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À quand des changements sur la route 221 ?

le mercredi 07 décembre 2022
Modifié à 10 h 18 min le 07 décembre 2022
Par Audrey Leduc-Brodeur

aleduc-brodeur@gravitemedia.com

En heure de pointe, le trafic s’étire sur plus de 4 km sur la route 221. (Photo: Le Reflet – Denis Germain)

L’accident qui a coûté la vie à Derek Girouard, le 27 octobre, sur la route 221 à Saint-Isidore ravive les discussions entourant la dangerosité de cet axe routier. Pendant que le ministère des Transports du Québec (MTQ) assure être proactif dans ce dossier, les maires de Saint-Isidore et de Saint-Constant l’implorent d’agir plus rapidement.  

«Ce point a souvent été soulevé au MTQ et on l’a prévenu qu’un accident grave allait survenir. C’est ce qui est arrivé. C’est toujours comme ça. Maintenant, ça va débouler. C’est pathétique.»

Jean-Claude Boyer n’a pas mâché ses mots en commentant le travail du MTQ pour sécuriser la route 221, lors de la séance du conseil du 15 novembre. Le maire de Saint-Constant et ses conseillers ont adopté une résolution en appui à la municipalité de Saint-Isidore afin d’«intervenir dès maintenant pour mettre en place une solution durable pour gérer le trafic sur la route 221 et assurer la sécurité des automobilistes qui y circulent».

C’est à la demande du maire Sylvain Payant que ses voisins, incluant Saint-Rémi et Saint-Michel, ont posé ce geste afin de le soutenir dans ses démarches qui s’éternisent.

«J’ai été élu en 2013 et déjà j’avais immédiatement rencontré des représentants du ministère à ce sujet, se rappelle M. Payant en entrevue au Reflet. On m’avait présenté des plans et j’en étais satisfait. Mais on m’avait fait comprendre que les projets fonctionnent selon un plan sur cinq ans. Celui-là était toujours dans les cartons, mais pas dans les priorités.»

À l’époque, le MTQ lui a proposé d’installer des feux de circulation aux intersections de la route 221 et de la voie de desserte de l’autoroute 30, puis de la route 221 et de la route 207, en plus d’ajouter une voie de stockage à droite pour permettre aux conducteurs d’emprunter la bretelle de l’autoroute plus facilement. Moins de dix ans plus tard, les mêmes solutions sont toujours sur la table à dessin, sans avancement.

«Depuis huit ou neuf ans, on me présente toujours ces plans», confirme M. Payant.

La congestion empire le matin lorsque la route 207 menant au pont Mercier est fermée par les Peacekeepers de Kahnawake pour ne pas entraver la circulation locale. Des voitures s’immobilisent à l’entrée et attendent que l’interdiction soit levée. Le détour par Saint-Constant et la route 132 rallongerait le temps de parcours, explique M. Payant. Une file de voitures de plus de 4 km s’étire parfois sur la route 221.

«En décembre 2021, nous avons rencontré le MTQ parce que la congestion était rendue à un point où des décisions devaient être prises», explique-t-il.  

Une étude a été réalisée et, au bout d’un an, le ministère a tiré la conclusion que la route 221 n’est pas plus dangereuse que la moyenne, expliquent Saint-Constant et Saint-Isidore dans leurs résolutions envoyées au MTQ.

«C’est un drôle de hasard, mais nous avons été informés des résultats par le ministère une semaine avant l’accident du 27 octobre, relate le maire de Saint-Isidore. On m’a fait néanmoins savoir que si la municipalité payait, le projet avancerait plus facilement.»

Le MTQ en mode «analyse»

L’accident mortel et la prise de parole des maires feront-ils bouger les choses? Au MTQ, on affirme que chaque collision «en est une de trop». Cependant, le ministère demeure en mode analyse.

«Celle-ci vise à mieux connaitre l’historique du site, à calculer des indicateurs de sécurité et à déterminer si des actions sont à prendre pour améliorer l’environnement routier. Si tel est le cas, le ministère s’engage à agir avec diligence, dans une optique de sécurité routière», rapporte Karine Abdel, conseillère en communications au MTQ.

Le coroner enquête sur l’accident du 27 octobre. S’il devait émettre des recommandations, comme l’exige souvent son travail, le ministère en prendrait connaissance et «poserait des gestes supplémentaires», assure-t-il.

«Toutefois, le ministère n’attendra pas le rapport du coroner pour agir si nécessaire», soutient Mme Abdel.

Mis au courant des résolutions adoptées par les municipalités qui lui ont été envoyées, le MTQ affirme qu’il communiquera avec elles «pour effectuer des suivis».

«Ce qu’on dit au MTQ, c’est que leurs solutions nous conviennent. Maintenant, faites-le!» -Sylvain Payant, maire de Saint-Isidore