Opinion

Billet d'humeur : Changer de perspective

le samedi 28 janvier 2023
Modifié à 9 h 39 min le 23 janvier 2023
Par Hélène Gingras

hgingras@gravitemedia.com

On voit le monde de notre point de vue. (Photo : Depositphotos)

Êtes-vous capable de changer de perspective facilement?

Au plus fort de la pandémie, j’avais pris l’habitude d’aller marcher pour m’aérer l’esprit après mes longues journées de travail derrière l’ordinateur. Il m’a fallu quelques sorties seulement pour développer des habitudes. La plupart du temps, je faisais le même trajet d’une heure. J’empruntais les mêmes trottoirs, les mêmes rues.

Certes, ça me permettait de me challenger, à savoir si je pouvais faire le parcours en moins de temps certains soirs. Mais j’éprouvais parfois une certaine lassitude à repasser encore et toujours sur le même chemin. Malgré tout, je devais presque me faire violence pour partir vers la gauche plutôt que la droite en sortant du stationnement. Les fois où je le faisais, je revenais insatisfaite de ma marche. Comme si je n’avais pas trouvé mes repères.

Pourtant, à moto, j’aime bien revenir sur mon chemin parfois. Parce que le paysage apparaît complètement sous un nouveau jour. Les courbes, les maisons, les arbres se révèlent complètement autrement.

C’est avec cette idée en tête que, l’autre dimanche, j’ai voulu faire différemment en allant faire une marche en montagne que j’apprécie. Selon les endroits, je suis soit en pleine forêt, j’ai vue sur un lac ou une chaîne de montagnes. C’est tellement beau que je m’étonne pratiquement chaque fois.

J’aurais dû emprunter mon trajet habituel parce que je suis revenue déçue, voire insatisfaite, de ma marche. J’ai eu l’impression de chercher mon chemin parfois, surtout au début. Puis, de faire constamment dos au paysage qui m’offre généralement des vues spectaculaires.

«Changer ne prend qu’un instant. C’est la résistance au changement qui prend toute une vie.»

-Proverbe hébreux

J’essaie de relativiser. J’ai sans doute vu de belles choses malgré tout, mais je n’ai sans doute pas su les apprécier à leur juste valeur parce que je cherchais trop à retrouver les paysages qui me réjouissent habituellement. Mes repères me manquaient.

J’imagine qu’il en est ainsi aussi dans la vie; que l’humain voit toujours ou très souvent les choses de la même manière et qu’il lui est difficile de changer de perspective. Notre cerveau est ainsi fait.

Il faut généralement le regard ou le point de vue de quelqu’un d’autre pour modifier notre prisme de vision. Il n’est pas non plus inné de se mettre dans la position de l’autre. C’est souvent même confrontant.