COVID-19

Un détaillant obligé de fermer crie à l’injustice

le mardi 14 avril 2020
Modifié à 8 h 34 min le 14 avril 2020
Par Audrey Leduc-Brodeur

aleduc-brodeur@gravitemedia.com

Marc-Olivier Lanctôt conçoit difficilement qu’il ait été obligé de fermer son commerce de matériaux de construction en vertu des directives gouvernementales, alors que ses compétiteurs à grande surface ont l’autorisation de poursuivre leurs activités. Le propriétaire de Lanctôt, couvre-sol et design demande au gouvernement de rétablir ce qu’il qualifie d’une «injustice concurrentielle». L’entrepreneur, qui opère à Saint-Isidore et Longueuil, a fait parvenir une lettre d’opinion à Gravité Média «pour mettre en lumière une situation que les entrepreneurs et les propriétaires de PME locales vivent à travers la crise du COVID-19, et des conséquences de certaines incohérences auxquelles nous sommes exposées». M. Lanctôt fait valoir que les bannières en quincaillerie «n’ont pas dû fermer leurs portes ni même adapter leur offre de produits et services sous réserve qu’ils seraient porte-étendards des services essentiels». Il cite notamment Rona, Home Depot, Canac et BMR, qu’il accuse de faire preuve d’opportunisme. Dans un contexte où les Québécois entreprennent des rénovations, font des travaux de peinture ou portent attention à la décoration de leur maison, les quincailleries font des affaires d’or en temps de pandémie. Pour l’entrepreneur qui doit regarder la parade passer, les conséquences sont majeures. «Les ventes qui devaient être reportées dans le temps et «mises sur pause» sont en réalité redirigées vers ces organisations qui peuvent toujours les recevoir. Nos précieux clients initient de cette façon de nouveaux projets chez nos compétiteurs et dans certains cas, annulent leur commande chez nous. Nous devrons donc absorber des dépenses causées par des annulations en plus de perdre d’importants revenus dans un contexte extrêmement éprouvant financièrement», déplore-t-il. M. Lanctôt raconte avoir reçu plusieurs courriels et appels de clients voulant prendre possession du matériel commandé et stocké dans les entrepôts de l’entreprise. «Lorsque je dois poliment refuser en leur rappelant nos obligations, je reçois des annulations, des «vous comprendrez M. Lanctôt que mes rénovations vont continuer». Les autres appels, ce sont des annulations, à coup de centaines à travers notre organisation», résume-t-il. L’entrepreneur en va jusqu’à implorer le gouvernement «d’imposer des règles commerciales plus sévères et plus équitables pour le bien de la santé publique, pour la protection des employés du commerce de détail et pour tous ces commerces de détail non-essentiels qui doivent encaisser le coût de cette injustice concurrentielle». Selon lui, les commerces essentiels de son milieu devraient fermer leurs sections de produits non-essentiels. Il les invite aussi à demander aux clients ce qu’ils cherchent dès leur entrée, afin d’en évaluer la nécessité. «Ainsi, en mon sens, il serait mal justifié de permettre l’achat d’un ensemble de jardin ou d’un barbecue comme étant une nécessité de base», remarque-t-il. «Le temps file, ajoute-t-il, et je ne souhaite pas enterrer avec mes collègues entrepreneurs de belles entreprises, victimes non seulement de la crise du COVID-19, mais surtout de l’inégalité concurrentielle engendrée par cette situation.» À lire aussi Un employé reproche le magasinage non urgent de clients