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Une secrétaire d’école prend sa retraite après 38 ans

le mercredi 24 avril 2019
Modifié à 14 h 45 min le 24 avril 2019
Par Vicky Girard

vgirard@gravitemedia.com

Gladys Legault a vu passer trois générations d’élèves, dont ses enfants et ses petits-enfants, à l’école primaire bilingue John Adam à Delson. Celle qui est le visage réconfortant à l’accueil, la conseillère des parents et un pilier pour la direction et les enseignants de l’établissement depuis 38 ans se prépare à prendre sa retraite en juin. La secrétaire impressionne ses amies d’enfance et anciennes collègues Sandra St-Cyr et Lorraine Lapalme. Elles ont toutes deux été enseignantes et directrices à l’école John Adam. Mis à part sa joie contagieuse, Mme Legault possède une mémoire qui leur semble illimitée. «Elle connaît les numéros de téléphone de tous les parents qu’elle appelle, elle n’a pas besoin de regarder les fiches», affirme Mme Lapalme. De plus, les parents la contactent fréquemment pour lui demander des conseils quand leurs enfants sont malades, notamment. Mme St-Cyr se souvient qu’il y a 20 ans, lorsqu’elle travaillait au côté de Mme Legault, tous les enseignants venaient la voir à l’accueil pour lui demander des informations. Le directeur actuel de l’école, Steven Caroll, raconte que la secrétaire connaît les dossiers des élèves et l’horaire de leurs parents. «Elle sait à quel moment on peut ou ne peut pas les appeler. C’est incroyable!» s’exclame-t-il. Imprévu Résidente de Delson pendant 40 ans, Mme Legault a travaillé une dizaine d’années au Canadien Pacifique en tant que secrétaire, puis comptable, avant d’avoir son premier fils. Elle est restée à la maison jusqu’à ce qu’il ait environ 3 ans et demi. L’emploi qu’elle occupe aujourd’hui n’était pas prévu. «J’ai fait plusieurs fausses couches pendant ce temps et mon amie Lorraine Lapalme m’a proposé un emploi à temps partiel pour me changer les idées, raconte-t-elle. J’ai accepté pour dépanner.» Mme Legault a commencé par travailler trois avant-midis par semaine. Elle trouve «fantastique» d’être entourée d’enfants au quotidien et des relations qu’elle a développées au fil du temps avec les parents d’élèves. «Nous pouvons rire ensemble et je peux dire des choses qu’une autre secrétaire ne pourrait pas dire parce que je les connais depuis si longtemps, confie-t-elle. Certains entrent ici en disant: Glad! Tu es encore là?»
«J’ai une routine depuis 38 ans et de l’arrêter, ce sera un énorme changement.» -Gladys Legault
Famille La femme de 68 ans considère l’école John Adam comme sa maison et un endroit «de réunions familiales». Tous les enfants de sa famille sont passés par son école; ses deux fils et les enfants de sa sœur et de son frère. Deux de ses petites-filles y sont encore et l’une quittera en même temps que Mme Legault. Celle qui terminera dans deux ans aurait voulu que sa grand-mère reste avec elle. «La dernière me dit «Nana! C’est injuste, tu pourrais facilement rester deux ans de plus», raconte-t-elle. «Les élèves vont toujours la voir, ajoute Mme St-Cyr. Ils disent déjà que l’école ne sera plus la même sans elle.» Routine La secrétaire a sa façon à elle de faire les choses. Néanmoins, elle s’habitue déjà à déléguer, car quelqu’un la remplace présentement le mercredi. «Elle est incroyable à l’ordinateur et le directeur aussi. Moi, je suis un dinosaure!» blague-t-elle. La secrétaire raconte avoir commencé son métier en travaillant avec une machine à écrire manuelle, puis quand elle a eu une machine à écrire électronique, elle était «au paradis». Quand la Commission scolaire Riverside lui a offert un ordinateur, elle l’a «mis dans une boîte et laissé sur une tablette»! «Je ne m’en approchais pas! Je ne voulais pas apprendre, je ne voulais rien savoir. Je n’en avais pas besoin», se souvient-elle. Pour faire des copies des documents qu’elle rédigeait, elle utilisait du papier carbone. Elle a résisté ainsi pendant environ un an, puis la Commission scolaire lui a finalement retiré sa machine à écrire pour qu’elle utilise l’ordinateur. Mme Legault a entrepris les démarches pour une retraite progressive il y a cinq ans. Elle ne croyait pas que les années passeraient si vite. Quand elle quittera à la fin de l’année scolaire, elle prévoit partir en roadtrip pour visiter des membres de sa famille un peu partout à travers le Canada avec son mari. «Je ne serai qu’à un appel de distance. M. Caroll m’a dit qu’il aurait encore besoin de moi ici et que je pourrais faire du bénévolat», dit-elle avec émotion.