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Une Laprairienne aborde l’avortement dans un premier roman policier

le vendredi 28 octobre 2022
Modifié à 14 h 03 min le 28 octobre 2022
Par Vicky Girard

vgirard@gravitemedia.com

Si Geneviève Blouin devait décrire son livre en trois mots, ceux-ci seraient imbroglio, éthique et policier. (Photo: Éditions Alire)

L’auteure Geneviève Blouin a plongé tête première dans un projet qu’elle mijotait depuis une dizaine d’années. Son roman policier Le mouroir des anges paru le 3 octobre traite d’avortement, mais également d’enjeux culturels avec des personnages qu’elle affectionne particulièrement. 

L’histoire est racontée en alternance à travers les yeux de Miuri Mishima-Sauvé et Jacques Delondes, qui forment un duo d’enquêteurs. Ils sont nés de la plume de l’auteure il y a plusieurs années, dans le défunt magazine de nouvelles policières Alibi. Nicole, un troisième personnage, s’est greffée à eux. 

Ceux-ci travaillent sur le dossier d’un criminel qui avorte de force des femmes qui avaient déjà pris la décision de mettre fin à leur grossesse. 

Ce sujet sensible a fait irruption à un moment bien précis dans la vie de la Laprairienne en 2012. 

«Je travaillais au Barreau du Québec et j’archivais de vieux dossiers. Dans la pile, il y avait des journaux qui concernaient l’affaire Morgentaler [un médecin canadien connu pour sa pratique de l’avortement et comme militant pro-choix] et c’est là que j’ai réalisé qu’au Canada, nous n’avons pas de droit à l’avortement. Il n’y a seulement pas d’interdiction», explique Mme Blouin. 

«Ça fait tellement longtemps que je travaille sur ce roman que je n’étais plus certaine qu’il serait d’actualité. Il l’est encore plus!»
-Geneviève Blouin 

L’auteure ajoute qu’au sens de la loi, les crimes de son antagoniste ne sont pas des meurtres. 

«C’est l’équivalent d’une agression. Le criminel a lui-même un message à passer. Je voulais renverser l’idée que, si l’avortement devient forcé, ça ne fonctionne pas», dit-elle.

Bien qu’elle ait commencé à essayer d’écrire le livre à l’époque, elle n’était «pas prête pour quelque chose de cette envergure».

L’historienne de métier a plutôt choisi d’écrire des romans historiques pour les jeunes adultes et des nouvelles policières. 

Le défi d’écrire un roman dans ce genre a été de semer davantage de fausses pistes à travers les 258 pages et de ne pas être immergée complètement dans l’histoire. 

Comme l’auteure dit «en être à écrire des romans» dans son parcours, il est fort possible que les lecteurs retrouvent les personnages de Le mouroir des anges dans un prochain roman.

Points de vue

En plus d’effectuer l’enquête, il était important pour l’auteure d’exposer la réaction des enquêteurs. Les visions différentes de Miuri qui a grandi au Japon où l’avortement n’est pas tabou ou pour Jacques qui est de race noire et anti-choix mènent à des confrontations. Celles-ci se produisent entre les personnages et à l’intérieur d’eux-mêmes. 

«J’avais envie de montrer ce que cette enquête-là leur fait. Comment ils se positionnent face à cela», détaille-t-elle. 

Outre l’avortement, le roman aborde la vision du travail selon différentes cultures. Miuri, par exemple, est complètement dévouée à son boulot tandis que son partenaire Jacques le voit comme une façon de prendre soin de sa communauté. Puis, la secrétaire Nicole occupe son emploi pour subvenir à ses besoins, puisque sa passion pour les arts martiaux ne suffit pas. 

«On voit trop souvent des enquêteurs complètement absorbés par leur travail. J’avais envie de montrer autre chose, dont un pour qui c’est une vocation, puis un personnage de soutien parce qu’on ne les voit pas assez souvent, surtout dans un poste de police», détaille Mme Blouin.   

Références locales 

L’action du roman se situe dans la MRC de Roussillon, dans une ville fictive que l’auteure a nommée La Magdelaine. 

«C’est en fait, dans ma tête, l’ancien territoire qui couvre La Prairie, Candiac et Saint-Constant. J’ai ajouté un petit bout de Brossard lorsque j’ai parlé d’un viaduc», détaille Mme Blouin. 

Celle-ci partage également s’être amusée «à faire vivre sa banlieue». Ses personnages se rendent ainsi au Café général en référence au Quartier général à La Prairie et au Poisson Bondissant en référence au Poisson volant.