Élections provinciales 2022
Culture

VIDÉO - Cri du cœur face au sous-financement de la culture en Montérégie

le mardi 20 septembre 2022
Modifié à 14 h 39 min le 20 septembre 2022
Par Ali Dostie

adostie@gravitemedia.com

Des dizaines d’artistes et travailleurs du milieu culturel se sont réunis pour réclamer un meilleur financement en Montérégie (Photos: Le Courrier du Sud – Ali Dostie)

En cette campagne électorale, le milieu culturel de la Montérégie demande «une écoute» et une correction de l’«iniquité» dont est victime la région, qui figure au dernier rang en matière de financement culturel par habitant au Québec. 

«On demande une réelle volonté politique de reconnaître la Montérégie comme une région à part entière et ne pas présumer que les artistes n’ont qu’à enjamber le fleuve [pour travailler et se produire]. La Montérégie, c’est aussi Sorel. On veut travailler et diffuser chez nous!» a clamé Sylvain Massé, président du comité de direction de la Montérégie, au rassemblement réunissant des dizaines d’artistes et artisans du milieu au carré Isidore-Hurteau, mardi à Longueuil.

S’appuyant sur une étude réalisée par KPMG en 2019, le comédien a «jasé chiffres» : avec ses 1,5 million d’habitants, la Montérégie représente 20% de la population québécoise. Pourtant, le financement culturel chiffre à 24$/habitant, bien loin derrière la moyenne nationale de 203$/habitant. 

Le manque à gagner annuel est de 268 M$/an.

Sylvain Massé

En Montérégie, la culture génère pourtant annuellement 427M$/an. «Imaginez si on était soutenu adéquatement», a relevé M. Massé.

«On n’a pas perdu confiance, mais on a perdu patience, un peu, beaucoup.»

-Sylvain Massé, comédien et président du comité de direction de Culture Montérégie

Celui qui s’investit en politique culturelle depuis 20 ans a d’ailleurs souligné les appuis financiers accordés au milieu durant la pandémie, alors que la COVID a permis de constater l’importance de la culture. Il a qualifié celle-ci comme «une saine habitude de vie».

Manque de lieux de création

L’artiste plasticien Stanley Février, dont le travail a récemment fait l’objet d’expositions, entre autres aux Musées des beaux-arts de Montréal et de Québec, a jeté les projecteurs sur le manque de lieu de création en Montérégie.

«Il reste que je n’ai pas d’atelier à Longueuil, illustre celui qui habite la ville depuis 33 ans. Je pense même laisser la Montérégie, car il n’y a pas de lieux qui répondent à ma création artistique.»

Stanley Février 

Stanley Février relevait que 71% des artistes en Montérégie quitte, «faute de trouver des espaces de création». Une réalité qui affecte au passage l’offre au public.

Inspirer la relève

Émile Bilodeau

L’auteur-compositeur interprète Émile Bilodeau y est allé d’un plaidoyer sur un financement de la culture afin de soutenir la relève.

Évoquant entre autres le mauvais état du Théâtre de la Ville, il a déploré que «ça ne donne pas envie aux jeunes à se risquer à faire ce métier et c’est extrêmement dommage».

Il a décoché des flèches contre les projets de loi 96 et 21, des «lois bâtons» à l’égard des nouveaux québécois et des «femmes qui portent un morceau de tissus de plus que nous».

 

 

«Il faut investir dans la culture, a-t-il soutenu, et pour assurer la parité, le métissage, la relève, il faut qu’on ait un modèle culturel qui se peut et qui donne envie.»

Émile Bilodeau a présenté le scrutin du 3 octobre comme une élection importante. «Il y a des partis qui présentent des idées ben plus intéressantes que d’autres pour la culture», a-t-il lancé, sans nommer de formation politique. 


« On est extrêmement nerveux »

Les mesures sanitaires ont beau avoir disparu du quotidien, «la pandémie n’est pas terminée» pour les arts de la scène, a évoqué le directeur général de l’Orchestre symphonique de Longueuil Jean-Marc Léveillé, en marge de l’événement.

«La reprise est loin d’être gagnée, a-t-il témoigné. Les risques sont extrêmement élevés. Un concert, c’est très cher, mais on ne sait jamais combien de spectateurs viendront. Notre marge de manœuvre est très mince.»
S’il admet que l’OSDL «s’en sort pas trop mal» pour attirer le public à ses concerts, il admet être «extrêmement nerveux». 

La pénurie de main-d’œuvre, bien qu’elle épargne les musiciens, affecte néanmoins tout ce qui entoure la préparation de la programmation, comme la production et la publicité.

Comme gestionnaire d’un organisme culturel, Jean-Marc Léveillé demande aux paliers de gouvernement une vision à long terme qui répondrait à un besoin de prévisibilité.