Actualités
Opinion

En réponse à la lettre sur la neutralité religieuse

le mercredi 17 janvier 2018
Modifié à 11 h 46 min le 17 janvier 2018
Par Hélène Gingras

helene_gingras@gravitemedia.com

À Islam Touni,

Vous avez exprimé publiquement votre mécontentement face à la Loi 62 sur la neutralité religieuse dans une lettre d’opinion publiée le 29 novembre.

Je suis mécontent aussi, mais pour des raisons différentes: je trouve que cette loi ne va pas assez loin.

Vous dites que vous êtes d’ici et que vous avez reçu votre instruction dans nos écoles québécoises. En ce qui concerne la valeur d’égalité entre les femmes et les hommes, elle n'est certainement pas reflétée dans vos propos, ni par le vêtement que porte votre femme. Le niqab est, pour la majorité des Québécois et Québécoises, une démonstration insultante de votre perception de l’inégalité des sexes.

Les Québécoises ont mis des années à se débarrasser avec raison des symboles religieux d’inégalité et ce, très difficilement. Et maintenant vous nous demandez de respecter ce qui pour nous n'est pas respectable, de tolérer l’intolérable et de faire reculer les droits des femmes. Je suis outré!

Vous parlez de respect, d’ouverture, de tolérance et de solidarité. Mais où est votre respect de nos valeurs de laïcité et d’égalité des sexes?

Si des sanctions étaient imposées seulement aux femmes à visage caché, ce serait injuste. Car le mari, ou la personne ayant une soi-disant «autorité» religieuse sur cette femme, devrait être sanctionné aussi. C’est en ce sens que je trouve que la Loi 62 ne va pas assez loin.

Contrairement à ce que vous dites, celle-ci se base sur l’égalité de sexes. C’est plutôt vous, vos pratiques aberrantes et vos doctrines venues d’ailleurs qui créent ces situations d’exclusion et d’inégalité.

Le gouvernement, malgré la faiblesse de cette loi, tient à légiférer pour empêcher l’expression publique de l’inégalité des sexes. Une tenue vestimentaire acceptée en société et conforme à nos valeurs est un atout majeur à l'intégration et à l'acceptation sociale. L'inverse est le plus souvent perçu comme un refus ou même un rejet actif de nos valeurs. On a vu ailleurs qu'un vêtement peut aussi porter un lourd message politique et provoquer des réactions négatives.

Vous dites être Québécois, alors je ne comprends pas que vous n’ayez pas encore saisi cette simple réalité.

Vous dites: «Depuis quand on se base sur la majorité pour protéger les droits et libertés de minorités?» Voilà le raisonnement tordu du multiculturalisme qui empoisonne de plus en plus la société québécoise: le devoir d’intégration est inversé. Alors donc ce serait à la majorité de se plier aux demandes des minorités même si celles-ci heurtent violemment les valeurs que nous avons mis des années à établir. D'ailleurs, il reste encore beaucoup de chemin à faire pour atteindre l’égalité en toutes choses.

Nous sommes très nombreux au Québec, une majorité selon certains sondages, à ne pas accueillir la doctrine ou politique du multiculturalisme. Je vous prie d'accepter notre spécificité québécoise à ce propos, puisque c'est au Québec que vous vivez. Ce n'est pas la majorité mais bien vous qui créez le «nous» et le «eux» dont vous parlez. Vous pervertissez le sens de la Loi 62 en disant qu’elle aurait pour but de dénigrer une minorité. Cette loi cherche à forcer un aspect du respect de nos valeurs, respect que je vous prie de manifester pour nous.

D’ailleurs, si la Loi 62 était renversée par un jugement de la Cour suprême, ce serait bien entendu à l’encontre de la volonté du Québec. J’espère que vous ne vous réjouiriez pas d'une telle défaite des gens qui ont accueilli un grand nombre de vos coreligionnaires venus de l’étranger. Je trouve odieux que plusieurs associations musulmanes se préparent activement à contrecarrer ce que nous avons si difficilement réussi à accomplir.

Des islamistes m’accuseront sûrement de racisme, ce qui est une démonstration de plus de leur perversion du langage et de leur intolérance face à la critique de leurs symboles, de leur religion et de la charia. Le Québec entier a failli récemment passer en jugement devant une commission qui prenait pour acquis que nous sommes des racistes «systémiques». La pression populaire a heureusement permis de bloquer cette folie. C’est dire à quel point des islamistes bénéficient de la complaisance de notre gouvernement qui s’entête à ne pas voir les effets pervers que leur idéologie a entraîné dans certains pays.

Peu m’importe que des femmes fassent elles-mêmes le choix de porter le niqab, le tchador ou la burqa, comme vous le dites. Cette petite minorité agresse la majorité par son irrespect de nos valeurs. Le libre-choix en soi n’est pas le critère de recevabilité en société.

Je vous invite simplement, ainsi que tous vos coreligionnaires, à apprendre à respecter nos valeurs.

Daniel Dion

Saint-Constant