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Une touche de Saint-Constant dans la restauration parisienne

le jeudi 12 décembre 2019
Modifié à 8 h 36 min le 12 décembre 2019
Par Audrey Leduc-Brodeur

aleduc-brodeur@gravitemedia.com

Un nouveau bistro apporte une touche constantine à la Ville lumière. Les poutines, la viande fumée et les bières de microbrasseries québécoises servies au restaurant Québécium font la fierté des Constantins Jean-Michel Paquet et Benjamin Berthiaume, qui planchaient depuis plus d’un an sur l’ouverture de ce petit coin de Québec en France. En 2017, M. Berthiaume était à la croisée des chemins. Directeur de production et résident de Paris depuis 2006, il venait de perdre son père et vivait une rupture amoureuse. «Je me demandais ce qui me retenait encore à Paris, raconte-t-il à l’autre bout du fil en France. J’avais envie de rester, mais je voulais vraiment que le Québec soit au cœur de mon expérience française.» M. Berthiaume a partagé ses réflexions à son ami d’enfance lors d’une de ses visites à Montréal. Restaurateur chevronné de la Rive-Sud, M. Paquet confie ne pas avoir hésité une seconde lorsque son ami d’enfance lui a suggéré de percer le marché français. «Dès qu’il m’a lancé l’idée, je voulais embarquer dans le projet. Je me suis dit qu’il fallait le faire. Je suis un gars de feeling et j’en ai un très bon par rapport à ce restaurant», soutient le propriétaire du restaurant La Carcasse à Saint-Constant. Son partenaire dans l’aventure a remarqué que les Français étaient friands de plats issus de la Belle province, sans même avoir goûté «à la vraie cuisine québécoise». Les deux entrepreneurs de 38 ans ont saisi cette occasion d’affaires. «Nous avons des partenaires qui acheminent des produits directement du Québec, comme des bleuets, du sirop d’érable et du fromage à poutine», explique M. Paquet. [caption id="attachment_77691" align="alignnone" width="444"] Jean-Michel Paquet et Benjamin Berthiaume[/caption] Ouvrir un resto à 5 000 km l’un de l’autre Ainsi, à plus de 5 000 km de distance l’un de l’autre, ils ont vu avec leur équipe à la recherche du local et son aménagement, à l’embauche du personnel, à la confection du menu, etc. À leur grand désarroi, les deux restaurateurs ont vite constaté qu’ils allaient devoir s’armer de patience, se butant à de longs délais et à la bureaucratie. Habitué à ouvrir des restaurants en quelques semaines, M. Paquet a encore du mal à concevoir que l’installation de la hotte dans la cuisine a nécessité cinq jours de travail, alors qu’il s’agit d’une question d’heures au Québec. «C’est un tout autre rythme de travail. On se sentait parfois dans la maison des fous d’Astérix avec toutes les demandes qu’il fallait remplir!» raconte-t-il. «Je n’étais pas surpris, admet M. Berthiaume. Quand je suis arrivé en France, ça m’a pris au moins trois mois avant de trouver un emploi. Alors que je commençais à désespérer, les Français me disaient que j’étais chanceux d’avoir trouvé aussi rapidement!» Les premiers clients de Québécium – le nom est un clin d’œil au tableau des éléments périodiques – ont été ravis par les plats du chef François Lauté depuis l’ouverture à la fin novembre, raconte M. Berthiaume. Plusieurs d’entre eux lui parlent aussi de la grandeur du local (2 000 pieds carrés), plus vaste que la plupart des autres restaurants dans le secteur. «Je voulais un local à l’image des grands espaces québécois, explique-t-il. Nous avons même eu l’espace pour aménager une mezzanine.» Livraison de poutines Les deux restaurateurs ont aussi mis sur pied la division Sainte Poutine, afin de livrer des poutines originales en ville. «Le succès de la poutine en France ne se dément, confirme M. Paquet. La demande est très forte.»
«On veut devenir un arrêt incontournable pour les Québécois qui visitent Paris.» -Jean-Michel Paquet, restaurateur