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Un manque flagrant de main-d’œuvre en centres de protection de la jeunesse

le vendredi 20 août 2021
Modifié à 17 h 30 min le 20 août 2021
Par Yanick Michaud

ymichaud@gravitemedia.com

La prime escalier qui ne met pas tous les professionnels sur un même pied ne fait pas l’affaire de tous et se répercute sur les listes d’attente dans les centres jeunesse. (Gracieuseté)

Le manque de main-d’œuvre qui sévit présentement en protection de la jeunesse est un véritable casse-tête pour les intervenants qui tirent la sonnette d’alarme auprès du gouvernement.

« Il faut parler des listes d’attente. Actuellement, 619 dossiers sont en attente d’évaluation dans les centres jeunesse de la Montérégie*. Pour Valleyfield-Vaudreuil seulement, c’est 135 cas. Dans les équipes, il manque l’équivalent de sept postes à temps plein. C’est 26 % de l’effectif. C’est inconcevable », argue Joël Bélanger, représentant national de l’Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS).

Pour lui ces nombreux postes à combler découlent directement de la bonification financière investie rapidement par le gouvernement qui prend des décisions à la va-vite. « Plusieurs membres vont vous dire qu’ils sont heureux de la recevoir. Mais d’autres ne la reçoivent pas et c’est un gros problème, puisque que plusieurs secteurs des centres jeunesse sont exclus d’emblée », dit-il.

Il fait allusion à la prime escalier qui peut atteindre jusqu’à 1000 $ par mois. « Émise dans le but de réduire les listes d’attente qui ont explosé. Mais par exemple, tous les éducateurs ne l’ont pas. Des professionnels, des criminologues, des agents de relations humaines, des sexologues. »

Un problème d’attraction et de rétention

Ainsi, plusieurs, épuisés, quittent et réorientent leur carrière. Pour Josée Fréchette, le manque de vision du gouvernement est flagrant dans ce dossier. « Il est inacceptable que le gouvernement utilise les pouvoirs d’exception que lui confère l’état d’urgence sanitaire pour régler un problème d’attraction et de rétention de la main-d’œuvre en centre jeunesse car ce dernier n’a aucun lien avec la pandémie. Seule l’amélioration des conditions de travail pourra le résoudre et cela doit passer par une entente avec l’APTS et non par des primes décidées arbitrairement par le gouvernement », dit la dirigeante.

Elle ajoute que l’attitude du gouvernement est un manque flagrant de respect. « Envers les structures encadrant les relations de travail au Québec et démontre la vision à courte vue du gouvernement lorsqu’il s’agit de régler des problèmes de fond dans le réseau de la santé et des services sociaux. »

Des solutions viables

Joël Bélanger croit que des solutions existent. « Mais il faudrait prendre le temps de s’asseoir et de voir venir les choses. Il y a eu des millions injectés pour créer des postes il y a deux ans. Mais ils sont toujours vacants. Parce que les conditions de travail ne sont pas attrayantes. Tout est fait de manière cavalière. On fait des annonces rapides, des pansements sur de gros bobos, mais les problèmes et les listes d’attentes reviennent », plaide-t-il.

 

*À Longueuil, on compte 40 cas sur les listes d’attente. Pour Châteauguay ce sont 85 cas et l’équivalent de huit postes vacants, soit 34 % de l’effectif requis pour répondre à la demande. Pour Chambly, on recense 68 cas sur les listes d’attente et cinq postes à combler, l’équivalent de 24 %.