Opinion

Billet d'humeur : Un pan de notre histoire

le vendredi 16 juillet 2021
Modifié à 0 h 00 min le 17 juillet 2021
Par Hélène Gingras

hgingras@gravitemedia.com

Capteur de rêve amérindien. (Photo: Depositphotos)

Faudra-t-il réécrire l’histoire du Canada? Ou à tout le moins y ajouter un nouveau chapitre plus détaillé?

À la lumière des découvertes des quelque 1500 dépouilles sur d’anciens pensionnats autochtones, je pense que nous n’aurons pas le choix.

Je lance d’ailleurs ici un appel à un professeur d’histoire. Prêt à me - à nous - rafraîchir la mémoire à propos des enseignements qu’on nous prodigue sur les bancs d’école sur l’assimilation des autochtones.

Je me rappelle qu’on ait abordé en classe leur conversion au catholicisme par les jésuites. Mais des sévices dans des pensionnats? Des exterminations? De la malnutrition? À moins que ça ait évolué depuis.

Je suis bouleversée. On parle ici d’enfants arrachés à leurs parents. Déracinés. À qui on a dit que leur identité et leur culture n’étaient pas correctes. Et on a tout fait pour les changer. Au nom de la religion. Sans la moindre humanité. Autrement, on n’aurait pas découvert aujourd’hui un tel carnage.

Est-ce que les découvertes de ces dépouilles marqueront un point tournant? Je l’espère.

«L’histoire est écrite par les vainqueurs.»

-Robert Brasillash

On n’a pas suffisamment parlé du Comité de vérité et réconciliation mis sur pied il y a plus de 15 ans par le gouvernent. Justement pour faire la lumière sur ces anciens pensionnats autochtones. Gérés par des catholiques, des baptistes et des anglicans. Entre autres.

Le comité a recueilli plus de 6 500 témoignages de pensionnaires ou de membres de leurs familles. Venus rapporter les sévices vécus. Un rapport contenant 94 actions en a découlé.

Le Québec a eu six pensionnats sur son territoire. Dont à Amos. À Sept-Îles. Et à La Tuque notamment.

J’ai honte parfois. Pour nos gestes du passé.

Il y a quelques jours, j’ai interviewé le curé de l’église Saint-Joachim à Châteauguay. À la suite de méfaits posés sur son église et divers symboles religieux. Dans la foulée de révélations sur les dépouilles. Essentiellement, des mains avaient été peintes avec de la gouache. Il m’a raconté avoir volontairement mis plusieurs jours avant que quelqu’un les nettoie. Pour que les citoyens puissent les voir. Que ça se jase. Mais aussi parce qu’il ne voulait pas s’en cacher.

L’heure est-elle à une véritable réconciliation? On réside à deux pas d’une réserve. Or, nous vivons en parallèle depuis la Crise amérindienne. Une crise qui a laissé une faille immense.

Nous ne sommes pas blancs comme neige. Si nous avons des raisons de se sentir parfois opprimés, reconnaissons aussi quand nous devenons l’oppresseur.