Batterie au lithium : une entreprise de La Prairie développe un nouveau procédé

Ignis Lithium est convaincue d'avoir le bon procédé pour se lancer dans la fabrication de batterie au lithium à La Prairie. (Photo : Pixabay)
L’entreprise Ignis Lithium est convaincue d’avoir développé le procédé pour fabriquer une batterie au lithium plus rapidement et à moindre coût.
«C’est une technologie par phosphate de fer, a résumé Michel Gauthier, président de l’entreprise. On intègre les matériaux que sont l’acide de phosphate, le fer et le lithium dans nos procédés fondus.»
Il est le co-inventeur du procédé de synthèse à l’état fondu.
Récemment, l’entreprise, partenaire avec Rio Tinto Fer et Titane et Ariane Phosphate, a reçu une aide financière de 159 944$ du Programme de soutien à la recherche et développement pour l’Économie circulaire appliquée aux filières des minéraux critiques et stratégiques.
«La cathode gagnante se fabrique à partir du phosphate de fer; les Chinois l’ont démontré, est d’avis M. Gauthier. Ils réussissent à construire des véhicules qui coûtent environ 15 000$. L’avantage pour le Québec, c’est qu’on a des mines de lithium, de fer et de phosphate en plus de l’hydroélectricité qui est une énergie verte, ce que les Chinois n’ont pas.»
La Chine a supporté ses industries au courant d’une décennie. Seulement deux usines seraient encore en activité selon M. Gauthier, mais elles produiraient des produits de haute qualité.
Question de perception
Michel Gauthier croit fermement à la filière batterie. Au cours des 50 dernières années, il a œuvré chez Hydro-Québec, à l’Université de Montréal en plus d’avoir fondé Phostech Lithium.
La débâcle de Northvolt représente une occasion perdue à ses yeux.
«Les promoteurs avaient choisi l’acide de nickel pour leurs cathodes, ce qui, à mon avis, était une erreur, a-t-il fait remarquer. On fait la promotion du phosphate depuis 20 ans. Les Chinois ont eu du succès avec cette matière.»
L’objectif pour Ignis Lithium est de persévérer. Mais la volonté politique serait un levier extraordinaire pour élever la filière batterie au Québec.
Une première production a été réalisée à Saint-Bruno. Candiac réaliserait la seconde. Avec une capacité de 2000 tonnes par année.
«On a manqué le bateau de la première génération de phosphate de fer, poursuit M. Gauthier. L’usine n’avait pas évolué comme prévu. Chez Ignis Lithium, on fait du bon marketing. Depuis qu’on a le brevet, on a développé une nouvelle technologie à coût bas. On a de quoi être optimiste; on a tout pour réussir.»
Projet-pilote
Les laboratoires à l’Université de Montréal et à Hamilton offrent des opportunités de recherche.
Un projet-pilote de 50 kg est réalisé avec un échantillonnage auprès d’utilisateurs.
Ignis Lithium a beaucoup d’ambition.
«La technologie est démontrée, ajoute le président de l’entreprise. On n’a pas fait une découverte scientifique énorme. Rendu-là, c’est une question d’argent. Le gouvernement a investi beaucoup d’argent. Je ne sais pas s’il est prêt à investir à nouveau.»
Le projet-pilote pourrait s’étirer sur deux ans. Un autre 2 à 3 ans serait nécessaire pour construire une usine qui mènerait à une production.
«Faut que ce soit rapide; les Chinois sont déjà là, observe-t-il. Les États-Unis souhaitent suivre cette voie. Soit on abandonne, soit on utilise une formule pour tirer notre épingle du jeu.»