Sports

Un jeune prodige du sport de 11 ans a déjà 127 trophées

le mardi 18 juin 2019
Modifié à 8 h 16 min le 18 juin 2019
Par Katherine Harvey-Pinard

kharvey-pinard@gravitemedia.com

Pas moins de 127 médailles et trophées, soit 63 premières places, 29 deuxièmes places et 35 troisièmes places, dans 67 compétitions et 162 catégories différentes. La récolte d’Emmanuel Hénault semble être celle de toute une vie. Elle est plutôt celle d’un jeune garçon de 11 ans, en à peine 5 ans de compétition. Emmanuel s’entraîne assidûment au Kixx Universel Taekwondo, dans l’arr. de Saint-Hubert. Par assidûment, on parle de 5 fois par semaine, en cours privés et de groupe, en compagnie de son maître Pierre Scanzano, bien connu dans le milieu des arts martiaux en raison de ses 50 ans de carrière. Des jeunes, M. Scanzano en a vus; il a formé plus de 20 champions du monde et une centaine de champions canadiens. Emmanuel est toutefois dans une classe à part, selon lui. «Ça va être une des plus grosses machines que j’ai bâtie dans ma vie», explique-t-il de façon imagée. Le maître et son élève se rendront d’ailleurs aux Championnats du monde WKC, en novembre prochain. Pour l’entraîneur, il ne fait pas de doute qu’Emmanuel y sera sacré champion. «C’est très rare que je me trompe», affirme-t-il, confiant. Emmanuel est présentement ceinture rouge barre noire en taekwondo et en kickboxing. Il devrait être ceinture noire dans un an et demi, selon son maître. Il est champion provincial et canadien WKC et WKU en titre en kickboxing et en karaté. Il a également remporté le Quebec Open, une compétition internationale.   De l’énergie à revendre Emmanuel Hénault a commencé le taekwondo à 3 ans, mais c’est à 5 ans qu’il a fait son arrivée au Kixx Universel Taekwondo. Ses parents l’ont d’abord inscrit parce qu’il était «une petite boule d’énergie». «Ça lui a permis de trouver un équilibre, explique son père, Jean-François Hénault. Pierre lui a imposé une certaine discipline; ensuite, c’est venu par lui-même.» «S’il y a quelqu’un qui a fait beaucoup de push-ups, c’est lui!, approuve M. Scanzano. Parce que du point de vue comportement, j’ai eu de la misère avec lui au début; il parlait trop, n’écoutait pas, n’était pas concentré. Ç’a duré 2 ½ ans. Mais après, c’était fini les push-ups. Il est maintenant discipliné, il sait ce qu’il veut, il pose de bonnes questions aux bons moments. C’est un modèle pour les autres enfants que j’ai ici.» Emmanuel lui-même ne se le cache pas; il était malcommode! «Quand je suis arrivé, je vais être honnête, je niaisais. Mais après environ 2 ans, j’étais correct. Maintenant, je suis l’exemple», affirme-t-il dans toute sa candeur. Le sympathique jeune garçon est un passionné comme il s’en fait peu. «J’aime dépenser mon énergie. J’aime frapper! Du monde, mais avec des équipements», précise-t-il. Et devant tous ses trophées présentés sur le sol devant lui au dojo, le principal intéressé réalise l’ampleur de ce qu’il a accompli jusqu’à maintenant. «Quand je les regarde là, je suis impressionné!» lance-t-il.   Travail acharné Selon les dires de Pierre Scanzano, Emmanuel n’est pas un «naturel»; c’est plutôt le travail acharné et la détermination qui lui permettent de performer comme il le fait. «Ce que j’aime avec Emmanuel, c’est qu’il est tellement focus, tellement dur avec lui-même, révèle-t-il. Il ne se donne pas de break. Il vient ici et il travaille à 110% dans ses cours. Fatigué ou pas, il vient. Ça ne lui tente pas, il vient quand même. S’il est malade, s’il a un bras cassé, il s’assoit et regarde.» «Ce dont je suis le plus fier, c’est qu’il gagne à cause du travail qu’il a accompli, souligne Jean-François Hénault. On le voit dans les compétitions. Il est extrêmement focus. Avant ses combats, il marche, dans sa bulle. Aux Championnats canadiens, son combat a été retardé de 4 heures et il a marché 4 heures dans un gymnase, seul, sans parler à personne, pour rester dans sa bulle. Ce n’est pas normal!» s’exclame-t-il. Emmanuel prend part à environ 25 compétitions par année. Il se bat toujours dans au moins 4 catégories. «C’est beaucoup de stress, dit celui qui a célébré ses 11 ans le 9 juin. Mais je suis habitué maintenant. Je suis plus calme. Il y a toujours un petit peu de stress, mais moins qu’au début. Mais je commence tout juste ma carrière hein!» De bonnes notes En plus d’exceller dans les arts martiaux, Emmanuel performe sur les bancs d’école. Entre autres parce que s’il n’a pas de bonnes notes, ses parents coupent du temps pour les arts martiaux. Qui plus est, le jeune garçon a un objectif bien précis. «Je suis en 5e année, dit-il. Je n’ai pas d’examens du ministère, mais je veux aller en sport-études karaté au secondaire à l’école De Mortagne et c’est cette année qu’ils regardent mes notes.» Mais avec l’été qui arrive, Emmanuel s’entraînera 3 fois par semaine au lieu de 5. «Il faut que je l’arrête, sinon il va se tanner, comme tout le monde, observe Pierre Scanzano. C’est sa passion, je ne vais pas la lui enlever, mais il y a un temps pour prendre un break et il y a un temps pour s’entraîner.»   Le sport et ses bénéfices Que son fils gagne ou pas, Jean-François Hénault est heureux de le voir s’épanouir. «Je lui souhaite de continuer de se réaliser dans le sport, souligne-t-il. C’est un tout. Le sport fait que ça le motive d’avoir de bonnes notes à l’école. Le fait qu’il s’entraîne comme ça, il arrive à la maison le soir et il dort, ce qui n’était pas le cas quand il était plus jeune. Ça lui a donné de la confiance en soi, de la discipline, beaucoup de respect et ça lui a appris à mettre des règles en application. Il est reconnu comme un compétiteur très respectueux.» De son côté, Emmanuel caresse un très grand rêve. «Être champion du monde! Là, je vise WKC parce que j’ai gagné aux Championnats canadiens WKC. Ça me donne un petit boost et la confiance. Il y aura peut-être d’autres gars aux Championnats du monde que j’aurai déjà battus. Donc dans leur tête, ils vont se dire “Oh non, Emmanuel est là, je vais perdre!” Tout est dans la tête.»   «Viva Mexico!» Questionné sur les compétitions qui l’ont le plus marqué, Emmanuel Hénault nomme le Québec Open, le Championnat canadien WKC et le Mexican Open. Cette dernière en était une particulière pour la famille Hénault, alors que la maman est elle-même d’origine mexicaine. «C’était le fun, je parlais espagnol», lance Emmanuel, tout sourire. Son père a d’ailleurs gardé un souvenir impérissable de cette compétition, alors que son fils a fait preuve d’une grande humilité. «Il avait l’uniforme du Canada sur le dos, il avait perdu son combat en prolongation, il y avait peut-être 100 ou 150 personnes autour et il a levé le petit Mexicain dans les airs en lançant “Viva Mexico!”. C’était incroyable…»