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Transbus investit dans les autobus scolaires électriques «pour donner l’exemple»

le jeudi 10 octobre 2019
Modifié à 8 h 27 min le 10 octobre 2019
Par Michel Thibault

mthibault@gravitemedia.com

La compagnie Transbus à Châteauguay a acquis ses tout premiers autobus scolaires électriques. Le virage recèle des défis considérables pour l’entreprise, témoigne son président, Stéphane Tremblay. Ses filles et les milliers d’enfants que ses véhicules transportent l’ont motivé. «On a reproché aux politiciens avant notre génération de nous avoir endettés. Mais nous, notre héritage, c’est quoi ? Qu’on a scrapé la planète ?» lance Stéphane Tremblay. «À 50 ans, je ne pense pas que les GES vont me nuire. Mais mes filles qui ont 21 et 23 ans vont peut-être payer la facture. Alors je veux faire ma part. Il faut donner l’exemple à nos jeunes. L’éducation commence dans l’autobus scolaire», exprime-t-il. Il pense aussi à l’impact actuel des véhicules traditionnels sur les jeunes. «On transporte notre futur avec un gros moteur diesel qui pollue», déplore Stéphane Tremblay. «Il y a deux ans, je n’aurais pas dit ça, confie-t-il. C’est la preuve que nos jeunes peuvent nous faire changer.» Grands enjeux Sur une flotte de 300 autobus jaunes, Transbus en compte 8 électriques, acquis du manufacturier Lion à Saint-Jérôme. Cinq qui roulent dans la région de Châteauguay et trois sur le territoire de la Commission scolaire de la Vallée-des-Tisserands. Ils se distinguent par leurs pare-chocs bleus. M. Tremblay souligne que le passage du diesel à l’électricité exige des investissements majeurs. Les modèles électriques coûtent près du triple d’un diesel. Des subventions contribuent à réduire la facture. «On a une aide provinciale. Les gouvernements s’impliquent un peu. On ne peut pas dire qu’ils ne font rien du tout», note-t-il. Les autobus à batterie possèdent entre 100 et 250 km d’autonomie. Pour les charger rapidement, notamment entre les services du matin et du soir, Transbus a dû adapter ses installations électriques. «Il a fallu creuser, changer l’entrée électrique. Ça représente des immobilisations majeures», fait part Stéphane Tremblay. Il insiste pour dire qu’il n’aurait pu aller de l’avant sans la «collaboration» de la Commission scolaire des Grandes-Seigneuries et de la Commission scolaire de la Vallée-des-Tisserands. Les deux ont accepté de prolonger leurs contrats avec Transbus pour une durée de huit ans comme la loi le permet pour soutenir l’électrification des transports. «Il restait trois ans aux contrats. Amortir sur trois ans n’aurait pas fonctionné», précise l’homme d’affaires. Changement majeur Stéphane Tremblay a salué la collaboration de tous ses employés qui ont mis l’épaule à la roue. «C’est un travail d’équipe. Il a fallu que les chauffeurs embarquent. Conduire un véhicule électrique, c’est complètement différent. Ils ont dû suivre des cours», a-t-il illustré. L’impact est aussi important pour les mécaniciens de l’entreprise. L’équipe des finances a également contribué en se penchant, entre autres, sur l’économie de diesel, la réduction des gaz à effet de serre et l’amortissement. À ce sujet, M. Tremblay indique qu’il reste une grande part d’inconnu. «On n’est pas capable d’évaluer l’amortissement. La loi nous permet d’utiliser un autobus pendant 12 ans. Le véhicule électrique est nouveau. On ne sait pas si les batteries vont durer 12 ans. Si elles ne fonctionnent plus dans huit ans, l’autobus ne pourra plus être utilisé; c’est ce qui coûte le plus cher dans le véhicule, les batteries. Ça ne vaudra pas la peine de les changer, explique l’homme d’affaires. On prend un risque. On n’a pas le choix.» Du diesel pas brûlé Au net, c’est l’impact positif sur l’environnement qui pèse dans la balance. Un autobus traditionnel retiré de la route représente «45 litres de diesel au 100 km pas brûlés», fait valoir Stéphane Tremblay. À cette donnée, dit-il, il faut ajouter la diminution d’émission de GES liée au transport par bateau et par camion ainsi qu’au traitement du carburant. Le modèle électrique, précise-t-il, consomme de 2 à 3 litres de diesel par année. Ce, hiver oblige, pour alimenter une petite chaufferette auxiliaire qui tirerait trop de courant des batteries. Chantant À basse vitesse, l’autobus électrique est silencieux. Ce qui peut constituer un danger à proximité d’êtres vivants. Pour signaler sa présence lorsqu’il roule à moins de 30 km/h, le véhicule diffuse une chanson. Autobus électriques Lion – Coût entre 265 000 $ et 300 000 $ comparé à environ 90 000 $ pour un diesel
  • Subvention provinciale de 100 000 $
  • Autonomie de 100 à 250 km par recharge
  • Véhicules 100 % assemblés par Lion
  • Fait de polymère non sujet à la corrosion
  • Jusqu’à 335 chevaux-vapeur
  • Temps de recharge de 4 à 6 heures
  • Plus de 200 unités livrées au Québec et aux États-Unis
  • Tout premier autobus scolaire électrique livré en 2016
  • 300 unités sur les routes de l’Amérique du Nord d’ici 2020
  • 180 employés + 50 à 70 d’ici la fin de 2019
  • 100 % génie québécois
  • Plus gros fabricant en Amérique du Nord
  • Appel d’offres gagné d’un organisme de la Californie de 200 autobus
  • Un véhicule équivaut à soustraire cinq voitures de la route ou éliminer 23 tonnes de GES
(Source : La compagnie électrique Lion) Chapeau La compagnie électrique Lion se réjouit du virage de Transbus. «On lève notre chapeau à l’entreprise. On veut saluer les gens comme Transbus», affirme Patrick Gervais, porte-parole de l’entreprise. Il convient que le passage du diesel à l’électricité représente des investissements importants. «Par contre, quand on considère le coût d’acquisition et les opérations, c’est très avantageux», affirme M. Gervais. «C’est 60 % moins de maintenance», illustre-t-il.