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Au secours d’une mère qui veut voir son enfant grandir

le mardi 29 janvier 2019
Modifié à 7 h 30 min le 29 janvier 2019
Par Michel Thibault

mthibault@gravitemedia.com

«Les enfants, c’est ma passion. J’en voulais beaucoup. Quand je dis beaucoup, c’est une dizaine», confie Caroline Auger. Assis sur ses genoux, son fils Lukas âgé de 15 mois scrute un livre. Fils qui restera unique. «En avoir un, ça vaut tout. Il est ma raison de vivre», assure la jeune femme. À 27 ans, Caroline Auger souffre d’un cancer agressif contre lequel la médecine au Québec ne peut plus rien. Son seul espoir est un traitement d’immunothérapie dispensé à Boston. Un traitement sur lequel la femme de Châteauguay compte pour gagner du temps. «Parce que du temps, c’est tout ce que je souhaite avoir. Voir mon fils grandir, un jour de plus, chaque jour», dit-elle. Le coût est «exorbitant» : 150 000 $. Pour rassembler la somme, Caroline s’est tournée vers «gofundme» mais sans trop y croire.   Vague de générosité «Je me disais : ça n’a pas de bon sens demander autant d’argent. Mais je n’avais rien à perdre. Je l’ai fait pour me dire : j’ai tout fait pour mon fils», raconte la jeune maman. Et elle commence à y croire. Au moment où elle accordait une entrevue au Soleil de Châteauguay, lundi, le total de dons approchait 60 000 $. Son histoire que Caroline Auger a raconté sur les réseaux sociaux a suscité une grande vague de générosité et de sympathie. «Je ne m’attendais pas à autant de réponses. À 8h le soir, avant-hier, j’avais 8000 $ quand je suis allée me coucher. Le lendemain matin, ça n’avait pas lâché. C’était rendu à 20 000 $. C’était incroyable. Je pense maintenant que c’est possible, oui», dit-elle. Cette vague la touche énormément. «Ça me donne encore plus le goût de vivre. C’est tellement beau. Ça me fait voir le monde sous un autre œil à quel point les gens veulent aider», réagit-elle. Combien de temps elle a pour amasser l’argent ? «Jusqu’à temps que je meurs», dit-elle. Hé oui, elle reçoit bien les dons. «Gofundme dépose l’argent dans mon compte chaque semaine. Il prend 5 %», explique-t-elle.   Comment sa vie a basculé Caroline Auger était éducatrice en garderie. «J’étais une personne très active. Je jouais au hockey cinq fois par semaine, je m’entraînais tous les jours. J’avais une bonne alimentation. Pas de drogue», fait-elle part. Avec son conjoint Jonathan Lanthier, elle souhaitait fonder une grande famille mais ne tombait pas enceinte. En février 2017, elle a commencé à se sentir très fatiguée, à avoir des maux de tête, des maux de ventre. En mars, elle a été opérée pour une appendicite. Une semaine après, elle apprenait qu’elle était enceinte. Elle se sentait fatiguée. «Je me disais c’est la grossesse.» Un test PAP a révélé à la fin de l’été la présence de cellules anormales dans son utérus. Le verdict est tombé alors qu’elle portait son garçon depuis 32 semaines. Cancer de stade 1B. «C’était un petit cancer», indique Caroline Auger. Elle était inquiète mais quand même encouragée. Son Lukas est né par césarienne à 36 semaines.   Montagnes russes À partir du diagnostic, Caroline Auger a vécu des montagnes russes. D’abord, ses ganglions n’avaient pas été touchés. «C’était super positif», lance-t-elle. Ça laissait croire que le cancer n’avait pas voyagé dans son corps. Mais, le 21 décembre 2017, malgré les traitements de chimio, le cancer avait grossi. Elle a dû subir de la radiothérapie à l’hôpital. Loin de son fiston. «Ma mère le gardait. Au moins on se faisait des Facetime. Je remercie la technologie», fait-elle. Elle a eu droit à la curiethérapie. De la radio administrée directement dans son corps. «Pour cela, il dilate le col de l’utérus. C’est comme si j’avais accouché quatre fois en deux semaines. C’est le pire traitement que j’ai eu», avoue-t-elle. Les traitements ont fonctionné. Le cancer a diminué. Il a même disparu. Le 13 septembre 2018, Caroline Auger se faisait dire qu’elle était en rémission. «Je suis guérie», elle a annoncé sur son compte Facebook. «C’était la plus belle nouvelle du monde. C’était incroyable de se faire dire ça», exprime-t-elle. Deux semaines plus tard, les douleurs au ventre sont réapparues. «Elles sont passées rapidement de 2 à 9 sur 10. Je me doutais que ça revenait.» Un scan de son ventre a mené à la découverte d’un nodule d’un pouce et demi dans un poumon. Le verdict est tombé le 12 décembre. «Le cancer n’est pas traitable. Il est rendu partout. À la vitesse où il se propage, je n’en ai pas pour des années. Ils pensent que ça va aller très vite», affirme Caroline. Elle était prête à se faire retirer le nodule malgré tout. Pour acheter du temps. Ça ne fonctionnera peut-être pas.  Reste Boston. La stratégie c’est de permettre au système immunitaire de reconnaître les cellules malignes et de les tuer. «Si je réussis à obtenir cinq ans, peut-être que dans cinq ans il y aura un nouveau traitement au Québec», espère Caroline Auger.   Pour Lukas Pendant l’heure qu’a duré l’entrevue, Lukas a regardé des livres, sage comme une image. «Je lui lis des histoires depuis qu’il est né. Chaque jour, en anglais et en français. Il regarde des livres au moins deux heures chaque jour», mentionne sa mère. «Je n’aurais pas pu demander un meilleur bébé. Il est parfait.» Elle voudrait tant rester avec lui, le voir et l’accompagner à toutes les étapes de la vie. Elle se rappelle du deuxième mot qu’il a prononcé. «Happy. C’est le nom de notre chien», dit-elle. Et quel est le premier mot qu’il a dit ? «Il a dit maman.»
[caption id="attachment_56857" align="alignleft" width="521"] Lukas avec ses parents Caroline et Jonathan Lanthier.[/caption]