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Un couple isolé en raison du processus de parrainage ralenti par la COVID

le mercredi 05 août 2020
Modifié à 8 h 13 min le 05 août 2020
Par Eric Tremblay

etremblay@gravitemedia.com

Lyne Gendron devait être à quelques semaines seulement d’accueillir son mari. Lewis Francisco vit en République dominicaine où elle l’a rencontré il y a quatre ans. Ils rêvent d’avoir un enfant et de s’établir à Valleyfield, mais les délais dans le traitement de demande de parrainage explosent.

Depuis décembre 2018, elle est mariée à l’élu de son cœur après deux ans de fréquentation à distance. Trois fois par année, Mme Gendron se rend en République dominicaine. Le 23 septembre 2019, le processus de parrainage a été entrepris auprès des instances gouvernementales. Un processus qui prend généralement 12 mois. On doit d’abord obtenir un Certificat de sélection du Québec (CSQ) document nécessaire pour l’attribution de la résidence permanente par le gouvernement fédéral. Une réponse pour un CSQ devrait être formulée dans un délai de 25 jours; huit mois plus tard, le couple se retrouve toujours plongé dans l’incertitude.
Francisco doit venir vivre au Québec, mais les délais dans le traitement des demandes de parrainage ont explosé en raison de la COVID.
«Nous vivons constamment dans l’anxiété que notre dossier soit refusé et que nos plans d’avenir tombent tous à l’eau, avance Lyne Gendron. Je m’inquiète constamment pour lui et ses deux jeunes enfants à cause de la COVID-19, de l’économie et des tempêtes tropicales qui causent de grosses inondations et des glissements de terrain. L’anxiété que je vis depuis le début de la pandémie est à son plus fort.  J’ai pris 20 livres et c’est sans compter toutes mes nuits d’insomnie.»

Des projets en suspens

M. Francisco projette retourner à l’école une fois arrivée au Québec. Le couple aimerait aussi s’acheter une maison et avoir un enfant. Plus le temps avance et plus le couple craint de voir des opportunités leur filer entre les doigts. «La situation actuelle complique beaucoup les choses pour notre projet d’avoir un enfant, car le temps passe et je dois absolument avoir recours à la fécondation in vitro, mentionne Lyne Gendron.  Avec le temps de traitement que prennent les demandes de parrainage actuellement, nous sommes en train de nous dire que nous devrons peut-être abandonner le projet d’avoir un enfant ensemble, car j’ai eu 40 ans cette année et il y a encore des gens en entente devant nous. Depuis beaucoup plus longtemps.»
Le 3 janvier est la dernière fois que Lyne et Francisco se sont vus.

Manifestation à Montréal

L’obtention du CSQ est obligatoire pour continuer le processus de regroupement familial au fédéral. La COVID est venue allonger les délais de traitement de parrainage déjà en retard. Le télétravail et le fait que les formulaires doivent tous être sous format papier sont des éléments qui ralentissent le travail. Plusieurs hommes et femmes, comme elle, se sont unis pour faire bouger les choses. Quelques centaines sont attendus devant les bureaux de l’Immigration à Montréal pour une manifestation samedi à midi. «Nous demandons au gouvernement du Québec de rétablir les délais de 25 jours pour le traitement des demandes de CSQ de regroupement familial, conformément à la déclaration des services à la clientèle du ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration, explique Lyne Gendron.  Ces délais excèdent maintenant sept mois.  Au niveau fédéral, nous revendiquons la création d’un nouveau programme de Visa de résidence temporaire spécial ou la modification d’un programme existant, qui permettrait aux familles de se rendre au Canada et d’y demeurer jusqu’à la conclusion du processus de parrainage familial.  La crise sanitaire mondiale n’étant pas sur le point de se résorber, il serait logique de régler des problématiques hors de l’ordinaire par des solutions extraordinaires. » Ils sont plus de 3000 sur les réseaux sociaux à partager leurs soucis vis-à-vis la situation. Des couples qui souffrent d’un isolement prolongé.

Le voir à tout prix

La dernière fois que Lyne et Lewis se sont embrassés, c’était le 3 janvier. Ils gardent contact en s’écrivant beaucoup et par messages vocaux, soit les moyens de communication les plus adéquats avec les capacités Internet de la République dominicaine. Un couple uni, malgré l’éloignement. «Je retournerai en République dominicaine le 12 septembre prochain pour un mois, assure Lyne Gendron.  Je sais pertinemment que je risque soit de perdre mon argent, soit de tomber malade, mais une chose qui est certaine, je ne laisserai pas passer un an sans voir mon mari.»