Semaine nationale du don d’organes et de tissus: un greffé qui a la vie à cœur

Premier patient du Québec à survivre jusqu’à la greffe grâce à un cœur mécanique, Yvan Provencher profite depuis sept ans de chaque souffle que lui apporte son nouveau cœur.

Détenteur d’un groupe sanguin rare, le résident de Sainte-Catherine a vécu 900 jours avec le HeartMate II, un dispositif électrique facilitant la circulation du sang dans les veines, avant de recevoir l’appel tant attendu, le 23 juin 2009. Au Québec, le temps d’attente moyen pour un cœur est de 314 jours.

«J’étais au Club de golf de Candiac et je disais justement à mon ami que je commençais à être découragé», raconte l’homme de 58 ans, qui devait traîner quotidiennement un arsenal de 10 lb.

«J’étais au 11e trou quand mon cellulaire a sonné et qu’on m’a demandé de venir à l’hôpital, poursuit-il. Un jeune de 25 ans avait eu un accident de voiture et un cœur était disponible pour moi. Ils ne peuvent jamais te prédire à 100% si le match sera bon, mais les médecins étaient confiants.»

Fébrile, le père de deux filles a vécu les deux heures les plus difficiles de sa vie avant d’entrer en salle d’opération.

«J’ai donné un long hugh à Marie-Christine et à Catherine… en ne sachant pas si j’allais les revoir», confie-t-il avec émotion.

Après huit heures, il est finalement revenu parmi les siens. L’opération a été longue parce que le cœur mécanique, tel un arbre, avait eu le temps de s’enraciner dans les muscles et les tissus du corps de M. Provencher.

Redonner la vie

Pour sensibiliser le grand public à la réussite de la transplantation et à la nécessité du don d’organes, la World Transplant Games Federation organise aux deux ans les Jeux mondiaux des transplantés.

Lors du dernier événement auquel il a pris part comme athlète, M. Provencher a été profondément touché par la présence d’une famille d’un donneur.

«Il y avait la mère, la grand-mère et deux enfants. Vous comprendrez qu’il manquait le père de famille, indique-t-il. En regardant tous les athlètes en santé, ils ont compris qu’ils avaient contribué à redonner la vie à certains d’entre nous et je pense que ç’a contribué, dans une certaine mesure, à donner un sens à tout ça. C’était beau de les voir exprimer le bonheur d’avoir rendu service.»

Malgré cette histoire, on ne peut pas dire que le don d’organes soit ancré dans les mœurs. Dans 30% des cas, même quand la carte-soleil est signée, la famille refuse que les organes de leur défunt soient prélevés.

Pour l’ex-coordonnateur de la Maison des jeunes de Candiac, il est essentiel de dédramatiser le don d’organes et d’éliminer l’aspect religieux de la démarche.

«Je ne vis pas avec l’âme de quelqu’un d’autre et je suis toujours le même», insiste-t-il.

S’il avoue avoir tenté de retrouver la famille de son donneur pour la remercier, M. Provencher dit avoir finalement abdiqué, par respect pour les endeuillés.

Une rennaissance

Celui qui avait toujours été très actif a repris ses bonnes habitudes. Outre la médication antirejet qu’il devra prendre toute sa vie, le psychothérapeute de profession se porte à merveille.

Il qualifie son cœur de «cadeau de la vie» et compte en prendre soin comme la prunelle de ses yeux. S’il ralentit le rythme, ce sera parce qu’il avance en âge et non parce que son cœur ne suit plus, conclut-il.

Statistiques 2015 de Transplant Québec

314 jours

Temps d’attente moyen pour la transplantation d’un cœur.

4

Nombre de personnes transplantées du cœur en Montérégie.

60

Nombre de personnes en attente pour un cœur au Québec.