Opinion

Billet d'humeur : Sans complexes

le samedi 18 septembre 2021
Modifié à 0 h 00 min le 17 septembre 2021
Par Hélène Gingras

hgingras@gravitemedia.com

On ne se voit pas toujours comme certains. (Photo Depositphotos)

Vous arrive-t-il d’envier l’audace de quelqu’un?

Je n’ai jamais été l’élève qui répondait aux questions en classe. Qui levait sa main pour donner la bonne réponse. Même si je la savais, la plupart du temps.

Je laissais quelqu’un d’autre prendre la parole. Je me contentais d’écrire les bonnes réponses sur mes copies d’examen. D’avoir de bonnes notes. De présenter des travaux soignés.

Je me souviens d’une fois en deuxième secondaire, où j’ai levé la main pour donner la bonne réponse. Dans un cours de français. Au bout de longues minutes. Parce que personne ne la disait. Et que la professeure semblait découragée. Il fallait trouver l’expression dans un texte. Il était question de petits pains chauds. Je m’en rappelle encore aujourd’hui...

Pourquoi est-ce que je parlais rarement en classe? Je pense que c’est une question de gêne. Au fond. Mais aussi parce que je n’ai jamais ressenti la nécessité que tout le monde sache que je le savais. Je faisais ma petite affaire, c’est tout.

Avec le recul, je ne demande si mes années de silence en classe ont forgé mon écoute. Qui me sert aujourd’hui au travail.

N’empêche qu’il m’est arrivé d’envier secrètement les élèves qui n’avaient aucun complexe à prendre la parole. À converser constamment avec le prof. Même si ça m’irritait aussi à la fois. Parce que leurs propos étaient trop souvent futiles.

«Le jour où l’humanité sera libérée de ses complexe, quel ennui sur la terre!»

-Eugène Cloutier

Force m’est d’admettre que je souffre de complexes. Qui me freinent parfois dans l’action. Contrairement à certaines personnes que je connais. Que j’envie parfois. Je ne couperai jamais une file d’attente. Je n’attirerai pas l’attention sur moi en criant dans une foule. Je n’oserais pas d’emblée accoster une personnalité connue qui ne me connait pas. Entre autres.

Paradoxalement, j’ai parfois posé certains gestes dans le cadre de mon travail qui demandent du cran. Comme aller frapper à la porte de personnes qui n’ont aucune envie de parler à un journaliste. Au risque de me faire claquer la porte au nez. Qu’on me menace.

J’ai beaucoup moins de gêne au boulot. Comment l’expliquer? Ce n’est pas l’absence de complexe, mais le souci du travail bien fait qui guide mes actions dans ces moments. Qui me poussent à faire quelque chose que je ne ferais pas nécessairement si je n’en avais pas l’obligation.