Opinion

Vos souvenirs de la crise du verglas

le mercredi 03 janvier 2018
Modifié à 16 h 38 min le 03 janvier 2018
Par Hélène Gingras

helene_gingras@gravitemedia.com

Vous avez été nombreux à répondre à notre appel à tous sur notre page Facebook concernant vos souvenirs de la crise du verglas. Voici certaines de vos réponses. «Mon souvenir de janvier 1998 à Sainte-Catherine demeure imprégné pour toujours. D'abord, ce fut l'émerveillement au réveil, alors que les arbres givrés offraient un paysage des plus féeriques. Puis, ensuite, la consternation de voir ces arbres tomber dans ma rue, sous le poids du verglas. Les pylônes électriques brisés, les camions d'armée qui circulaient... Les sérieuses engelures aux doigts en allant chercher du bois de chauffage offert par la ville. Mes mains qui me le rappellent d'ailleurs encore même 20 ans plus tard! Ce que je retiens toutefois le plus, c'est l'entraide et le sens du partage dont j'ai été témoin. Nous avons été privés d'électricité pendant trois semaines et étions nombreux à être hébergés par mon oncle Jean-Guy et ma tante Ghislaine. Ma tante est décédée quelques années plus tard et je garde de précieux souvenirs de ses soupes aux légumes, ses grilled-cheese sans fromage et nos nombreux fous rires. Nous étions tous ensemble, à comprendre l'importance du soutien et de l'essentiel.» -Nancy Lachance   J’avais dit à mon chum: «Pour fêter notre anniversaire, ça serait le fun qu’on se prépare un souper ensemble et qu’on le mange à la chandelle». Ah! Ah! Ah! Dix-huit jours à manger à la chandelle, je n’en demandais pas autant! Et entourés du bruit énorme fait par tous les pylônes électriques du rang de la Bataille jusqu'à Saint-Luc ou Saint-Jean qui sont tombés. Mon voisin était arrivé chez nous en criant: «C’est la fin du monde!» Ouf! -Noman Pom   «Je débutais mes stages après 3 ans d'étude et ma famille me disait de rester à la maison. Mais quand tu as étudié fort et que le jour des stages arrive, la dernière chose que tu veux faire, c'est donner une mauvaise impression à ton employeur. Heureusement, quelques jours plus tard, l'employeur a réduit le personnel au minimum, car il devait maintenir les services essentiels. Comme j'étais stagiaire, je ne faisais pas partie des services essentiels. J’habitais à l'époque à Brossard et, de la cuisine, je voyais le pont Champlain plongé dans le noir, sans circulation. Ça donnait des frissons, on aurait dit un pont fantôme.» -Valérie Prince   «Pour moi, le verglas transformait les branches des arbres en œuvres d'art. De beaux souvenirs en famille; on mangeait de la fondue auprès des chandelles et du feu de bois réconfortant. Cet événement nous a tous rapprochés de façon harmonieuse. On avait plus de temps pour rire et parler ensemble. On utilisait le patio comme frigo/congélateur pour garder les aliments. On avait beaucoup de plaisir à glisser sur les buttes de neige recouvertes de glace; ça allait trois fois plus loin avec la couche de glace. Vraiment amusant! Aussi beaucoup de lecture et de dessins à la chandelle. De bon souvenirs dans ma mémoire. Mais dès que le courant est revenu, j'étais vite de retour sur mon Nintendo 64!» -Nicolas Pigeon   «La maison de ma tante chauffe avec un poêle à combustion lente et son réservoir d'eau chaude fonctionne avec le propane. Aussi, on s'est retrouvé près de 15 personnes (sur 3 générations) dans la maison avec de la visite qui venait prendre sa douche durant la journée. Les chats côtoyaient les chiens et même une perruche! Mes tantes cuisinaient d'excellents repas familiaux sur le poêle, si bien qu'il y avait toujours un bon parfum dans l'air. En plus, les ados (dont moi à l'époque) étaient tous au sous-sol et partageaient leur temps entre des jeux de société et le billard éclairé avec des lampes à l'huile. Personnellement, je ne garde que de bon souvenir du verglas.» -Anne-Marie Lareault   «Pas de courant pendant 10 jours. C'était moche avec de très jeunes enfants dont le cadet qui n’avait même pas encore quatre mois. Il faisait tellement froid à la maison que nous avons dû quitter deux jours plus tard pour se rendre au centre communautaire. C’était impressionnant de voir les soldats de l’Armée partout dans la ville pour surveiller les cambrioleurs. Avec tous ces gens entassés, la gastro-entérite s'est propagée. Nous étions des sans-abris, changeant d'endroits à quelques reprises avec des gens qui se bousculaient pour la nourriture. Je gardais mes enfants près de moi, j'étais très méfiante envers tout le monde. Je n'aime pas me souvenir de la crise de verglas.» -Ginette Gauvreau   «J'étais bénévole dans un centre et sans électricité à la maison. Je devais commencer un stage à Candiac et je voulais absolument y aller. Là-bas non plus il n'y avait pas d'électricité et une personne répondait au téléphone pour nous en informer. Les poteaux électriques tombés, les fils gelés; c'était un paysage de désolation, mais il y a eu beaucoup d'entraide pendant cette période et également des gens qui profitaient de cette aide.» -Christine Kuhn   «J'ai été très chanceux. J'habitais à Longueuil et une seule rue avait de l'électricité: la mienne. Nous en avons manqué durant une douzaine d'heures maximum. Mon frère, ma belle-soeur et mon neveu sont venus passer presque deux semaines à la maison. Ma mère et mon père sont aussi venus. Ma mère s'est malheureusement éteinte quelques mois plus tard. Malgré l'état d'urgence, ce sont des magnifiques souvenirs pour moi!» -Normand Taillefer   «Quand tout a commencé, j'étais chez mes parents. Je me souviens d'être assise dans le salon et d'entendre une branche d’arbre craquer et tomber. Puis une autre et une autre. Nous avons quitté notre domicile pour aller chez ma tante à l’Acadie, faute d'électricité. Un soir, nous étions allés chercher de la nourriture à l'épicerie. Dans les rues, il y avait des fils électriques et des transformateurs à contourner. L'épicerie avait une génératrice. Nous avions attendu du poulet rôti pendant tout le temps de cuisson pour avoir un repas chaud à manger pour notre groupe. Pendant plusieurs jours, nous étions 13 personnes, 2 chiens et 3 chats à vivre dans un sous-sol avec foyer et génératrice. Je me rappelle aussi de l'attente à la pompe d'essence qui avait pris environ une heure. Il y avait des files d'attente pour remplir les voitures d'essence. Du jamais vu! Nous avions de la difficulté à s'approvisionner en propane, en batteries, etc. Quelqu'un avait tenté de voler notre génératrice pendant qu'on était au sous-sol. Un vrai film d'apocalypse. J'espère ne jamais revivre ça...» -Cynthia Leduc   «J’ai passé trois semaines loin de ma famille, car je suis allée porter secours aux sinistrés de Farnham et Cowansville qui vivaient dans «le triangle noir», comme on l’appelait. J’ai vu des gens qui ont tout perdu. Ils arrivaient en pantoufles et pyjama. Ils étaient entassés les uns sur les autres dans une polyvalente et ils avaient seulement ce qu’on leur faisait à manger pour passer le temps. C’était d’une tristesse.» -Renée Dumont   «Pour moi, la crise du verglas de 1998 me rappelle à quel point il est important d'aider les gens et non pas en profiter. Je suis maintenant bénévole auprès de trois organismes!» -Erick Rivest «Les enfants étaient heureux, car les écoles étaient fermées.» -Monique Filiatrault   À lire aussi: -Des acteurs municipaux se souviennent du verglas -Le réseau s'entraide en cas de crise