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VIDÉO - Les derniers milles d’un marchand de bonheur

le mercredi 23 septembre 2020
Modifié à 9 h 28 min le 23 septembre 2020
Par Vicky Girard

vgirard@gravitemedia.com

Après plus de 38 ans à confectionner des bouquets pour ses clients, Pierre-Luc Lauzon se fera lui-même une fleur en prenant sa retraite. Le propriétaire connu du Fleuriste La Prairie ne laissera toutefois pas son commerce devenu institution au premier venu et souhaite passer le flambeau à des passionnés comme lui. «Ne me dites pas que vous partez?» lance une cliente à M. Lauzon, lorsqu’elle voit l’affiche «à vendre» devant la bâtisse. «Il est temps, répond-il, sourire aux lèvres. Je suis comme mes fleurs, moi, je ne suis pas éternel.» Il faut dire que les plans étaient clairs depuis longtemps pour M. Lauzon. «J’avais pris comme décision qu’à l’âge de 74 ans, je mettrais l’entreprise en vente officiellement. C’est la bougie que je mets sur mon gâteau de fête», confie celui qui a célébré l’anniversaire en question en juillet. Il ajoute que la période difficile causée par la COVID-19 cet été l’a d’autant plus persuadé de rester fidèle à la promesse qu’il s’était fait, non sans une pointe de tristesse. «Si ce n’était pas de mon âge, je continuerais. La passion, je l’ai toujours et elle a même grandi», exprime-t-il les yeux brillants. https://www.dailymotion.com/video/x7wegt5 Débuts M. Lauzon a découvert sa passion pour la fleuristerie en débutant dans le métier à l’âge de 35 ans. Il a néanmoins toujours aimé les fleurs. Il partage notamment sa fascination pour la façon dont elles poussent, se créent ou se transforment. Lors de ses voyages, par exemple, il les observe et visitent d’autres fleuristes. En 1982, il a acheté le commerce qui portait déjà le nom de Fleuriste La Prairie. «C’était tout petit. Ce que j’aimais, c’était le nom. Le renom, il n’y en avait pas vraiment. La compagnie existait depuis environ 10 ans», relate-t-il. D’abord installé sur la rue de la Levée, le commerce a déménagé six mois plus tard sur le boulevard Taschereau, avant de revenir 10 ans après dans un plus grand local sur la rue de la Levée, où l’entreprise est toujours située aujourd’hui. «Quand je suis arrivée à La Prairie, je ne connaissais personne. Aujourd’hui, je connais pas mal de monde. J’ai grandi grâce à une clientèle fidèle et un réseau dans la communauté», souligne M. Lauzon. Il ajoute avec émotions que des clients qui demeuraient dans la région et qui sont maintenant à l’étranger ont conservé un lien. «C’est de l’amour réciproque», partage-t-il. Sentiments
«Dans une journée, je vois la vie, la mort, l’amour. Je vois toutes les émotions. Quand j’ouvre mon commerce le matin, je ne sais pas ce qui m’attend.» -Pierre-Luc Lauzon
L’équipe de M. Lauzon est comme une famille. Le patron appelle ses employées ses «filles» lorsqu’il parle d’elles. L’une d’elles, Véronique Lizotte, en témoigne. «Dans l’arrière-boutique, ce n’est qu’émotions. On sait pourquoi on fait tel ou tel bouquet d’une façon précise. On produit à partir de sentiments. C’est lui qui nous a appris ça. Pour moi, c’est comme un papa», dit celle qui travaille avec M. Lauzon depuis 2001. Sa collègue, Jessie-Anne Landry, ajoute avoir appris à exercer son métier en équipe, alors qu’elle l’avait toujours fait seule avant d’être au Fleuriste La Prairie. «Je leur dis toujours que quand on fait des fleurs pour nos clients, il faut les faire comme si c’était pour nous, renchérit M. Lauzon. Il faut penser que c’est un baume pour une personne malade, fatiguée, en deuil. C’est la même chose lorsque c’est pour un événement heureux», explique-t-il en ajoutant que les fleurs ont un langage et qu’il faut savoir l’écouter. Le fleuriste le démontre lorsque la cliente présente dans son commerce quitte avec un bouquet de roses jaunes. «Elle cherchait quelque chose pour exprimer l’amitié, précise-t-il. Tu sais, moi, je vends des petites choses. Mais je vends du bonheur.» Relève Pierre-Luc Lauzon est catégorique. Le Fleuriste La Prairie ne fermera pas ses portes. Il aimerait trouver une personne ou un couple qui pourra prendre la relève. «J’aimerais faire du mentorat et transmettre mes connaissances. Je connais tous mes clients et leurs besoins», soutient-il. Pour lui, le plus important est de ne pas abandonner ses clients. Il dit ne pas être pressé de trouver la bonne personne pour acheter le commerce. «Elle devra avoir la passion, le dévouement et le désir de travailler. Je sais que je vais trouver», affirme M. Lauzon.