Québec recule sur son objectif 100 % électrique en 2035

Le gouvernement du Québec via son ministre de l'environnement Bernard Drainville vient d’annoncer une révision majeure de son système de crédits pour les véhicules zéro émission (VZE). Alors qu’il visait initialement 100 % de ventes de VZE en 2035, l’objectif a été ramené à 90 %. Cette décision reflète un constat : même avec une réglementation assouplie, la marche vers 2035 sera extrêmement ardue.
Les hybrides désormais inclus dans le calcul des crédits
La principale nouveauté : le système de crédits inclura désormais les véhicules hybrides conventionnels (non branchables). Entre 2025 et 2027 chaque hybride vendu rapportera 0,25 crédit à son constructeur, peu importe sa consommation réelle d’essence. À partir de 2028 ces hybrides ne donneront plus aucun crédit. Les hybrides rechargeables (PHEV) sont aussi reclassés. Les modèles avec une autonomie électrique de moins de 80 km donneront 0,5 crédit et ceux avec une autonomie électrique de plus de 80 km donneront 0,75 crédit. Les 100 % électriques à batterie (BEV) conservent leur pleine valeur : 1 crédit par vente.
Comme auparavant, les crédits pourront être échangés entre constructeurs : ceux qui dépassent leurs cibles pourront vendre leurs surplus, tandis que les retardataires devront mettre la main au portefeuille.
Un objectif qui demeure ambitieux
Même avec ces ajustements, plusieurs obstacles demeurent :
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Offre insuffisante de VÉ : les constructeurs peinent déjà à livrer assez de modèles électriques en raison de contraintes de production et de batteries.
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Prix élevés : malgré les subventions, les VÉ demeurent chers pour une grande partie des consommateurs.
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Infrastructures incomplètes : le réseau de bornes de recharge au Québec s’améliore, mais reste loin de la capacité requise pour soutenir une adoption massive.
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Marché canadien et mondial en ralentissement : les ventes de VÉ progressent moins vite que prévu, autant en Amérique du Nord qu’en Europe, forçant même certains constructeurs à réviser leurs plans.
En clair : le gouvernement envoie un signal de flexibilité avec ce système de crédits élargi, mais la réalité économique et industrielle risque de freiner fortement l’atteinte de 90 % de ventes de VZE d’ici 2035.
Une révision attendue et discutée depuis janvier
Cette refonte n’arrive pas de nulle part. En janvier 2025, l’ex-ministre de l’Environnement Benoit Charette avait annoncé une révision pour début 2026. Le 3 juillet dernier, une consultation ciblée avec les constructeurs et concessionnaires a confirmé l’intention d’assouplir les règles.
À ce moment-là, le gouvernement avait même envisagé d’accorder 1 crédit complet aux PHEV dotés de plus de 80 km d’autonomie. La version actuelle reste plus restrictive, mais elle reflète une volonté de compromis avec l’industrie.
Une transition toujours à hauts risques
Le Québec demeure l’une des juridictions les plus ambitieuses en Amérique du Nord pour l’électrification des transports. Mais l’ajout des hybrides dans l’équation est vu par certains comme un aveu de réalisme : l’industrie n’arrivera pas à produire ni à vendre uniquement des VÉ à temps. En revanche, cette flexibilité pourrait ralentir l’adoption des modèles 100 % électriques si les constructeurs privilégient les hybrides pour accumuler des crédits plus facilement.
Malgré l’assouplissement, le chemin vers 2035 reste semé d’embûches. La cible des 90 % de VZE ressemble davantage à un compromis politique qu’à une garantie réaliste.
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