Automobiles

Qui a 20 ans?

le dimanche 23 juin 2019
Modifié à 4 h 02 min le 25 juin 2019
Le Guide de l'Auto Article par Antoine Joubert

C’est en 1999 que le constructeur Kia, présent aux États-Unis depuis 1994, a fait son entrée sur le marché canadien. Une entrée remarquée, puisqu’il s’agissait de la seconde marque coréenne à débarquer cette même année, après l’arrivée de Daewoo.

À l’époque, Kia ne proposait que deux modèles : la Sephia et l’utilitaire Sportage.

Vous vous souvenez d’ailleurs sans doute de cette amusante publicité où un genre de « Crocodile Dundee » cajun faisait subir les pires sévices au Sportage en criant « Ha Hiiiii !!! ». Une publicité qui avait bien fonctionné, conséquence du succès de ce tout premier Sportage.

Ironiquement, Sephia et Sportage n’ont pas été les premières Kia vendues au pays. Pour la petite histoire, il faut mentionner que Kia commercialisait sous licence, dans les années 80 et 90, des modèles Mazda sur le territoire coréen. Kia avait donc en retour fourni des véhicules à Mazda qui, à son tour, fournissait des véhicules à Ford. Parce qu’il faut se rappeler qu’à l’époque, Ford possédait déjà des parts importantes de Mazda, utilisant d’ailleurs plusieurs de leurs technologies.

Ainsi, la Ford Festiva vendue chez nous n’était en réalité qu’une Kia, vendue ailleurs dans le monde sous le nom de Kia Pride, laquelle a aussi connu du succès en Asie et en Europe sous le nom de Mazda 121. À ce modèle s’ajoutait la Kia Besta 1988, une fourgonnette comparable à la Toyota Van LE, qui a été vendue au Canada via les concessionnaires Mazda, uniquement en 1988, à seulement 300 exemplaires. En existe-t-il encore une aujourd’hui? Allez donc savoir…

En 1999, Kia n’était aucunement connue du grand public. Il n’était donc pas très facile de développer un réseau de concessionnaires, les hommes d’affaires du milieu ne prenant pas au sérieux les ambitions de cette marque coréenne. De ce fait, on avait attribué à prix dérisoire des concessions à qui voulait bien sauter dans l’aventure. Souvent, à de petits marchands de véhicules d’occasion, qui voyaient alors la possibilité d’accéder à la vente de véhicules neufs, leur permettant ainsi de partager des dépenses avec une entreprise parallèle.

Ces derniers ont toutefois été pris de court en constatant l’ascension rapide du constructeur qui, en moins de cinq ans, avait triplé le nombre de modèles proposés. Kia Canada a donc dû par la suite travailler d’arrache-pied pour récupérer des concessions vendues à certaines personnes plus ou moins sérieuses, afin de les revendre à des gens un peu plus visionnaires.

Après seulement quelques années, Rio, Magentis, Sedona et Sorento étaient donc venus prêter main-forte aux Sephia/Spectra et Sportage. Et il faut se rappeler que c’est lors de l’arrivée du premier Sorento que Kia a commencé à être prise au sérieux. Dès lors, les acheteurs de Nissan Pathfinder, Ford Explorer et Jeep Grand Cherokee faisaient le saut chez Kia, acceptant de débourser pour une première fois des sommes qui n’étaient plus attribuables qu’à de petits véhicules bon marché. Ne soyez donc pas étonné si Kia déploie encore beaucoup d’énergie pour la promotion du Sorento, qui demeure à l’échelle nord-américaine son produit le plus important et donc, sa vache à lait. Uniquement l’an dernier, 123 425 Sorento ont trouvé preneur en Amérique du Nord, dont un peu plus de 15 000 au Canada.

Des échecs, Kia en a connu plusieurs. Pensez à l’utilitaire Borrego, qui proposait même un moteur V8, lequel avait été commercialisé en pleine crise automobile, et à une période où le litre d’essence atteignait des plafonds catastrophe. Les ventes de ce modèle ont été si symboliques que Kia a cessé sa commercialisation après seulement deux ans.

On pourrait aussi penser à la berline Amanti, qui avec sa ligne plutôt kitsch, allait devoir rivaliser avec la très convoitée Chrysler 300 de l’époque.

Parmi les faits marquants, mentionnons une amélioration marquée de la qualité des produits découlant du rachat du constructeur par Hyundai. La Magentis, dérivée de la Hyundai Sonata, ainsi que les Rio et Sportage 2005, basés sur les Accent et Tucson, allaient donner un nouvel essor à l’entreprise.

Puis, l’arrivée de Peter Schreyer, grand designer provenant de chez Audi et à qui l’on doit la première TT, allait complètement changer l’image de ce constructeur qui, encore aujourd’hui, est réputé mondialement pour la beauté de ses designs automobiles. Sa première réalisation complète aura été lancée en 2009, et connait encore aujourd’hui un succès monstre. Il s’agit de la Kia Soul, entièrement renouvelée pour 2020, laquelle conserve tout de même l’ADN du modèle initial.

Kia Canada, qui a récemment abandonné les modèles Rondo et K900, et qui laissera prochainement tomber la berline Cadenza, plafonne depuis quelques années au chapitre des ventes. Une diminution d’environ 5% de ses ventes a été enregistrée en 2018, un recul deux fois plus élevé que la moyenne de l’industrie. Le constructeur, qui comme bien d’autres, capitalise sur les VUS et multisegments, mise ainsi sur le succès de la Soul, mais aussi sur celui de son nouvel utilitaire grand format, le Telluride.

Terminons en mentionnant que Kia propose pour 2020 deux nouveaux véhicules 100% électriques, dont l’autonomie atteint près de 400 kilomètres. D’abord, la Soul Electric, également offerte avec une autonomie moindre, ainsi que la Niro EV. Des véhicules qui débarquent chez nous à un moment opportun, en espérant toutefois que Kia soit en mesure de suffire à la demande, ce qui n’a pas été le cas jusqu’à présent.