Culture

Une Candiacoise perpétue un art presque disparu

le lundi 23 avril 2018
Modifié à 13 h 53 min le 23 avril 2018
Par Audrey Leduc-Brodeur

aleduc-brodeur@gravitemedia.com

Lorsque son père importait de la porcelaine pour son commerce au Maroc dans les années 50, Sol Labos Brien n’accordait que très peu d’attention à ce matériau rare. En 2000, la résidente de Candiac a été séduite par des pièces de la collection de son défunt père et a décidé de perpétuer l’art de la peinture sur porcelaine.  Intéressée à apprendre les bases, Mme Brien a cherché pendant un an avant de trouver un professeur au Québec capable d’enseigner cette forme d’art. «Il y a environ 150 peintres sur porcelaine au Canada, alors qu’il y a en des milliers en Europe et en Chine, mentionne-t-elle. C’est un art inconnu, et pourtant magnifique. On l’appelle l’or blanc.» La peintre affirme qu’il s’agit d’une des pratiques artistiques les plus difficiles, puisqu’il y a peu de place à l’erreur. Une fois cuite, la porcelaine garde dans son émail les couleurs et les traits dessinés par l’artiste. «À moins de briser la porcelaine, l’objet sera tel quel éternellement», explique Mme Brien. La préparation de la peinture est une étape tout aussi cruciale que la cuisson. «On mélange les pigments de couleur en poudre avec une essence, comme la lavande ou le clou de girofle, explique Mme Brien. Ça permet de garder la peinture humide pour mieux travailler. Il y a des odeurs dans un atelier de peintre sur porcelaine qu’on ne retrouve dans aucun autre atelier.» «On fait le croquis sur la porcelaine avec une plume, puis on la met dans un four à céramique à 1400 degrés Fahrenheit pendant trois heures et la laisse reposer pendant six heures, poursuit-elle. On met la couleur sur la porcelaine et on refait le même processus de cuisson.» Selon la difficulté des dessins peints, un objet de porcelaine peut demander des jours, des semaines ou des mois de travail, souligne-t-elle. Une de ses œuvres, constituée d’une douzaine de personnages, lui a pris un an de travail. «Il faut savoir faire les étapes comme il faut, sinon il y aura des erreurs», dit-elle. Propriétaire d’une collection d’œuvres sur porcelaine provenant de l’atelier français Le Tallec, Mme Brien tient à partager son amour de l’art. Depuis 10 ans, elle l’enseigne en cours particuliers et s’implique dans plusieurs associations de peintres sur porcelaine. «Mes élèves réalisent des œuvres qu’ils ne pensaient pas pouvoir faire», affirme-t-elle. Exposition à la Maison Melançon Quelques-unes de ses créations sont exposées à la Maison Melançon à Candiac jusqu’au 3 juin. Chaque dimanche après-midi, l’artiste fait une démonstration aux visiteurs. Ces derniers peuvent admirer des portraits ainsi que des scènes inspirées de la culture orientaliste, les sujets de prédilection de Mme Brien. Une œuvre pour la Reine d’Angleterre En 2017, Sol Labos Brien a été invitée par la Fondation Vimy à confectionner un cache-pot en porcelaine pour les chênes du Parc centenaire de Vimy en France, afin de souligner le centenaire de la Première Guerre mondiale. Son œuvre a été remise à la Reine Elisabeth d’Angleterre. Buckingham Palace lui a fait parvenir un mot de remerciement, dit-elle avec fierté. [caption id="attachment_40364" align="alignnone" width="521"] Peindre une œuvre sur porcelaine peut prendre de deux jours à un an, selon Sol Labos Brien.[/caption]