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Commémoration d’un naufrage qui a emporté une trentaine de paroissiens de Saint-Constant

le jeudi 13 juin 2019
Modifié à 7 h 11 min le 14 juin 2019
Par David Penven

dpenven@gravitemedia.com

Le Québec a été marqué par des tragédies maritimes. Il y a eu l’Empress of Ireland en 1914 qui a fait 1 012 victimes, un événement qui est relativement bien connu. Il en est autrement pour la disparition de 42 personnes en 1819, provenant majoritairement de la Paroisse Saint-Constant. Un oubli que la Société d'histoire et de patrimoine de Lignery (SHPL) veut corriger. «Nous allons procéder au dévoilement d’une plaque commémorative, le 14 juillet», indique le président de l’organisme Yves Bellefleur. Celle-ci sera installée au Calvaire des habitants, un monument adossé au cimetière de la Paroisse Saint-Constant près des Anciens presbytères.  
«Les gens ont jeté par-dessus bord les poches de grains afin d’alléger et stabiliser l’embarcation, mais celle-ci a tout de même chaviré.» -Yves Bellefleur, président de la Société d'histoire et de patrimoine de Lignery
  «Il s’agit d’un repère visuel qui exprime les durs labeurs, les souffrances et les épreuves des habitants à défricher ce coin de pays. Le but est d'enrichir le sentiment d'appartenance des contemporains et des générations à venir à notre communauté», souligne le principal intéressé. C’est la Société d’histoire qui assume les frais de la plaque, en collaboration avec la paroisse et la Ville de Saint-Constant.   Traversée du Saint-Laurent Le drame s’est produit le 14 mai sur les eaux du Saint-Laurent. À l’époque, les cultivateurs de la Paroisse Saint-Constant et des alentours allaient vendre leurs produits au marché de Montréal ou encore y acheter des semences. C’était le cas le jour de la tragédie. À défaut d’emprunter le pont Victoria qui n’existait pas, ces derniers se déplaçaient à bord d’une grosse barque. «On ne sait pas quel type d’embarcation c’était au juste. Certains mentionnent une barque à rames, d’autres affirment qu’elle était munie d’une voile. C’est au retour que la tragédie s’est produite dans le bassin de La Prairie près de l’île aux Hérons», explique Yves Bellefleur. Cinquante-cinq personnes, hommes et femmes, prenaient place à bord alors qu’un violent vent du sud a provoqué une forte houle sur le fleuve. Dix passagers, faisant sans doute preuve de clairvoyance, avait demandé à être débarqués en face de l’île Saint-Paul, l’actuelle l’Île des Sœurs. «Le navire était probablement surchargé en raison des grains achetés à Montréal. Le vent a provoqué des roulis à la barque et celle-ci a chaviré. Sur les 45 personnes à bord, seulement trois ont survécu», raconte poursuit-il. «Tous se noyèrent à l’exception de trois, deux hommes et une femme qui réussirent à monter sur le pont du bateau et qui furent trouvés dessus vers 9 heures (du soir), vis-à-vis de la ville où le bateau avait dérivé», a rapporté la Gazette du 19 mai 1819. Parmi les 39 noyés retrouvés dans le fleuve Saint-Laurent entre La Prairie et Verchères, 30 provenaient de Saint-Constant, 6 de Saint-Philippe, 2 de Châteauguay, et 1 de La Prairie.   Événement marquant Yves Bellefleur souligne que cette tragédie était l’un des événements les plus marquants pour l’époque. «La Paroisse Saint-Constant comptait 4 650 habitants en 1819, mentionne le président de la SHPL. Si on établit un ratio du nombre décès à cette époque avec le nombre actuel de personnes qui résident à Saint-Constant, cela équivaudrait à 189 disparus. Des pères, des mères accompagnés de leurs enfants ont péril.»