Un Constantin à la santé de fer souffle 100 bougies

Le 31 mars, Roger Séguin célébrait son 100e anniversaire. Quand on lui a demandé le secret de sa longévité, son gendre a répondu: «un intérieur en stainless».

«Je suis chanceux, je ne connais pas ça être malade, dit le centenaire, l’œil vif. J’en reviens pas, je n’ai même pas un petit rhumatisme, rien. Mais je vais arrêter de me péter les bretelles, sinon je vais me faire punir.»

Il est certain que ses jambes sont moins solides, concède-t-il. Sa mémoire flanche aussi un peu à l’occasion, mais avec un disque dur contenant 100 ans d’archives, on peut comprendre que certains souvenirs se soient égarés.

Fumeur de longue date – il a arrêté il y a six ans! –, M. Séguin dit en avoir «marché un coup» à l’époque où il était facteur. Il a exercé cette profession de 29 à 65 ans. Avant de distribuer le courrier, l’homme a servi dans la Marine canadienne durant la Seconde Guerre mondiale.

«On était en pleine crise, alors je me suis porté volontaire pour m’enrôler, dit-il. Même si ce n’était pas toujours drôle, je n’ai pas eu de choc post-traumatique à mon retour. J’étais peut-être plus nerveux au début, mais sans plus.»

C’est un collègue de la poste qui lui a présenté sa femme avec qui il a eu trois enfants. Celle-ci est décédée d’un cancer des os en 1999.

Autonome

M. Séguin partage une maison intergénérationnelle avec sa fille et son gendre. Autonome, il habite un petit appartement trois-pièces avec balcon et porte indépendante où il fait sa cuisine ainsi que sa lessive.

Il aurait très bien pu continuer à vivre seul dans son triplex de Montréal, mais sa fille lui a offert de venir habiter avec elle pour pouvoir le voir plus souvent. Ils ont donc emménagé à Saint-Constant en 2002.

L’homme qui a conduit son véhicule jusqu’en novembre a seulement besoin de se faire déposer à l’épicerie ou à la pharmacie pour faire ses courses.

Sans être connu comme Barabbas dans la Passion, M. Séguin est assez apprécié du voisinage. En témoigne une carte de souhaits qu’il a reçue des employés de la pharmacie qu’il fréquente. Au moment de l’entrevue, il redoutait aussi que sa fête soit soulignée lors de sa prochaine visite à l’église.

Serein face à la mort

Troisième d’une famille de cinq enfants, Roger Séguin est le seul toujours en vie.

«C’est le cours de la vie de perdre des gens, confie-t-il serein. Ils sont tous morts à 90 en montant, alors ils ont eu le temps de vivre de beaux moments.»

Et lui, a-t-il peur de la mort?

«J’aurais pu mourir à la guerre dans de bien pires conditions… quand tu perds un de tes chums dans tes bras et que du sang lui coule dans le dos, tu te considères très chanceux d’être en vie par la suite.»