaces résidentiels, en plus des commerces.

«Ça m’apparaît important de faire le processus du projet, parce que pour Taschereau, on veut le meilleur aménagement pour les prochaines décennies. Le choix de cette infrastructure de transport va être très important pour assurer les qualités qui sont souhaitables pour l’avenir», soutient-il.

Les «succès» à l’étranger

Utiliser une structure aérienne pour un transport en commun ne sera pas une nouveauté, plusieurs endroits dans le monde ont choisi cette option. Sylvain Paquette se garde toutefois des comparaisons sans contexte.

«Un succès ailleurs ne veut pas dire que le modèle peut s’importer, explique-t-il. Dans le cas de Taschereau, il s’agit d’un tracé linéaire, qui traverse une variété de paysages, de milieux différents, alors il faut voir comment l’infrastructure peut bien intégrer cette variété.» 

Un tramway, par exemple, amènerait une intégration urbaine plus intéressante, croit M. Paquette.

Le professeur de la faculté d’aménagement indique en outre que l’ampleur d’une structure aérienne peut créer un contraste par rapport au contexte urbain environnant.

«L’impression que j’ai, c’est qu’une structure en hauteur risque d’être trop imposante et viendra limiter les possibilités de créer un espace convivial. Le caractère attractif de ce milieu risque d’être freiné.»