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« Mes journées sont comptées et précieuses » - Isabelle Pomerleau

le mercredi 09 décembre 2020
Modifié à 8 h 05 min le 09 décembre 2020
Par Katherine Harvey-Pinard

kharvey-pinard@gravitemedia.com

Isabelle Pomerleau a commencé à sentir que quelque chose clochait en février. Elle était épuisée et avait mal partout, surtout au dos. Son médecin de famille lui a d’abord dit qu’elle avait une entorse dorsale. À lire aussi: Atteinte d'un cancer incurable, Isabelle Pomerleau livre deux batailles Plusieurs symptômes se sont mis à apparaître par la suite, mais avec la COVID-19, ses suivis médicaux étaient réalisés par téléphone pendant les quatre mois suivants. «Je n’ai pas eu d’évaluation physique et mon état se dégradait beaucoup, surtout sur le plan de la douleur et de l’essoufflement. Une bosse est apparue sur mon sternum; c’est une métastase, on l’a su plus tard», raconte la mère de trois enfants et grand-mère de trois petits-enfants. «À voir la vitesse à laquelle elle a grossi, ça me donne une idée du reste, poursuit-elle. Si on m’avait pris en février ou en mars, je ne suis pas sûre que ç’aurait été curable, mais j’aurais eu moins de douleurs et je n’aurais pas souffert autant.» La Constantine ne souhaite pas «lancer la pierre» à son médecin, mais trouve tout de même «exagéré» que des évaluations physiques soient réalisées par téléphone.
«Ma fille de 18 ans m’a dit: moi, incurable, ça ne fait pas partie de mon vocabulaire.» -Isabelle Pomerleau
Nombreux traitements Isabelle Pomerleau a reçu son diagnostic de cancer colorectal métastatique, le 11 juillet. Celui-ci s’était étendu à d’autres organes, soit au foie et aux poumons, ainsi qu’aux os. «Le médecin m’a dit: il va falloir que tu t’armes de courage parce que ça va être un gros combat, se souvient-elle. Sur le coup, j’étais l’infirmière qui écoutait tout ce qu’il disait. C’est après coup que les émotions arrivent.» Jusqu’à maintenant, son foie «s’améliore», dit-elle. Pour les métastases osseuses, elle a reçu plusieurs traitements de radiothérapie. «C’est ce qui m’a aidé, parce que c’est vraiment souffrant», précise-t-elle. Quant à la chimiothérapie, la première qu’elle a suivie n’a pas fonctionné. Le 15 décembre, elle saura si les nouveaux traitements ont eu l’effet escompté, soit celui d’améliorer son état de santé et, du même coup, sa qualité de vie afin qu’elle puisse «faire un petit bout de chemin». «Il faut que la chimio réponde» Mme Pomerleau ignore combien de temps il lui reste à vivre; un premier médecin lui disait deux ans, mais d’autres lui ont dit de ne pas s’y fier puisque c’est «toute population confondue». «Je n’ai pas de problèmes de santé sous-jacents, dit-elle. Je peux peut-être durer plus longtemps, mais il faut que la chimio réponde.» La mère de famille essaie de ne pas se projeter loin devant, mais espère tout de même être encore là l’été prochain. «En temps de COVID, ce n’est pas évident de vivre le moment présent, mentionne-t-elle. J’ai des petites-filles qui peuvent me contaminer. Mon système est affaibli, mais en même temps je veux les voir. On s’envoie des photos, des vidéos. C’est ce que je trouve le plus difficile. J’aime câliner mon monde. Mes journées sont comptées et précieuses…» souffle-t-elle.