Réduire ses déchets, mais comment ?

En 2021, au Québec, près de 2 millions de tonnes de déchets d'origine municipale ont été produits. (Photo: Gravité Média ‒ Michel Hersir)
Réduire les déchets à la source, voilà ce que prêchent plusieurs intervenants dans le milieu de la gestion des matières résiduelles. Mais par où commencer? Le citoyen moyen qui aimerait réduire ses déchets, comment fait-il? On a posé la question à Sophie Belval, coordonnatrice de programmes chez Nature Action, pour nous donner des pistes.
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D’entrée de jeu, Sophie Belval souligne l’importance de ne pas trop se mettre de pression sur les épaules. «C’est dur de changer d’habitudes, que ce soit pour faire un régime ou apprendre une nouvelle langue», reconnait-elle.
Poser des gestes pour réduire ses déchets n’est donc pas différent. «Quand on y va graduellement, ça se fait bien. On va se dire : "ah, j’ai fait une petite action, j’ai vu que ça fonctionnait, je me rends compte que ce n’est pas si compliqué, alors je suis motivé d’en faire une 2e, une 3e», ajoute-t-elle.
«Il y a assez de responsabilités dans le monde, on n’est pas obligé de tout prendre sur ses épaules.»
– Sophie Belval, sur les gestes que les citoyens peuvent réaliser en environnement
Technique BISOU
Les actions sont nombreuses, mais avant même de penser à des gestes plus importants comme acheter sa nourriture en vrac ou acheter ses vêtements en seconde main, Mme Belval suggère simplement de prendre conscience des déchets qu’on produit.
«Souvent, on ne se rend pas compte que chaque chose que l’on consomme va créer un déchet, que ce soit à l’achat, à l’utilisation ou à la séparation à la fin», explique-t-elle.
Pour y arriver, elle propose la technique BISOU, en cinq questions, avant de faire un achat :
B pour Besoin – Est-ce réellement un besoin ou suis-je influencé par la publicité, la mode ou autre tendance? I pour Immédiat – Est-ce besoin immédiat? Est-ce que je peux attendre une ou deux semaines? Et peut-être que deux semaines plus tard, je me rendrai compte que je n’en ai pas vraiment besoin. S pour Semblable – En particulier pour les vêtements. Ai-je quelque chose de semblable chez moi? O pour Origine – D’ou vient le produit? Plus il vient de loin, plus il y a de chance que le temps qu’il arrive ici, il produise des déchets sur la route. U pour Utilité – Est-ce que, vraiment, ça va m’être utile? |
«Ça résume bien cette prise de conscience de mieux consommer. Ce ne sera peut-être pas tous les jours, à chaque action qu’on va penser à ça, mais ça aide à prendre plus conscience», résume Mme Belval.
Donner l’exemple
Elle rejette également le jugement des autres. «Je montrerais l’exemple avant d’essayer de convaincre un proche», estime la coordonnatrice.
«Un truc tout bête, quand on a un proche qui fume et jette son mégot par terre. Au lieu de répéter : ce n’est pas bon de mettre ton mégot par terre, tu le ramasses à sa place et le jettes au bon endroit. Ça donne une image de ce qu’il faut faire et ça montre que ce n’est pas plus compliqué que ça», donne-t-elle en exemple.
Mme Belval souligne un cas similaire avec une voisine qui avait arrêté d’utiliser le bac brun à cause de problèmes avec les ratons laveurs. «Je lui ai dit : regarde, moi j’y arrive! Et c’est de discuter, de donner des astuces, plutôt que de partir dans le jugement.»
Regarder dans le frigo
Parmi les choses le plus souvent jetées qui ne devraient pas l’être, elle évoque la nourriture.
«Souvent, ça vient du fait qu’on ne planifie pas assez nos repas, ce qui fait qu’on oublie le pot de sauce dans le frigo. On ne pense pas à regarder dans le frigo avant de faire l’épicerie alors on achète de nouvelles choses au lieu d’utiliser ce qu’on a», souligne Mme Belval.
Celle-ci note aussi qu’il est possible de réduire ses déchets d’emballage sans acheter en vrac ou faire ses conserves. «Au lieu d’acheter des barres tendres emballées individuellement pour ma collation, je me fais une petite boîte réutilisable avec deux carrés de chocolat, des noix, deux biscuits qui proviennent d’un plus gros paquet», suggère-t-elle.
Quant au geste le plus facile à mettre en place, elle cite l’un des plus anciens : bien trier! «Pour beaucoup de gens, quand ils font bien leur tri, ils se retrouvent à pouvoir sortir leur poubelle aux 2 ou 3 semaines facilement».