Opinion

Protéger les espaces verts à défaut de préserver les terrains de golf ?

le mercredi 03 mars 2021
Modifié à 17 h 33 min le 02 mars 2021
Par Hélène Gingras

hgingras@gravitemedia.com

[caption id="attachment_2906" align="alignleft" width="256"] René Vézina[/caption] Est-ce que parce que nous avons moins eu l’occasion de voyager cet hiver que nous rêvons déjà aux activités que le Québec va nous offrir dès le printemps ? Toujours est-il que le golf, ou plus exactement la situation des clubs de golf, rebondit de semaine en semaine dans l’actualité. La grande région métropolitaine, à commencer par la Montérégie, est directement concernée. Il y a deux semaines, je faisais état de la déconfiture de plusieurs terrains repris par des promoteurs immobiliers parce que l’état désolant de leurs finances ne leur permet plus de survivre. Ce n’est pas une fatalité. En décembre, le journal Saint-François à Valleyfield annonçait que, contre toute attente, «il y aura une saison de golf au club Rivière Rouge», à Côteau-du-Lac, alors qu’on le craignait condamné. Mais ailleurs, l’hécatombe se poursuit. Des administrations municipales s’en émeuvent, pas tant parce qu’elles se désolent de l’avenir des golfeurs et golfeuses que de la perte éventuelle de ces vastes espaces qui servent de poumons dans leur environnement. Le 23 février, les maires de Candiac, Mascouche et Terrebonne déclaraient conjointement dans un communiqué être préoccupés par cette érosion. Ils s’adressaient au gouvernement du Québec pour qu’il participe «à la requalification des terrains de golf en espaces verts». La partie est lancée. Et il y a un précédent. Juste avant les Jeux olympiques de 1976, la Ville de Montréal a transformé l’ancien Club métropolitain et ses 36 trous de golf en un immense parc, le Parc Maisonneuve, qui sert aujourd’hui de grand terrain de jeu dans l’Est de Montréal. On n’a conservé du vénérable club qu’un très modeste 9 trous à l’ombre du Village olympique. Dans ce cas, à part les édifices en forme de pyramides qui composent le Village, il n’y a pas eu d’autre empiètement sur l’ancien club. Il est passé dans le domaine public. Est-ce que ce pourrait être la voie à suivre pour les terrains aujourd’hui convoités par les promoteurs? Imaginez le dilemme de vos administrations municipales. Elles doivent consolider leurs revenus pour continuer à offrir des services de qualité sans avoir à augmenter les taxes. On leur offre en même temps de nouvelles rentrées d’argent par des développements immobiliers sur ces terrains attrayants avec, souvent, des résidences de haut niveau… et assorties de fortes taxes, mais au prix d’espaces verts qui se raréfient dans le Grand Montréal. De là cet appel à l’aide de ces trois maires de la Montérégie qui demandent au gouvernement québécois «que des mesures concrètes soient déployées pour nous donner les moyens de nos ambitions et ainsi protéger des espaces verts importants». Autrement dit, s’ils doivent renoncer à des taxes foncières au nom de l’environnement, qu’on les compense en retour. Que fera Québec?