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Tué par la cigarette

le mercredi 23 mars 2016
Modifié à 0 h 00 min le 23 mars 2016
Par Hélène Gingras

hgingras@gravitemedia.com

«Le meilleur ami de Daniel regrette de ne pas avoir enregistré sa respiration dans les dernières heures de sa vie. C’était intenable. On venait les yeux pleins d’eau en demandant au bon Dieu de venir le chercher au plus vite.»

Celle qui parle, c’est Nathalie Brisson, la conjointe des six dernières années de Daniel Roy. Son chum s’est éteint le 22 janvier, à l’âge de 52 ans, trois mois après avoir été diagnostiqué d’un cancer des poumons de stade 4. Il avait fumé toute sa vie.

Selon elle, ses derniers souffles auraient fait une publicité-choc pour sensibiliser les gens aux ravages de la cigarette.

Optimiste, M. Roy pensait s’en sortir et les médecins le croyaient aussi, mais il n’a pas eu le temps de subir un seul traitement de chimiothérapie. Son état de santé s’est dégradé à la vitesse grand V en quelques semaines.

«À l’hôpital, Daniel n’arrêtait pas de dire: Je suis donc ben cave. Si j’avais arrêté de fumer, je ne me serais pas rendu ici. Même si sa vie en dépendait, il n’était capable d’arrêter complètement. Il était accro à 200 milles à l’heure. Qu’est-ce qu’ils mettent comme cochonnerie là-dedans?» demande la résidente de Delson.

Son histoire

Tout a commencé par une petite bosse sous l’aisselle du résident de Saint-Hubert, découverte à la fin octobre. Une petite masse qui le fatiguait plus qu’autre chose en raison de son emplacement dans le pli du bras. M. Roy a alors fait un bilan de santé.

Un pneumologue de l’hôpital Pierre-Boucher à Longueuil rendait son verdict quelques jours plus tard: cancer des poumons. M. Roy a ensuite appris qu’il avait deux lésions au cerveau en raison de métastases qui s’y étaient propagées. La bosse sous son bras cachait aussi des ganglions cancéreux.

«Il n’avait aucuns symptômes. Il n’était pas souffrant. S’il n’avait pas découvert la bosse sous son pli du bras, il ne serait jamais allé voir le médecin», rapporte sa conjointe.

Néanmoins, le médecin était optimiste pour la suite des choses, mais rien ne s’est déroulé comme prévu.

«Le but était de stopper la maladie avec de la chimiothérapie pour éviter qu’elle se propage. Daniel aurait pu vivre encore quelques années», poursuit Mme Brisson.

Deux jours après avoir subi une intervention au laser pour détruire avec succès les métastases au cerveau, M. Roy a fait une crise de convulsions. On lui a alors retiré son permis de conduire.

De retour chez lui, son état de santé s’est détérioré pendant les Fêtes. Il s’est mis à avoir mal partout et à être fatigué constamment. Il l’ignorait à ce moment-là, mais le cancer s’était propagé dans ses os.

«Daniel demeurait optimiste, raconte sa conjointe. Il s’accrochait au fait qu’il allait aller mieux une fois que ses traitements de chimiothérapie commenceraient en janvier.»

Or, quand il est allé à l’hôpital, on l’a gardé tellement il était mal en point. Une dizaine de jours plus tard, il a fait un accident cérébro-vasculaire en signant, complètement dépassé par les événements, une autorisation de transfert pour une maison de soins palliatifs. Plongé dans un semi-coma, il est mort 30 heures plus tard dans de grandes souffrances, le 22 janvier.

«Parfois, on entend les gens parler de mort paisible avec le chant des oiseaux, je peux vous dire que ce n’est pas ce qu’on a connu», déclare Nathalie Brisson.

Son chum avait essayé d’arrêter de fumer plus d’une fois, en vain.

«Aujourd’hui, quand je vois des gens qui fument, j’ai envie d’aller leur raconter ce que Daniel a vécu», confie Mme Brisson.

 

Cinq faits sur le cancer des poumons

-Plus de 85 % des cas de cancer du poumon sont liés au tabagisme au Canada.

-Les causes du cancer des poumons sont le tabagisme, l’exposition à la fumée secondaire ou à des particules cancérogènes (radon, amiante, <@Ri>etc.<@$p>)

-Ce cancer est particulièrement menaçant, car il peut plus facilement se propager dans le reste du corps que d’autres types de cancer.  

-C’est la principale cause de décès par cancer au Canada, autant chez les hommes que chez les femmes.

-Le taux de survie des personnes atteintes de ce cancer, 5 ans après le diagnostic, est de 17 % chez les femmes et de 14 % chez les hommes.

(Sources: Société canadienne du cancer et passeportsanté.net)

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