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La grève du CN affecte directement les agriculteurs

le mercredi 20 novembre 2019
Modifié à 9 h 33 min le 20 novembre 2019
Par Hélène Gingras

hgingras@gravitemedia.com

Les agriculteurs vivent des heures difficiles. Non seulement la neige s’est abattue beaucoup plus tôt qu’à l’habitude dans les champs, ils doivent désormais composer avec des difficultés en approvisionnement de propane en raison de la grève au Canadien National (CN). Avec Martin Ménard - La Terre de chez nous  Collaboration spéciale «Il me reste du propane pour seulement 10 heures de séchage, alors qu’il me reste 7 à 8 jours de séchage de maïs», a expliqué l’ancien député fédéral de La Prairie, Jean-Claude Poissant, qui a renoué avec le travail à sa ferme à Saint-Philippe depuis sa défaite. Mardi, il avait lancé un appel sur Facebook afin de demander aux autres agriculteurs des noms de fournisseurs de gaz qui n’ont pas épuisé leurs stocks. Malgré tout, M. Poissant ne se considère pas en si mauvaise posture comparé à d’autres. «Des confrères n’ont pas commencé leur récolte et d’autres ont récolté à peine 60%, a-t-il dit. Ce sont des millions de dollars de récoltes qui sont en jeu. Présentement, il y a un danger de perte de qualité. Les réserves sont gardées pour les centres de personnes âgées, restaurants ou même pour le chauffage des établissements d’élevage.» Situation d’urgence Le journal La Terre de chez nous a recueilli des propos similaires auprès de l’agriculteur Pascal Leduc, de Mirabel. Mardi matin, il a voulu faire remplir son réservoir de propane afin de sécher son maïs. «Le vendeur m’a dit qu’il ne pouvait pas le remplir à cause de la grève. C’est une méchante surprise!» a-t-il pesté. Cette situation l’oblige à ventiler son grain avec des ventilateurs qui lui coûtent 37,82$ par jour en électricité. Remettre son séchoir en marche lui occasionnera des dépenses inutiles de 700$ «pour rien» lorsque le propane sera disponible. Sans oublier que faute de pouvoir sécher son grain, il doit laisser du maïs encore aux champs. «Quand ce n’est pas la neige qui nous arrête, c’est le propane», s’est désolé le producteur, qui en consomme près de 6 400 litres pour sécher ses 35 hectares de maïs. La Terre de chez nous a aussi interviewé des fournisseurs de propane. «Je suis l’un des plus gros [vendeurs] au Québec et avec la grève qui s’est déclarée mardi, j’ai deux jours d’autonomie. Je suis obligé de rationner mes clients. Je mets les éleveurs de porcs, de poulets, etc., en priorité, mais j’ai dit ce matin aux producteurs de maïs d’arrêter de battre et d’arrêter de mettre du grain dans leur séchoir, car il n’y aura plus de propane pour eux», a dit le président de Budget Propane, Guy Marchand, qui possède cinq succursales au Québec. Le directeur de l’Association québécoise du propane, Raymond Gouron, affirme qu’il s’agit d’une situation d’urgence. «On a appelé la sécurité civile pour mettre en place un plan d’approvisionnement d’urgence, car il y a présentement urgence», a-t-il rapporté.
«On attend des nouvelles du gouvernement le plus rapidement possible». -Raymon Gouron, directeur de l’Asssociation québécoise du propane
Il fait remarquer que la capacité d’entreposage de propane au Québec est limitée et que 80% des approvisionnements proviennent par train de l’Ontario. Le transport par camion demeure insuffisant pour apporter les volumes nécessaires de propane, surtout en cette période où le séchage du maïs commande d’immenses volumes de gaz.