Culture

Un Constantin découvre André Leclerc différemment en signant sa biographie

le jeudi 03 décembre 2020
Modifié à 10 h 19 min le 03 décembre 2020
Par Vicky Girard

vgirard@gravitemedia.com

Il y a de ces opportunités professionnelles qui sont inattendues et deviennent des expériences de vie inoubliables. Ce fut le cas pour René Kirouac lors de l’écriture de la biographie Tout est possible! d’André Leclerc, un homme limité physiquement, mais «que rien n’arrête». Les deux hommes se sont liés d’amitié durant cette aventure qui a duré quatre ans.   M. Kirouac a d’abord connu André Leclerc, atteint de paralysie cérébrale, en travaillant dans l’industrie touristique. Ils se sont côtoyés chez Kéroul, un organisme à but non lucratif fondé en 1979 dont l’objectif est de rendre le tourisme et la culture accessibles aux personnes ayant des capacités physiques restreintes. Le résident de Saint-Constant était pigiste dans le domaine des communications. Il ne se doutait pas que le fondateur de l’organisme lui demanderait d’user de sa plume pour relater sa vie sur papier. «Il cherchait quelqu’un et il me voyait travailler depuis cinq ans pour son organisme. Mon travail était apprécié. Alors, en 2015, il m’a demandé d’écrire sa biographie. J’ai dit oui, mais je ne pensais pas tomber dans un plat de bonbons comme ça», confie-t-il. La suite représente 120 personnes rencontrées lors de 85 entrevues. En termes d’heures, c’est plus d’un an à temps plein étalé sur quatre, précise M. Kirouac.
«Il a transformé son combat personnel en cause sociale.» -René Kirouac
«Vous connaissez déjà André Leclerc sans le connaître: c’est lui qui a été consulté par l’humoriste Jean-Marc Parent pour la gestuelle dans le numéro qui a lancé sa carrière, L’handicapé», écrit le biographe à l’endos de l’ouvrage de 404 pages qu’il signe. En plus de lui laisser la pleine liberté pour l’écriture, M. Leclerc a permis à son biographe de prendre tout le temps nécessaire pour le faire. «On a appris à se connaître tellement. J’ai connu sa famille, je suis allé aux noces de son frère en Beauce. Parfois il était seul et sa famille lui demandait où j’étais!» blague M. Kirouac. Bien que l’humour ait été partie prenante de leur aventure et de la vie de M. Leclerc, l’auteur tenait quant à lui à ne pas en abuser. «Je lui ai répété souvent que sa vie, ce n’est pas une joke. Mais il y a quand même du rigolo. Ça fait partie de lui», dit-il. De combat personnel à cause sociale M. Kirouac a été impressionné autant par la façon de M. Leclerc de défier les limites de son fauteuil roulant que de s’impliquer pour que le tourisme et la culture soient accessibles aux individus limités physiquement. «Pour donner un exemple, à 21 ans, seul sur son fauteuil roulant, il a fait du pouce de Montréal à Chicoutimi. Il s’est rendu jusqu’à Québec! Il n’y a rien qui l’arrête», raconte l’auteur. Il ajoute que l’image sur la page couverture, où l’on peut voir M. Leclerc faisant du pouce, a été inspirée par cette anecdote qui l’a rendu célèbre. André Leclerc avait un rêve bien précis, soit celui de vivre «normalement». «Dans la vie, je veux me marier, avoir des enfants, une maison, une auto et une job», peut-on lire dans un extrait de la biographie. «C’est devenu sa légende. Ça manifestait son audace et sa détermination, mais aussi son envie de voyager et de se déplacer», dit M. Kirouac. Financement Les fonds amassés grâce aux ventes de la biographie vont en totalité à l’organisme Kéroul. Elle est disponible au keroul.qc.ca en version imprimée, électronique et audio.